soldats furent tués. Du côté des c h r é t i e n s
furent tués : Stefan Petzeff, sa femme et sa
m
è r e . Les autres qui avaient pris part au
combat purent s'échapper.
Le lendemain furent emp r i s o n n é s une
trentaine de vieillards qui furent horrible–
ment torturés. Ils sont écroués dans les
cachots de notre ville.
Dans le village
Aïtos
furent arrêtés six
villageois. Ils sont emp r i s o n n é s à
Nevesca.
Les tortures qu'ils eurent à subir furent si
atroces que deux d'entre eux en sont déjà
morts.
Kasloria.
Le gouvernement turc, voyant
que pas un village chrétien n'obéit à Tirade
concernant la livraison des armes, organisa
de nouveaux corps de poursuite, dissémina
de nouveaux d é t a c h eme n t s de soldats dans
les villages chrétiens et c omme n ç a une nou–
velle persécution. Les villages
Vichné, Apos-
khep, Btalza, Boukh
(
arrondissement de Flo–
rina) et beaucoup d'autres villages viennent
d'être visités par les corps de poursuite qui
y commirent des horreurs inouïes. Tous les
villageois furent b â t o n n é s , plusieurs femmes
violées et les maisons pillées.
Dans le village
Vichné,
une escarmouche
eut lieu entre trois villageois et les soldats.
Les deux c h r é t i e n s furent tués et le troisième
se suicida pour é c h a p p e r aux supplices.
Dans le village
Gornitchevo,
près de
Patélé, fut livré, le 21 août, uns bataille
entre la bande du révolutionnaire Stcfo,
composée de 45 personnes, et les troupes
turques 120 soldats et bachibozouks furent
tués. J'ignore encore les pertes subies par
les révolutionnaires.
Dans le village
Vicheni
fut tué, le 6 août,
l'héroïque chef révolutionnaire Lazare Mo s -
coff, du village Dymbeni, et son camarade
Golu Chaïnoff, de Vicheni. Les deux r é v o –
lutionnaires se défendirent courageusement,
mais les soldats réussirent à mettre le feu
à la maison où ils s'étaient b a r r i c a d é s et les
assiégés durent sortirent et forcer, sabre
à la main, les rangs ennemis. C'est ce que
fit le chef Moscoff, mais i l fut atteint d'une
balle en courant. Après cela les soldats se
dispersèrent dans le village, le pillèrent et
mirent le feu à plusieurs quartiers. Le beau
village n'existe plus aujourd'hui. Plusieurs
femmes furent violées et quatre villageois
innocents tués. Ce sont : Tryptchc Janeff,
le vieillard Lobanoff, sa bru et son enfant,
Tipo.
La terreur est grande dans notre arron–
dissement. Les soldats et les gendarmes
n'osant attaquer les bandes révolutionnaires
se ruent sur les villages qu'ils pillent après
avoir emp r i s o n n é les habitants paisibles. L a
population est exaspérée et i l est à craindre
un soulèvement général.
Kitchevo. —
Le village de
Belitza
vient
d'être pillé par les troupes. L
T
n villageois,
Mino Krysteff, ayant d ema n d é un passeport
a Kitchevo, la police le s o u p ç o n n a et l'arrêta.
H fut invité à donner des indications sur les
chrétiens qui prenaient part dans les affaires
révolutionnaires el, comme i l refusa, on le
soumit à une torture qui eut pour consé–
quence l'aliénation mentale du supplicié.
Alors Krysteff se mit à prononcer des phrases
i n c o h é r e n t e s et certains noms, que l'on prit
pour être ceux des chefs r é v o l u t i o n n a i r e s .
Deux cents soldats lurent expédiés immé –
diatement pour le village Belitza, où ils o p é –
r è r e n t des perquisitions dè s leur arrivée.
Comme rien ne fut trouvé, le capitaine sou–
mit à la bastonnade les villageois et ordonna
une seconde perquisition avec pillage des
maisons. Tout ce que les soldats t r o u v è r e n t
de bon à prendre, comme bas, chemises,
étoffes, cuivre, fut pillé, après quoi furent
emp r i s o n n é s : le ma î t r e d'école Spas Anghe-
loff, Velian Ilieff, Krysté Magdenoff, Stoyan
Pavloff, etc., etc.
A la suite de ces p e r s é c u t i o n s , un révo–
lutionnaire que nous ne connaissons pas dé–
cida de tuer le capitaine de gendarmerie de
notre ville. ïl se déguisa en gendarme, monta
sur un beau cheval et se p r é s e n t a chez le
capitaine, lequel i l voulut voir sous p r é t e x t e
de lui transmettre personnellement une lettre
du gouverneur. A peine le capitaine s'était
mo n t r é , le p r é t e n d u gendarme fît feu sur lui,
le tua de quatre balles et disparut.
Okhrida.
Le comité musulman pour
l'extermination des c h r é t i e n s vient d'inau–
gurer un nouveau système pour ruiner les
raïas. Il a formé une bande d'incendiaires,
c h a r g é e de mettre le feu dans les quartiers
c h r é t i e n s . I l y a trois jours le premier essai
fut fait. Heureusement que l'alarme fut
d o n n é e de suite et le feu fut éteint partout
dans son commencement. Mais, pour donner
l'alarme, les c h r é t i e n s se servirent d'armes
à feu comme d'habitude. Le gouvernement
en profita. Des perquisitions furent o p é r é e s
i mmé d i a t eme n t pour la saisie des armes et
quarante c h r é t i e n s furent emp r i s o n n é s et
accusés de rébellion. Parmi eux se trouve le
professeur Ouzounoff. Ils furent tous soumis
à la torture et principalement le dernier.
