T R O I S I ÈME A N N É E .
—
N° 50.
L e N u m é r o : F r anc e ,
40
cent. — E t r a ng e r :
50
cent.
25
N O V E M B R E 1902.
Pro Armenia
R é d a c t e u r en Chef :
Pierre QUI LLARD
Adresser tout
ce qui concerne la Direction
à M. Pierre QU I L LARD
Î O , R u e N o l l e t , F a r i s .
A B O N N E M E N T S !
France
®
Etranger
Î O
Paraissant
le io et le 25 de chaque mois
COMITÉ U E RÉDACTION :
G. Clemenceau, Anatole France, Jean Jaurès
Francis de Pressensé, E. de Roberty
S e c r é t a i r e de r é d a c t i o n :
Jean L O N G U E T
ADMINISTRATION :
Rue Monsieur-le Prince, 10
P A R I S (6=)
Le samedi, de 11 heures à midi.
A B O N N E M E N T S :
France
S »
Etranger
Î O »
I*I*<
> ARMENIA
est en vente:
A l
'
Administration,
10,
r. Monsieur-le-Prince;
Chez
Brasseur,
Galeries de l'Odéon;
—
Boulinier,
19,
boulevard Saint-Michel ;
S O M M A I R E
:
La Quinzaine (PIERRE Q U I L L A R D ) .
—
P r o Armenia
(
FRANCIS DE PRESSENSÉ), d'après
YAurore.
—
Deux
articles d u
Figaro.
—
Les É m i g r é s d u Caucase. —
Lettre de Kharpout. — Nouvelles d'Orient : Anniver–
saire impérial ; E n Macédoine ; Condamnation ;
Décorations (P. Q.). — Les Souffrances du Peuple
arménien et le Devoir de l'Europe (EDOUARD B E R N –
STEIN, député au Reichstag allemand).
LA QUINZAINE
ANN I V E R S A I R E
L e 17 Novembre, pour lèter l'anni–
versaire du j ou r né f a s t e entre tous où
naquit Ab d - u l - Ham i d , l'administration
de la Dette Pub l i que a i n a u g u r é à
Stamboul un nouveau ma r c h é au pois–
son: un lot, « c omp o s é de bars magn i –
fiques et de superbes rougets », a é t é
acquis par le Conseil de la Dette et
e n v o y é en hommage au Pa l a i s ; de
l'autre c ô t é du Bosphore, à Ha ï d a r -
Pa cha , l a Soc i é t é des Chemins de fer
d'Anatolie inaugurait en même temps
un monument c ommémo r a t i f à la gloire
du Pad i s chah et, sur le marbre souillé,
on lira d é s o rma i s :
Celle colonne a été érigée
par la Compagnie du chemin de fer
d'Anatolie
en commémoration du 25" anniversaire de
l'avènement au trône de
S. M. I. le Sultan El Ghazi
Abd-ul-Hamid Khan II
A l a
Société Nouvelle de Librairie,
IV, rue Cujas;
Au
Kiosque 23,
boulevard des Italiens;
—
117,
boulevard des Capucines;
—
27,
boulevard Montmartre;
Ma i s n i les flagorneries des finan–
ciers français, .allemands et autres,
r é c on c i l i é s dans une m ê m e admiration
pour le souverain, dispensateur de con –
cessions fructueuses; ni les félicitations
officielles de ses fonctionnaires musu l –
mans ou c h r é t i e n s , luttant de servilité
et de bassesse; n i les t é l é g r amme s de
souhaits a d r e s s é s par les souverains
et les p r é s i d e n t s de R é p u b l i q u e ; ni le
soir, la merveilleuse féerie du Bosphore
i l l umi né , n'auraient suffi à éveiller quel–
que joie dans l ' âme d éme n t e et féroce
de l a Bê t e .
Il n'est pas pour Ab d - u l - Ham i d de
vraie fête, s'il ne peut s ' é g a y e r à la nou–
velle de quelques tueries. I l a été servi
à plaisir. On tue fort congrument en
Ma c é d o i n e et, dans sa c h è r e A rmé n i e ,
on tue ma l g r é l'hiver.
Bars en armures d'argent, pourpre
fanée des
Barbounias,
lettres d'or
g r a v é e s dans le Carrare, qu'importe au
Fo u sanglant? Ai l l e u r s , des courtisans
plus i ng é n i e ux connaissent mieux le
secret de plaire au Ma î t r e . En trois
jours, le Ku r de Saïd A l i , avec une
bande bien a rmé e , a mis à sac les v i l –
lages de Tchaschman, Kodens , Hi n t -
zorad, An a b a d , Schagony , Sefkar,
An i nd s c h i k , Hachutzet S i g h , e mm e n é
1,078
fêtes de bétail, dél mi t les r é s e r v e s
de nourriture. C'est là un travail v r a i –
ment mé r i t o i r e et a g r é a b l e au reclus
d ' Y l d i z .
Nous aussi nous avons nos anniver-
versaires ; avec ce n umé r o commence
Chez
Blancard,
à Marseille;
—
Cohen,
à Montpellier;
—
Eggimann,
à Genève.
la t r o i s i ème a n n é e de
Pro A rmenia
et
nous continuerons sans nous lasser
l ' œu v r e entreprise qui n a pas été entiè–
rement vaine.
Même a p r è s les effroyables massacres
de 1895-1896, a p r è s les r é v é l a t i on s des
L i v r e s bleus et jaunes et des discus–
sions parlementaires, la question ar–
mé n i e n n e était mal connue en Eu r ope ,
et i l s'en faut qu'elle soit encore connue
partout comme i l le faudrait. P a r l a
r é p é t i t i on monotone mais n é c e s s a i r e ,
de faits toujours semblables, par des
correspondances toujours p r é c i s e s et
si exactes qu'elles ont é t é toutes con–
firmées par les rapports des agents
diplomatiques, peu à peu, les peuples
dits civilisés sont ému s et s ' i n t é r e s s e n t
à ces souffrances lointaines qui e x c è –
dent la croyance et l'imagination ; i l s
apprennent avec é p o u v a n t e qu'un em–
pire établi uniquement sur le meurtre
et la violence est toléré par leurs gou –
vernements plus ou moins complices.
Notre devoir p r imo r d i a l est donc de
tenir toujours au c o û t a n t le dossier
du martyrologe a rmé n i e n et de d é n o n –
cer infatigablement l'homme et le r é –
gime responsables. I l faut d'abord que
les faits soient d i vu l gu é s ; l ' i n t e r p r é t a –
tion n'en est pas amb i g u ë , et ils parlent
assez hauts d ' e u x - même s .
L a publication de documents abon–
dants a p r o v o q u é le grand mouvement
de sympathie internationale qui n abouti
au Co n g r è s de Bruxellus. Sympathies
vaines et platoniques? Aucunement.
Fonds A.R.A.M