soldats. Nous verrons quelle tournure pren–
dra ce procès, car les beys.turcs de Thoglé
travaillent d'accord avec les paysans a r mé –
niens.
Chaque village arménien est plus ou moins
soumis au même sort que le village de
Tahem, avec ses Hadji Bé g h o grands ou
petits. Or, quand le pain manque, quand les
vexations n'ont pas de bornes, et quand le
gouvernement an lieu d'assurer la sécurité,
pille lui aussi de son côté, que i'aut-il l'aire
alors ; i l faut maudire cette terré et s'en
éloigner, n'est-ce pas ; mais voilà, toutes les
frontières sont des remparts infranchissables
et i l est défendu de passer à l ' é t r a n g e r ; à
qui s'adresser, où aller...
Nouvelles d'Orient
A N N I V E R S A I R E IMPÉRIAL.
Le 17 novem–
bre, l'anniversaire de la naissance du
Sultan a été fêté selon le c é r émo n i a l a c cou –
t u m é ; ses sujets ont ma n i f e s t é « une joie
extraordinaire » et tous les souverains ont
e n v o y é à l'assassin des t é l é g r a mm e s de
félicitations. Les j ou r n a ux et les agences
fidèles annoncent m ê m e q u ' Ab d - u l - H am i d
a d é c l a r é aux chefs des nations non m u –
sulmanes, q u ' i l ne faisait aucune différence
entre « musulmans et c h r é t i e n s » et que
ces paroles ont produit « une vive impres–
sion ». Un e impression de slupeur sans
doute : l'exarque bulgare avait e n v o y é au
m i n i s t è r e des cultes, fout r é c e mm e n t un
t a k r i r o ù il se plaignait des violations
d'Eglises commises par les serviteurs de sa
Majesté à P r e l z n i l z a et à D o b n e n é (Yilayet
de Mon a s t i r ) ; et le patriarche A r mé n i e n ;
dupé' par son i mp é r i a l ma î t r e , aurait pu
l u i demander compte des tueries les plus
f r a î c h e s .
No u s adressons à la Bê t e Boug e , nos
v œ u x a c c o u t u m é s .
E N MA C É D O I N E .
Ta nd i s que les j o u r –
naux hamidiens d ' Eu r ope , c é l è b r e n t la
c l éme n c e du Su l l a n qu i a o r d o n n é à ses
troupes, p a r i r a d é . d e r é p r i n i e r a v e c la plus
grande douceur l'insurrection m a c é d o –
nienne, toutes les nouvelles qu i parvien–
nent du pays m ê m e , confirment que les
a t r o c i t é s ordinaires sonl d é p a s s é e s en ce
moment. L e
Mouvement Macédonien
outre
une liste nominative des villages i n c e n d i é s
et pillés et des personnes a s s a s s i n é e s et
e mp r i s o n n é e s depuis a v r i l j u s q u ' à octobre
publie de nombreuses correspondances
des provinces. E n voici quelques extraits :
V I L A Y E T DE S A L ON I QU E . —
Djoumaïu,
le
2
novembre.
Je vous ai écrit la dernière
fois à propos des batailles qui furent livrées
à Troscovo et à Strarochevo et du pillage et
l'incendie des villages Virtcha, Stamer, S i -
mitli, Kroupnik, Moehanetz, etc. Aujourd'hui
j'ai à vous mentionner une nouvelle bataille
livrée près du village
Lechko.
Après la bataille de Troscovo, une bande
révolutionnaire d'une cinquantaine de per–
sonnes, poursuivie par les troupes turques,
arrivait près du village Lechko, en passant
par Bélo-Polé. Là elle s'installa dans la forêt
qui domine ce village. Mais les troupes ne.
tardèrent pas à la cerner et une bataille
c omme n ç a , dont le résultat — l'anéantisse-:
ment de la bande — était facile à prévoir.
Alors quelques habitants du village formèrent
à la hâte une seconde bande el, sous le
commandement de leur chef o c c u p è r e n t
l'endroit Kambinska-Tchouka. De nouvelles
troupes a r r i v è r e n t de Pianetz et a t t a q u è r e n t
les villageois. Ceux-ci cédèrent petit à petit
le terrain aux troupes. La bande révolution-"
naire faisant la même ma nœu v r e , les c h r é –
tiens se retirèrent et les troupes prirent leur
place. Ils c omme n c è r e n t à s'entre-tuer et,
jusqu'à ce ((ne la méprise l'ut comprise, une
centaine de soldat fuient tués. Pour se ven–
ger de ce coup l i s Turcs se j e t è r e n t sur le
village Lechko. le pillèrent et en incen–
dièrent ileux quartiers, après quoi ils pillè–
rent, les antres villages voisins.
Près du \filage
Bislritza
ont été é g a l eme n t
livrés deux combats entre l i s bandes révo–
lutionnaires et les r é g ime n t s turcs. Les
bandes ont su se retirer sans subir de pertes.
Les troupes allèrent alors à Bislritza et
firent de nombreuses perquisitions suivies
de pillage. Chez Stoïmène Metchkarofï", ayant
saisi deux paires de chaussures, le malheu–
reux paysan fut accusé d'être un révolution–
naire dangereux et on le soumit à la torture,
après quoi i l fut jeté en prison.
