Kolchani.
Le 14 août, le p r o p r i é t a i r e du
village
Pribatchevo,
Ibrahim Effendi, trouva
un fusil dans la maison du Kodjbachi Yovan.
Le sous-préfet de notre ville fut i mmé d i a t e –
ment averti de la dangereuse trouvaille et le
soir même un fort d é t a c h eme n t de poursuite
arrivait dans le village Pribatchevo. Yovan,
son frère Manouïl et deux autres villageois,
Bojine et Efrem, avaient pu déjà s'échapper.
Le chef de poursuite ayant appris cela, fît
visiter toutes les maisons du village, b â t o n n a
une dizaine de villageois dont i l en a r r ê t a trois
ainsi que l a femme deYovan, qu'il envoya
dans notre ville où ils sont encore en prison.
U n autre corps de poursuite d'une centaine
de gendarmes et soldats circule dans l'arron–
dissement, pille les maisons et commet des
horreurs inouïes.
Une vingtaine de villages ont é t é déjà
visités et de nombreuses arrestations o p é –
rées, notamment : 15 dans le village
Zyr-
novlzi,
3
dans le village
Koulchi Baba,
4
dans
le village
Leshy,
4
dans le village
Pripei-
chani,
3
dans le village
Socolartzi,
etc., etc.
Tous ces d é t e n u s ont é t é atrocement tor–
turés. Aucune d é n o n c i a t i o n de leur part n'a
été pourtant faite.
U n nouveau corps de poursuite de 100 ca–
valiers vient d'arriver d'Uskub dans notre
ville. Les ordres que le capitaine de gendar–
merie aurait reçu du gouverneur de Cossovo
seraient très rigoureux. On annonce déjà de
nouvelles perquisitions et arrestations. L a
terreur est grande dans notre arrondisse–
ment. Les Turcs se p r é p a r e n t pour un mas–
sacre général des chrétiens et le gouverne–
ment continue à les armer.
Radoviche.
L a terreur est grande dans
notre arrondissement. De nombreux corps
de poursuite parcourent nos campagnes, et
sous prétexte qu'ils cherchent des révolu–
tionnaires, commettent des horreurs. Le
plus terrible est certainement le d é t a c h e –
ment de
Boïram
Jusbachi.
Le premier village qui fut visité par l u i est
celui de
Podéreche,
dans lequel i l rassembla
tous les habitants et en choisit une dizaine
qu'il soumit à l a torture. Krystu Tziveff,
Kotzé, Christo et Gogo, Tounpouloff, Kouss
Vassô, Kotzé Protestan, en sont à l'agonie.
Dans le village
Armalitza,
plusieurs
jeunes filles furent violées par l u i et sa
bande. En outre, i l enleva tout ce qu'il trouva
dans les maisons pendant les perquisitions.
Dans le village
Gorno-Lipovik,
i l soumit
à l a torture l a plupart des villageois et prin–
cipalement le maître d'école Traïtché, le
kodjabachi Christo, le p r ê t r e , etc.
Dans le village
Papavnitza,
il fît la même
chose.
Parmi les t o r t u r é s , i l faut noter les villa–
geois : Pelré, Stoyon, Natzé, Patsko, Gheor–
ghi. Trois d'entre eux se trouvent en danger
de mort. Une femme fut violée par les gen–
darmes dans un champ de haricots. E n outre,
une perquisition fut faite, pendant laquelle
les gendarmes enlevèrent tout ce qu'ils trou–
vèrent.
L a même chose arriva dans le village
Dolno IJpovnik.
Il y a eu huit personnes de
b â t o n n é e s . Le village fut pillé.
Dans le village
Nessyrnovlzi
furent sur–
tout fustigés : Eftime Gavriloff, le kodja–
bachi et Vassil. Dans ce village se fît la ren–
contre avec le corps de poursuite de
Slrou-
mitza
et les villageois durent fournir des
vivres pour 160 personnes pendant deux
jours.
Dans le village
Rakitetz
furent soumis
à la torture l a plupart des villageois. U n
d'entre eux, le n o mm é Petré en expira.
Dans le village
Kontché
furent suppliciés
de l a ma n i è r e la plus horrible pendant c i n q
heures les notables Khadji Kamt c h é et
Stoyan Dimofï. Une dizaine de villageois
furent battus.
Dans le village
Scorocha
furent dévali–
sés par les gendarmes et fustigés : Kotzé
Pyscoff, Atanas Janeff, Çheïtanoff, Koreff,
Stanoeff, Spassé et Pétré Kotzevi.
Dans le village
Loubniïza,
Ba ï r am bâ –
tonna six personnes a p r è s les avoir atta–
chées.
Dans le village
Garvan
furent b â t o n n é s
une dizaine de villageois, parmi lesquels :
Christo Tikvechliata, Yvan Tchrobodjiata et
son frère Christo.
Dans le village
Zagorlzi
furent b â t o n n é s ;
Christo, Zafir, Christoman et une dizaine
d'autres villageois.
Dans le village
Gabrevlzi
furent t o r t u r é s
six notables.
Dans le village
Dolna Vrachtitza,
l a
plupart des villageois furent b â t o n n é s . Kara
Temelco, Ilia, Arso et Kamt c h é en sont
alités.
