i nd é c i s e ; tous les j ou r s des groupes
s'amassent i c i ; ils commencent déjà à
sentir le besoin dé secours, et l'ont des
d éma r c h e s à"
}'
aratchnorte
et a u p r è s
d'autres personnes pour obtenir des
secours; des cadeaux d'argent ont été
déjà faits par plusieurs A r mé n i e n s en
leur faveur.
Avec les émigrés, Alexandropol.
18-31
août.
Pa r t i de Tiflis pour
Alexandropol, je me trouvais par ha–
sard dans le train qui était uniquement
r é s e r v é aux ém i g r é s qui rentrent dans
leur patrie. — Situation mi s é r a b l e des
ém i g r é s , mais tous pleins de foi : « Ee
Dieu des A rmé n i e n s est grand, c'est
lui qui nous a c r é é s , i l ne nous laissera
pas périr. »
Avec les émigrés, Kars. — 20 aoûl-
2
septembre.
Une foule immense
d ' émi g r é s arrivent à la gare de Ka r s ;
les uns s'en vont chez des amis; d'au–
tres dans les cafés, d'autres dans les
villages voisins; on ne sait pas encore
quel sera leur sort. L e s y s t ème d'at–
tente devient dur pour les ém i g r é s par–
mi lesquels se trouvent beaucoup de
vieillards, malades, etc. Une commi s –
sion de souscription est f o rmé e pour
venir en aide aux é i g r é s .
Sarikhamich,
29
août-2
septembre.
Sarikhamiche est la d e ux i ème é t a p e
où les émi g r é s sont a r r i vé s é t an t partis
de Ka r s . M . Tirakinn fit ouvrir une
souscription ; on ramassa ainsi 85 rou–
bles et quelques effets.
Pache-Keug,
30
août-12
septembre.
Pa c h e -Ke uy est d é s i gn é comme la
de r n i è r e é t a p e d ' où les émi g r é s doivent
se diriger vers là frontière russo-tur–
que; les paysans a rmé n i e n s les reçoi–
vent chez eux et les nourrissent.
Istan Keug, 30 août/12 septembre. —
Le s émi g r é s s'approchent de la fron–
t i è r e ; depuis 2 ou 3 jours ils arrivent
dans les villages de Pa c h e -Ke uy , A r -
mou t l i , Guliantepe, Kharapounghar,
Tchourouk, p r è s d e l à frontière; ils sont
t r è s bien accueillis par les paysans
a rmé n i e n s . Ces deux derniers jours
quelques ém i g r é s ont e s s a y é de passer
dans leur pays, mais les soldats turcs
leur ont fait rebrousser chemin sous
menaces. P a rmi les émi g r é s i l y a beau–
coup de n é c e s s i t e ux , des malades qui
ont besoin de soins. L ' app r oche de
l'hiver doit causer beaucoup de souf–
frances aux ém i g r é s .
Pache-Keug,
6/19
septembre. —
Des émi g r é s en groupes arrivent i c i
de Karte. Le s villages a r mé n i e n s ,
P a c h e -Ke u g , Armou t t e , Gû l i a n - Te p e ,
Kha r a -Poungha r . Tchourouk et Istahan
sont r emp l i s d ' ém i g r é s ; tous les paysans
leur font bon accueil. L e manque de
mé d e c i n s est regrettable, vu le nombre
des malades.
Khara-Khouroud,
9/22
septembre.
Le s émi g r é s qui se, sont r é un i s sur
les frontières russo-turques n'ont encore
aucun renseignement sur leur sort; ils
ne savent pas si le sultan leur permet–
tra d'aller dans leurs foyers ou non.
Dans le village de Istaman quelques
émi g r é s ont eu un entretien avec le
capitaine des soldats des frontières, qu i
leur r é p o n d i t qu'il n'a aucune instruc–
tion de la part du sultan. Le s émi g r é s
sont dans une situation i n d é c i s e ; n i les
soldats russes gardiens de frontières,
ni le gouvernement turc ne leur donnent
une r é p o n s e définitive. L e s émi g r é s
arrivent tous les jours continuellement,
hommes, femmes et enfants; i l n'y a
plus de place dans les villages pour
les loger ; la p r é s e n c e d'un mé d e c i n
parmi les émi g r é s devient indispen–
sable; i l n'y a aucun mé d e c i n et tous
les jours i l y a de nombreux cas de
maladie.
Comme on le voit, nulle part, i l n'est
pa r l é d'une intervention des a u t o r i t é s
russes s'opposant à la circulation des
A rmé n i e n s en marche vers la frontière.