Le prêtre du village
Labounilza,
Stavré
Krysteff, fut a t t a q u é en rentrant chez lui par
une bande de brigands du village
Velechla.
Les villageois de Labounitza ayant appris
cela, accoururent au secours du p r ê t r e , qui,
grâce à eux, put é c h a p p e r à la mort. Les bri–
gands r é u s s i r e n t seulement à enlever quel–
ques chevaux du village, qu'ils vendent
encore au ma r c h é de Strouga. Le gouverne–
ment, p r é v e n u , ne défendit pas m ê m e la
vente des chevaux volés.
Une bande enleva le jeune g a r ç o n , âgé
de sept ans, de Imer Démichoff, du village
Velechla,
qui dut donner pour sa r a n ç o n une
somme de 16 livres turques, un cheval et des
v ê t eme n t s . U n chrétien et un Turc sont aussi
e n l e v é s : une r a n ç o n de 80 livres turques est
réclamée pour leur libération. Stoyan Da-
mosky et Nasto Mouratchesky, du village
Vevtchani,
viennent d'être a r r ê t é s ; le pre–
mier est accusé d'être en relations avec les
révolutionnaires, le second d'avoir fait feu
contre une bande de brigands qui l'avait
a t t a q u é .
Dibré. —
Enfin le fameux B i l i a l Balantza,
le fils de Lias Makian, Tahir Tola et quel–
ques autres chefs de brigands viennent d'être
tués. Ce n'est pas trop tôt, c'est le cas de le
dire. B i l i a l Balantza était depuis trente ans
la terreur des villageois et des voyageurs
dans le vilayet de Monastir. Les villages
qu'il a pillés et incendiés dépassent la cen–
taine; tous les villages chrétiens devaient
lui payer des i mp ô t s ; ses victimes se montent
à des milliers. Vos lecteurs doivent se rap–
peler quelques-uns de ses horribles exploits.
Tahir Tola, quoique plus jeune, égalait son
chef dans la c r u a u t é . Tout d e r n i è r eme n t je
vous ai écrit au sujet de ses actes. Je ne me
répéterai pas. Je vous avouerai seulement
que j ' é p r o u v e une vraie joie quand je pense,
en vous écrivant cette lettre, que la mort
peut aussi atteindre des hommes sangui–
naires comme B i l i a l Balantza et Tahir Tola.
Vo i c i dans quelles circonstances ils furent
\
tués :
L a bande du terrible B i l i a l Balantza, com–
posée de cent vingt brigands des plus san–
guinaires se dirigeait le 2 août sur le village
Parechi.
Les villageois ayant appris cela par
leurs bergers, q u i t t è r e n t le village en n'y
laissant que quelques vieillards. Lorsque la
bande installée dans le village, l'eut saccagé,
B i l i a l Balantza demanda aux vieillards le
versement de l'impôt qui l u i était dû par le
village Parechi, les me n a ç a n t de livrer tout
aux flammes s'ils ne s'exécutaient pas dans
deux jours. Pendant ce temps quelques chré–
tiens ayant averti le chel de la milice du
village
Papranilza,
Tahir Boutco, celui-ci
rassembla à la h â t e tous les villageois du
voisinage, se mit à leur tête, demanda des
renforts à Dibré, et cerna le village Parechi.
Le combat dura plusieurs heures au bout
desquelles B i l i o l Balantza, Tahir Tola et
cinquante de leurs hommes furent tués. Ce
n'est pas certainement les troupes qui l'au-'
raient fait —• toutes les plaintes déposées
entre les mains des gouverneurs de Monastir
étaient restées jusqu'aujourd'hui sans c o n s é –
quence.
Resné. —
Le terrible brigand Moukharem
Katchak, après avoir r a n ç o n n é plusieurs
villages de notre arrondissement, parvint à
capturer deux jeunes g a r ç o n s pour lesquels
il demanda une somme de 100 L . T. Les au–
torités prévenues, firent semblant de pour–
suivre la bande de Moukharem mais elles ne
la t r o u v è r e n t pas, certainement. Les parents
des captifs ne pouvant r é u n i r la somme fixée,
on désespérait pour les jeunes g a r ç o n s .
Quelle fut la joie des parents quand on
trouva emp o i s o n n é s , avant le délai fixé, les
dix brigands qui composaient la bande. Les
deux g a r ç o n s rentraient en même temps chez
leurs parents.
*
* *
.
V I L A Y E T DE COSSOVO.
Une répression
terrible est exercée contre les c h r é t i e n s du
villayet de Cossovo et pour la rendre plus
sanglante encore le gouvernement vient de
renforcer les corps de poursuite et les déta–
chements qui campent dans les villages
chrétiens. Des arrestations nombreuses et
des perquisitions suivies de pillages viennent
d'être opérées dans les arrondissements de
Radovich, Malechevo, Kotchani, etc.. Nous
publions plus bas quelques-unes des lettres
qui nous les apprennent. Elles sont trop
éloquentes par les faits qu'elles nous appren–
nent pour que nous ajoutions quoi que ce
soit.
Fonds A.R.A.M