Chez Velitchto Stoïmenoff, celui-ci ayant
q u i t t é , le village, les soldats violèrent sa
femme Magda, et l'amenèrent devant le
commandant qui lui enjoignit de faire venir
son mari si elle ne veut pas être mise en
pièces. Elle a réussi à s'échapper des mains
des bourreaux pour se réfugier dans la forêt.
Deux garçon* du village
Ossienovo,
âgés
de dix à douze ans, ont été enlevés par des
soldats et ame n é s à Djoumaïa. Les parents,
ne voulant pa* laisser leurs enfants entre
les mains des soldats, les a c c omp a g n è r e n t
jusqu'à notre ville malgré les coups de crosses
de fusils que les soldats s'amusaient à leur
distribuer. Les Turcs cherchent à convertir
les jeunes otages.
Gheorghi YVantchoff et Vela Kitanoff,
rencontrés par un eorp de poursuite près de
Brésovo,
ont été fusillés. Leurs cadavres
mutilés horriblement rie sont pas encore
ramassés.
Le 24 octobre, un bataillon d'infanterie,
en passant par le village Bislritza, pilla tout
ce qu'il y trouva comme vêtements, linge,
cuivre, fromage, beurre, bestiaux, etc.. etc.
Une dizaine de villageois y furent aussi
emp r i s o n n é s .
Le s e p t u a g é n a i r e Nicolas Angheloff et
sa femme Daiina ont été soumis à une tor–
ture affreuse pour faire des aveux.
Dans le village
Gradepo,
les bachibou-
zoucks et les soldais ont massacré quinze
personnes. Plusieurs femmes ont été aussi
violées et toutes les maisons pillées.
Anghel Ilieff et Th é o d o r e Vakandjarsky,
du village
Sijrbinova,
ont été mis en pièces
par les soldats, de même que trois enfants
en bas â g e . Une femme enceinte à eu les
seins déchirés et les mâ c h o i r e s brisées. Plu–
sieurs femmes ont été violées. En outre, de
nombreuses a m stations ont été opérées.
Parmi les arrêtés se trouvent Nicolas T z r y n -
gheloff, Diédo Davko, Nicolas KhatcholT et
Petré Kostourkoff.
Des corps de poursuite visitent les
vidages, pillent les maisons et emprisonnent
les notables qui sont soumis à des traite–
ment affreux. Dans la ville même les horreurs
ne sont pas plus rares. 11 y a deux jours
furent b â t o n n é s les citadins Constantin G u -
reff, Stoïl Kurktchiata etNicoloff. Ce dernier
l'ut tellement maltraité qu'il a perdu la rai–
son.
Six femmes ont été enlevées de leurs
maisons par des soldats et conduites à la
caserne où pendant huit heures elles durent
satisfaire aux désirs de tous les soldats.
Elles furent si cruellement brutalisées que
trois d'entre elles expirèrent. Leurs cadavres
oui été jetés dans la rivière.
Les magasins sont fermés à la suite du
pillage de quelques-uns d'entre eux par les
soldats el les bachibozouks.
Guevgheli, le 8 novembre.
Des corps de
poursuite parcourent notre arrondissement
et commettent des horreurs inouïes dans les
villages chrétiens. Les malheureux paysans
sont torturés ou emp r i s o n n é s sous prétexte
qu'ils recèlent des armes ou qu'ils servent
de guides, aux bandes r é v o l u t i o n n a i r e s ; les
femmes et les jeunes g a r ç o n s sont quoti–
diennement exposés à subir les brutalités
des soldats.
A
Stoïakovo,
Bogorodilza, Davidovo, Mut-
choukovo,
plusieurs maisons ont, élé pillées
et, la plupart des notables torturés. Les
arrestations arbitraires sont nombreuses.
Chaque jour nous voyons arriver des pavsans
enchaînés qui sont écroués dans les [irisons
de notre ville.
A Guevgheli même fut arrêté il y a une
semaine le notable Mirtché Dimitroff et Naké
Kafedjilcheto. Le sous-préfet de notre ville
les n inculpés de crime contre l'Etat, sur
une dénonciation c omma n d é e par lui à son
cuisinier et an cousin de celui-ci
Les villages
Touchi
et
Izvorsko,
qui
étaient avertis qu'un corps de poursuite était
chargé d'y aller o p é r e r des perquisitions et
des arrestations, résolurent de résister aux
Turcs. Ils ont formé déjà une dizaine de
bandes et occupent la montagne Yzvorska,
attendant l'attaque des forces turques. Jus–
qu'à p r é s e n t l'autorité s'est b o r n é e à < nvoyer
des troupes qui ont cerné les insurgés, mais
aucun combat n'a été livré. Il est probable
que le gouvernement évitera d'attaquer les
i n s u r g é s .
Melnik, le 4 novembre.
Des atrocités
nouvelles viennent d'être commises dans
nolie arrondissement par les troupes effré–
nées. Après les combats h é r o ï q u e s livrés pâl–
ies bandes révolutionnaires près du village
Kreana,
les soldats et, les bachibozouks se
rendirent dans ce village et s'y livrèrent à
Fonds A.R.A.M