D E U X I È M E A N N É E . —
2 1 .
L e N u m é r o : France,
40
cent. — E t r a ng e r :
50
cent.
1 0
O C T O B R E 1 9 0 2 .
Pro Armenia
R é d a c t e u r en Chef :
Pierre QU I LLARD
Adresser tout
ce qui concerne la Direction
à M. Pierre QU I L LARD
Î O , K u c TSToflet, P a r i s .
A B O N N E M E N T S :
F r a n c e . . .
Etranger.
8
1
<>
Paraissant le ioel le 25 de chaque mois
COMITÉ DERÉDACTION :
G. Clemenceau, Anatole France, Jean Jaurès
Francis de Pressensé, E. de Roberty
S e c r é t a i r e de r é d a c t i o n : i
Jean L O N G U E T
A D M I N I S T R A T I O N :
Rue Monsieur-le-Prince, 10j
P A R I S (6»)
Le samedi, de 11 heures à midi.
A B O N N E M E N T S :
France
S
Etranger
Î O
PRO
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I yV
est en vente:
A l
'
Administration,
10,.
r. Monsieur-le-Prince;
Chez
Brasseur,
Galeries de l'Odéon ;
Boulinier,
19,
boulevard Saint-Michel ;
A la Société Nouvelle de Librairie, 17, rue Cujas;
A u
Kiosque 23,
boulevard des Italiens;
117,
boulevard des Capucines;
27,
boulevard Montmartre;
Chez
Blancard,
à Marseille;
Cohen,
à Montpellier;
Eggimann,
à Genève.
S O M M A I R E :
Requête des réfugias arméniens au Gouvernement de
la République F r a n ç a i s e . — L a Quinzaine: Le Sultan
*
et le Patriarche ( P I E R R E QUILLARXJ).
Lettre d'Alaeh-
kerte. — Nouvelles d'Orient : E n Macédoine et en
Vieille-Serbie ; Le Sultan et les Puissances; L a Presse
hamidienne; Mandats d'arrêt. — Les Souffrances d u
peuple A r i n ' n i e n (EDOUARD BERNSTEIN).
REQUÊTE
DES
Réfugiés Arméni ens
Au Gouvernement de la République Française
Nous recevons au moment de mettre sous
presse le texte de la requête adressée au gou–
vernement fiançais, pai les réfugiés A r mé –
niens de Russie g r o u p é s à la frontière turco-
russe.
Ce document est naturellement rédigé
dans le style et la forme imposés en Russie
aux requêtes collectives, et d'après les règles
très stricles du protocole hiérarchique.
Nous aimons à e s p é r e r que le Ministre
des Affaires é t r a n g è r e s se souviendra en
lisant ce document émouvant, des paroles de
Jean J a u r è s au Co n g r è s de Bruxelles : »
L'at–
titude de la Russie dans la question arménienne
dépend de relie de la France : sans une inter–
vention énergique de ces deux nations, il n'y a
pas d'alliance franco-russe possible ; car elle
ne serait pus basée sur la justice et sur les
droits imprescriptibles de l'humanité. »
A Son Excellence
M. le Ministre des Affaires étrangères
de la Ré pub l i qu e française :
E X C E L L E N C E ,
Nous, les A rmé n i e n s de la Turquie,
sujets ottomans, forcés d ' émi g r e r lors
des grands massacres des A rmé n i e n s
en 1894-1896 et réfugiés sur le sol hos–
pitalier de la Russie, au nombre de 40
à 50.000 âmes", venons implorer par la
p r é s e n t e r e qu ê t e le gouvernement de la
grande Nation F r a n ç a i s e , comme nous
avons déjà imp l o r é le gouvernement
de Sa Ma j e s t é l ' Empe r eu r de toutes
les Rus s i e s , de vou l o i r bien nous
porter aide et protection dans l'état
affreux et insupportable, où nous nous
trouvons actuellement.
Nous ne sommes pas des criminels,
nous n'avons commis aucun crime,
mais nous é t i on s ob l i gé s de quitter
notre pays natal p o u s s é s seulement par
la m i s è r e et par la crainte des mas–
sacres.
Pendant sept a n n é e s , la Russie nous
a a c c o r d é ho s p i t a l i t é et asile, en nous
procurant la po s s i b i l i t é de gagner notre
vie et celle de nos familles l a i s s é e s en
Turquie. Notre reconnaissance envers
Sa Majesté l'Empereur Nicolas II et la
Ma i s on russe est sans bornes. Pa r le
produit de notre travail nous n'avons
pas ma n q u é de payer au gouvernement
oltoinan tous les imp ô t s et toutes les
contributions, dont nos familles ont é t é
c h a r g é e s pendant notre absence.
Cependant le temps est arrivé de
rentrer dans notre pays natal, puisque
nous ne pouvons pas profiter de la pro–
position magnanime du gouvernement
russe d'accepter la sujétion russe par
la raison que nos familles r e s t é e s en
Turquie n'ont pas la po s s i b i l i t é de nous
rejoindre en Russie. E t quittant les
villes et villages russes, où nous é t i on s
réfugiés, nous nous sommes g r o u p é s
sur l a frontière russo-turque, mais le
gouvernement ottoman, qui tout le
temps pendant sept a n n é e s , nous a re–
connu comme ses sujets et nous a fait
payer tous les i mp ô t s , refuse de nous
laisser rentrer sur le sol natal. L ' h i v e r
s'approche et notre situation devient
des plus d é p l o r a b l e s .
Par c o n s é q u e n t , nous sommes ob l i g é s
de recourir à la protection de l a R é p u –
blique française et implorer le gouver–
nement français, au nom de l ' h uma n i t é
de vouloir bien i n t e r c é d e r en notre
faveur a u p r è s du gouvernement ottoman
pour nous laisser rentrer sur le sol
natal, chez nos familles et laisser
labourer nos champs et terres.
Les représentants et délégués
des Arméniens
ottomans ré–
fugiés en Russie et groupés
sur la frontière
russo-tur–
que.
Le 10/23 septembre 1902,
frontière russo-turque.
(
Suivent les signatures).
LA QUINZAINE
Le Sultan et le Patriarche
Une correspondance de Constantino–
ple, en date du 21 septembre, pub l i é e
par
YEuropéen
du 4 octobre, donne
quelques indications sur l'arrangement
Fonds A.R.A.M