times de tous les peuples o p p r i mé s à
        
        
          qui les clauses du t r a i t é de Be r l i n , j a –
        
        
          mais e x é c u t é e s , asuraientun sort meil–
        
        
          leur.
        
        
          M"
        
        
          1
        
        
          '
        
        
          Ormanian ne voudra pas que le
        
        
          Sultan puisse p r é t e n d r e qu'il s'est r é –
        
        
          concilié avec ses loyaux sujets a r mé –
        
        
          niens et que leur r e p r é s e n t a n t le plus
        
        
          élevé en d i gn i t é l'a amn i s t i é des mas–
        
        
          sacres et des crimes ininterrompus qui
        
        
          c on t i nu è r e n t les massacres et qui les
        
        
          continuent encore.
        
        
          Pierre
        
        
          Q U I L L A R D .
        
        
          L E T T R E S
        
        
          L E T T R E D'AI.ACHKKRTE
        
        
          
            (
          
        
        
          
            R A P P O R T )
          
        
        
          
            Mars
          
        
        
          
            
              rgo2.
            
          
        
        
          Notre province renferme trois districts :
        
        
          Bayazid, Ka r a - K i l i s s é , T o p r a k - K a l é , et
        
        
          vingt-neuf villages h a b i t é s par des A r mé –
        
        
          niens. Le mutéssarif réside à Bayazid où i l y
        
        
          a 120 familles a rmé n i e n n e s . Dans l'espace de
        
        
          six mois les Turcs ont enlevé trois jeunes
        
        
          filles a rmé n i e n n e s , emp o r t é 60 chevaux appar–
        
        
          tenant à la famille Manoukian, et des mar–
        
        
          chandises d'une valeur de 300 livres apparte–
        
        
          nant à la famille Kirmoyan.
        
        
          Le village d'Artzab est sous la tyrannie de
        
        
          la tribu de Tchalal; Ahmed agha, chef de
        
        
          cette tribu et commandant hamidié, commet
        
        
          toutes.sortes d'atrocités; i l pilla 20 charges
        
        
          de b l é ; il lit travailler pour son compte,
        
        
          120
        
        
          ouvriers pendant trois*ou quatre j ou r s ;
        
        
          en hiver, i l lit garder par force aux paysans,
        
        
          120
        
        
          moutons, 2 chevaux et 4 mulets.
        
        
          Hassan agha de Zilan, avec ses hommes,
        
        
          opprime la population du village de Koroun.
        
        
          Ils ont emp o r t é 50 poules, 40 moutons.
        
        
          2
        
        
          bœuf, 4 vaches, 3 veaux, 4 charges de b l é ;
        
        
          nous n'entrerons pas dans les détails.
        
        
          A Massoun se trouvent 250 soldats régu–
        
        
          liers avec leurs chefs; ils commettent toutes
        
        
          sortes de tyrannie dans le village; si les
        
        
          Kurdes pillent les marchandises, les soldats
        
        
          déshonorent continuellement les femmes.
        
        
          Les villages de ï c h o u t c h a n , Kharapazar,
        
        
          Khoumlipoutehaldi et Saïdo se trouvent sous
        
        
          l'autorité de Mousstafa bey, chef de la tribu
        
        
          de Ghassgan et Ka ï ma k am h ami d i é . Tous
        
        
          les jours i l verse le poison de sa fureur sur
        
        
          les susdits villages ; i l les opprime soit maté–
        
        
          riellement soit moralement. Il se propose de
        
        
          réduire les églises en é t a b l e s ; à la tète de
        
        
          chacun de ces susdits villages, il lit placer
        
        
          un de ses hommes; ainsi, Hadji Mahmet
        
        
          réside à Kharapazar, K h a s s i m a g h a à Khoum-
        
        
          lipoutchakh, le brigand Mamon avec ses
        
        
          frères à S a ï d o ; i l voulait placer à la tête du
        
        
          village de Tc h o u t c h â n , son lits, A l i effendi,
        
        
          mais Mahmet bey de la tribu de l.amog
        
        
          n'ayant pas toléré cela, une grande hostilité
        
        
          s
        
        
          est déclarée entre ces deux tribus.
        
        
          d y a deux mois, deux frères, Artinr et
        
        
          Kévork portaient 100 litres d'huile pour les
        
        
          vendre; Mousstafa bey, le tyran, envoya sept
        
        
          de ses hommes et les fit piller. Faute d'armes,
        
        
          les A r mé n i e n s n'ont pu leur résister, mais
        
        
          quelques jours plus tard nous nous sommes
        
        
          p r o c u r é des armes et nous avons pu tirer
        
        
          vengeance. Maintenant cette tribu est en
        
        
          hostilité avec nous et cherche à attenter à
        
        
          notre vie.
        