Il est vrai au contraire que le gouver–
nement français, d è s le 17 septembre,
avait de son côté attiré l'attention de
Tewflk Pacha , ministre impé r i a l des
affaires é t r a n g è r e s , sur la d é t r e s s e
des ém i g r é s . I l ne serait pas croyable
que de son côté le patriarche Ormanian
n ' e û t pas fait les d éma r c h e s n é c e s –
saires, et que s'il se juge d é s o r ma i s
impuissant, i l ne d o n n â t pas sa d é –
mission définitive.
Une action nouvelle du patriarche et
des gouvernements e u r o p é e n s bien i n –
t e n t i o n n é s est urgente : la r é g i on où
se trouvent en ce moment les émi g r é s ,
sur les deux rives de l'Araxe, dans les
passes entre le Soghanlou Dagh et
l ' Ag h r i Dagh est e x t r êmeme n t rude;
ils sont c o n d amn é s à y p é r i r de froid,
de maladie pu de faim à bref délai,
quand leurs maigres provisions et celles
des pauvres gens qui les h é b e r g e n t
seront é p u i s é e s .
Mais en supposant que l ' a c c è s de la
frontière sera enfin ouvert aux ém i –
g r é s ceux-ci devront encore ê t r e suivis
en terre turque par la protection atten–
tive des consuls e u r o p é e n s : en nombre
d'endroits, les champs qu'ils cultivaient
ont été iiSurpéê par les i g h a s Ku r de s ;
il en e s l ainsi par exemple dans toute
la r ég i on du Ka r a sou et dans le district
d'Ardjesch.
De même , autour du lac de Va n , i l
s'en faut que la situation des A r m é –
niens se soit amé l i o r é e : les Ku r de s
ont a t t a q u é et pillé les villages de
Ma l k a l a et de Papou et dans le district
d'Adeldjewas, entre Ak h l a t et le Sipan
Dagh, a p r è s avoir d o n n é aux Ku r de s
la mo i t i é de leur r é co t e comme tribut
et une autre part comme dime, les
paysans a r mé n i e n s ont dû en abandon–
ner tout le reste au chef des Ha ï d e r a n l i ,
Hus s e i n Pa cha , c é l è b r e par d'innom–
brables d é p r é d a t i o n s et massacres a n t é –
rieurs.
V o i c i au reste, d ' a p r è s un rapport de
source officielle, que nous avons c om–
mu n i q u é à
l'Européen
(
n° du 1
er
no–
vembre), quelle est p r é s e n t eme n t la
situation à Mo u s h et au nord de Mo u s h :
D'après des correspondances de T r é b i –
zonde et de Va n , en date du 3 et du 9 octo–
bre, les assassinats et violences dans la
perception des imp ô t s sont toujours aussi
fréquents à Moush.
A u village d'Erichder, le kurde Mourad
Riche,
du village deTehtzmer, entre de force
dans la maison de Mikahel, i l viole et tue
A l mo , femme de Mikahel : i l est l'auteur im–
puni de quarante crimes semblables.
Khetcho, d'Erizak, qui avait été blessé lors
de l'attaque et du pillage de ce village, est
mort de ses blessures.
Agop Agha Ga r a b é d i a n , de Goghak (caza
de Boulanik), notable A rmé n i e n , membre du
Conseil du caza, a été assassiné par les
Kurdes, le 3 octobre, comme i l faisait route
de Gop à Goghak.
Malgré l'iradé faisant remise d'une a n n é e
de la taxe militaire
(
bedelat askérié)
et répar-
tissant en quatre exercices deux a n n é e s
arriérées de la même taxe, les a u t o r i t é s l o –
cales veulent percevoir et les arriérés et la
taxe de l'année courante : elles p r é t e n d e n t
les percevoir même pour les biens des ém i –
grés du Caucase, à qui cependant le retour
en Turquie est interdit et qui sont considé–
rés comme d é c h u s de leurs droits ; les habi–
tants d eme u r é s au village sont responsables
pour eux.
D'autre part, pendant les massacres de
1895-1896,
un grand nombre de reçus, quit–
tances et pièces justificatives ont disparu ; le
fisc en exige cependant la p r é s e n t a t i o n :
faute de quoi il exige le paiement de dix huit
a n n é e s d'impôts à partir de 1884. Sous pré–
texte d'irrégularité dans les registres des
villages, les a u t o r i t é s disent que tant de per–
sonnes par village n'y ont point été p o r t é e s ;
elles exigent ensuite une amende é n o r me à
partir de 1884 é g a l eme n t . Même arbitraire
Fonds A.R.A.M