Dans le village
Gorna Vrachtitza
ce fut
la m ê m e chose.
Enfin Baïram Jusbachi se dirigea vers
le village
Dédino.
E n route, i l rencontra un
autre corps de poursuite et dans l a nuit, les
deux corps de poursuite se croyant être en
face d'une bande révolutionnaire, commen–
cèrent une escarmouche j u s q u ' à ce que l'un
des corps se retirât. Baïram demanda des
renforts à Radoviche et continua son chemin
pour Dédino. Avant d'y entrer i l soumit à l a
torture un petit berger, â g é de d i x ans, qui
ne put l u i dire qu'une chose : que c'étaient
des Turcs ceux qu'il a vu passer. Baïram
n'en voulut rien croire et arrivé à Dédino,
i l soumit à une torture horrible trente v i l l a –
geois, dont furent surtout suppliciés les no–
tables Efremoff, Bojinoff, Tocheff, Christoff,
Todeff, Ianeff. 120 poulets et 15 moutons
furent é g o r g é s pour le corps de poursuite ;
trois femmes et deux jeunes filles furent vio–
lées, 60 villageois furent emp r i s o n n é s à
Radoviche.
Les même s horreurs furent commises dans
les villages
Pagoulevo, Iynievo,
Voïslavtzi,
etc., etc.
U n combat vient d'être livré près du
village
Lialé
entre une bande révolution–
naire et deux r é g i me n t s . Le combat dura
quelques heures au bout desquelles la bande
put s'ouvrir passage à travers les rangs
ennemis et se réfugier dans l a forêt. Les
Turcs perdirent 13 soldats; l a bande eut un
révolutionnaire de tué et deux blessés. Quel–
ques nouveaux corps de poursuite furent
expédiés à sa recherche.
V I L A Y E T D ' A N D R I N O P L E .
On vient d'ame–
ner dans notre ville une chaîne de prisonniers
de
Pachmakîy.
U n p r ê t r e s e p t u a g é n a i r e était
placé à l a tête de cette c h a î n e ; une vieille
femme, courbée en deux, était attachée après
lui, 25 villageois continuaient l a chaîne. U n
grand jeune homme, pâle et souffrant, était
conduit à part, un anneau lourd à son cou,
les bras attachés, les mains e n c h a î n é e s . J'ai
reconnu le r é v o l u t i o n n a i r e Alexandre P h i –
lippoff. J'ai appris en môme temps à quoi
sont dues ces arrestations.
A u commencement du mois d'août fut
a r r ê t é près du village turc
Karchila,
le révo–
lutionnaire Philippoff. Il fut soumis à l a tor–
ture et reconnut qu'en effet i l était révolu–
tionnaire, mais en m ê m e temps i l déclara
qu'il ne donnerait aucune indication sur ses
camarades. Tous les supplices l u i furent
appliqués mais Philippoff ne parla plus.
Le gouvernement, pour o p é r e r des arres–
tations, appela alors l'espion Zissi, qui écrivit
une lettre dans laquelle i l était dit que le
notable Kadji Theophyle, un autre agent du
gouvernement, connaissait les révolution–
naires. Celui-ci d é n o n ç a alors tous les nota–
bles du village
Dary-Dêré
qui furent arrêtés.
Parmi eux se trouvent : le p r ê t r e Anghel, le
ma î t r e d'école Dontcheff, Djinjoff, Alexan-
droff, Kontandinoff, Khikimoff, Karaghio-
soff, Marcoff, Dascaloff, Parakyr, Petrounoff,
Choukaloff, etc. Voilà quels étaient les déte–
nus que j ' a i vus e n c h a î n é s . Ils ont été tous
t o r t u r é s à un tel point qu'Alexandroff en a
perdu la raison.
M A N D A T S D ' A R R Ê T .
Un mandat d'arrêt
a é t é lancé par l a Cour d'appel de Constan–
tinople contre le nommé Réfate, ancien
médecin militaire à l'hôpital de Smyrne,
qui est en fuite à Athènes depuis un an, o ù
il fait des publications subversives. 11 est
accusé comme criminel et sera j ugé devant
la Cour criminelle.
Un mandat d ' a r r ê t a é t é lancé pa r la
Co u r d'appel de Constantinople contre le
n o mm é Djélal Chévki q u i est fuite à Paris,
où i l s'est u n i à d'autres perturbateurs ; i l
est accusé comme criminel et sera jugé
devant la Co u r criminelle. Tou s les agents
policiers doivent l'arrêter partout o ù ils le
verront et le conduire à la prison de la
Co u r .
La Cour criminelle vient d'accorder à
Alexan Tchitchekdjian, poursuivi pour
publication séditieuse, un nouveau délai
de dix jours pour se présenter à la Cour
criminelle. Passé ce délai, i l sera j ug é par
défaut, perdra ses droits civiques et ses
biens seront confisqués.
L I R E :
D I E I N F O R M A T I O N
Editeur et Rédacteur :
Josef GRAF
Vienne, Piaristengasse, 26
Le Secrétaire-Gérant :
J E A N L O N G U E T .
Fonds A.R.A.M