        
          Un calife s'est emp a r é des terrains et des
        
        
          eaux du couvent de Sourpe Ohan, qui appar–
        
        
          tenaient, depuis des siècles, au couvent;
        
        
          c'est l u i -même qui touche les revenus, et
        
        
          n'en fait aucune part au couvent; i l adresse
        
        
          des injures à la croix et à la coupole du cou–
        
        
          vent.
        
        
          Rassoul bey, fils d'Eïhe pacha de Zilan,
        
        
          ruina de fond en comble le village de Z i r o ;
        
        
          il fit démolir l'église, et avec les pierres et.
        
        
          le bois i l fit construire une étable pour son
        
        
          bétail. Tous les biens des A rmé n i e n s de ce
        
        
          village sont entre ses mains; i l y a quatre
        
        
          mois, i l blessa g r i è v eme n t deux jeunes gens
        
        
          pauvres du village, l'un avec une épée et
        
        
          l'autre avec une balle.
        
        
          Les villages de Katchou, Iontchali, Khidir,
        
        
          Mankassar, Mazré, sont c omp l è t eme n t dé–
        
        
          vastés par ces brigands; les habitants sont
        
        
          privés de leur pain quotidien; on a emp o r t é
        
        
          120
        
        
          bêtes du village de Mankassar, des bœufs.,
        
        
          des vaches et des chevaux; 20 moutons du
        
        
          village de Mazré; en un mot, c'est le pillage
        
        
          continuel; ils ont emp o r t é en tout des sus–
        
        
          dits villages, 100 charges de blé, 80 moulons,
        
        
          150
        
        
          bœufs, vaches et chevaux, 60 sacs de
        
        
          sucre, 20 ocques de thé, et 300 poules.
        
        
          Le village d'Eranoss est dans les griffes de
        
        
          Mahmet effendi, personnage cruel et ignoble,
        
        
          connue les petits oiseaux dans les griffes de
        
        
          l'aigle.
        
        
          A Karakilissé a eu lieu le fait douloureux
        
        
          suivant; la fille de Der Oh a n n è s de Iontchal
        
        
          était mariée avec Lévon, fils de Der Garabed
        
        
          du même village ; elle avait aussi deux enfants;
        
        
          le 20 août de l'année passée, Chika, fils de
        
        
          Ahmed agha d - Khaïfaz, en compagnie de
        
        
          quelques malfaiteurs attaqua la maison et
        
        
          enleva la jeune femme ; le brave Der Oh a n n è s
        
        
          était furieux; 40 jours après, avec quatre
        
        
          hommes, i l alla chez le Turc qui avait enlevé
        
        
          la jeune femme, et l'ayant sauvée, l'envoya
        
        
          en Russie.
        
        
          Le village d'Achkhal est é g a l eme n t soumis
        
        
          à des vexations par A l i bey de Zilan ; Ibrahim
        
        
          bey, son frère, qui y réside, opprime affreu–
        
        
          sement la population à laquelle i l enlève le
        
        
          pain quotidien; il fait travailler tous les
        
        
          A r mé n i e n s avec leurs bêtes pour son propre
        
        
          compte.
        
        
          Le village de Hamad est soumis à la tyran–
        
        
          nie des soldats réguliers; i l y habite un com–
        
        
          mandant avec ses soldats; dix soldats a r mé s
        
        
          ont a t t a q u é , la nuit, à 3 heures, la maison de
        
        
          Hara, pour enlever sa jeune fille; trois jeunes
        
        
          gens qui se trouvaient à la maison résis–
        
        
          tèrent aux soldats; ils les battirent el leur
        
        
          ayant enlevé les armes des mains, ils les ren–
        
        
          voyèrent.
        
        
          Dans la ma t i n é e , les chefs du village arri–
        
        
          vèrent, reprirent 1rs armes et les remirent
        
        
          aux soldats, et marièrent la jeune fille avec
        
        
          un jeune homme de Ioutchal. On lil des
        
        
          d éma r c h e s a u p r è s du gouvernement, mais
        
        
          il n'y eut aucun interrogatoire j u s q u ' à ce
        
        
          j ou r ; on répondit simplement aux Armé n i e n s
        
        
          que Leur plainte ne valait rien, que les soldats
        
        
          n'étaient pas venus pour la jeune fille, mais
        
        
          pour réclamer des dettes; le but du g o u v é r -
        
        
          nemenl est manifeste, il essaye d'excuser les
        
        
          soldats pour emprisonner et opprimer les
        
        
          Armé n i e n s :
        
        
          Les villages de Khatchlou, Topfak-Kalé,
        
        
          Khochian , I r i t z o u - Kh é g h , Mola-Suléman,
        
        
          létghan el lihayapegh sont soumis à l'oppres–
        
        
          sion par lé fils et les petits-fils de Mahmet
        
        
          pacha, aiieien ennemi des A r mé n i e n s ; ils
        
        
          veulent a n é a n t i r complète me ni l'élément
        
        
          a rmé n i e n des susdits sept villages: nuit et
        
        
          jour, ce sont des pillages et des corvées
        
        
          inl crin niables ; les A rmé n i e n s traînent mi s é –
        
        
          rablement leur existence ; personne ne songe
        
        
          à r emé d i e r aux souffrances du peuple.
        
        
          I.es villages de féghinsapé, Tcliilglinni et
        
        
          Khassdour sont encore dans leur triste deuil;
        
        
          tous les biens ont été déjà pillés pendant
        
        
          l'événement de Khassdour, par les brigands
        
        
          Kurdes de Sipglii.
        
        
          Le gouvernement réclame l'impôt militaire
        
        
          de L'année prochaine, quatre mois avant le
        
        
          mois de niais, commencement rie l'année
        
        
          turque ; pour un bébé de 5 jours, i l r é c l ame
        
        
          une demi-livre turque et touche les sommes
        
        
          impitoyablement et s é v è r eme n t des riches et
        
        
          des malheureux, sans distinction. Les survi–
        
        
          vants d'une famille continuent toujours à
        
        
          payer pour les défunts pendant de longues
        
        
          a n n é e s . Dès le mois de février on c omme n ç a
        
        
          à compter les moutons; si je possède cent
        
        
          moutons, et, si par suite des pillages, ce chif–
        
        
          fre vient à diminuer, on me réclame toujours
        
        
          la taxe pour cent montons, sans tenir compte
        
        
          des diminutions; quand les percepteurs arri–
        
        
          vent pour compter les animaux, ils ont l'ha–
        
        
          bitude de porter toujours de fausses accu–
        
        
          sations contre les propriétaires, en disant
        
        
          que ceux-ci tiennent cachés une partie des
        
        
          moutons, et se font ainsi graisser la patte.
        
        
          Pour percevoir la dîme, les percepteurs
        
        
          vendent l'usufruit
        
        
          
            (]•
          
        
        
          s terres des villages
        
        
          a r mé n i e n s ; tous les abus s'en suivent, car
        
        
          lés chefs des tribus barbares deviennent ainsi
        
        
          les maîtres et enlèvent tout le bien des
        
        
          paysans qui sont ainsi obligés de Leur aban–
        
        
          donner leur pain.
        
        
          A commencer par les Mutéssarifs et les
        
        
          Ka ï ma k ams jusqu'au dernier simple soldat,
        
        
          tous prennent, partout, aux Armé n i e n s , la
        
        
          nourriture pour leurs bestiaux ; tord, le monde
        
        
          sait déjà que les soldats se nourrissent dans
        
        
          les villages a rmé n i e n s . Il arrive souvent que
        
        
          les fonctionnaires ne touchent pas leur solde
        
        
          du gouvernement, et quand ils font des r é –
        
        
          clamations, le gouvernement leur indique un
        
        
          village a rmé n i e n et leur dit : « allez vous
        
        
          ïaire payer par le village a rmé n i e n ». Le
        
        
          fonctionnaire, tout content, dirige ses [tas
        
        
          vers h; village arménien et se fait payer par
        
        
          les paysans en tes opprimant.
        
        
          Voilà telles sont les privations auxquelles
        
        
          son I sou mis les villages a rinéniens ; c l quand
        
        
          le paysan, à bout de patience par suite des
        
        
          crimes commis, s'adresse au gouvernement
        
        
          pour protester, celui-ci l'ail la sourde oreille,
        
        
          el le fonctionnaire à qui le plaignant s'était
        
        
          adressé, le trappe en lui disant: « Va-t-en
        
        
          Fonds A.R.A.M