P R O
        
        
          A R M E N I A
        
        
          169
        
        
          les chefs des r é g i me n t s h ami d i é s de Boula-
        
        
          nikh, Manazgerde, Khinouss et Va r t o , qui
        
        
          ont des instructions secrètes, pour toujours
        
        
          être prêts, et le premier signal d o n n é , atta–
        
        
          quer Sassoun. A i n s i , nous sommes dans une
        
        
          position bien difficile. Le gouvernement local
        
        
          fait r é p a n d r e le bruit que les soldats se d i r i –
        
        
          gent vers Merdine, Manazgerde, Diarbékir,
        
        
          etc., alors que tous les préparatifs se font
        
        
          peur bloquer Sassoun ; de même le gouver–
        
        
          nement turc, d'après un ordre supérieur, a
        
        
          informé les tribus kurdes de Sassoun et de
        
        
          l'intérieur de la plaine de Moush, de venir et
        
        
          de s'établir en été avec leurs familles et leurs
        
        
          bestiaux sur les montagnes de Sassoum et
        
        
          de Moush. Ap r è s le massacre de 1894, à Sas–
        
        
          soum, le gouvernement turc, sous l'influence
        
        
          des puissances e u r o p é e n n e s , avait défendu
        
        
          aux tribus kurdes devenir et de s'établir dans
        
        
          les propriétés des Sassouniotes ; car dè s cette
        
        
          époque, on savait déjà que le mobile prin–
        
        
          cipal des querelles et des troubles était les
        
        
          brigandages, les assassinats commis par ces
        
        
          Kurdes nomades qui, établis en été sur les
        
        
          montagnes de Sassoun, avec leurs troupeaux
        
        
          dévastaient c omp l è t eme n t les prairies, les
        
        
          pâturages et les forêts des Sassouniotes. E t
        
        
          voilà comment aujourd'hui le gouvernement
        
        
          turc, lui-même, directement, offre l'occasion
        
        
          pour la lutte entre A rmé n i e n s et Kurdes, afin
        
        
          de pouvoir survenir avec une a rmé e consi–
        
        
          dérable et massacrer les A r mé n i e n s en leur
        
        
          disant : « Vous autres, vous êtes des pertur–
        
        
          bateurs, des révoltés conlre le gouverne–
        
        
          ment, vous ne payez pas l ' imp ô t , vous
        
        
          n'obéissez pas aux fonctionnaires du gouver–
        
        
          nement, vous êtes surtout des sujets
        
        
          infi–
        
        
          dèles et vous gardez des fédaïs parmi v o u s » .
        
        
          Voilà, chers camarades, avant que cette
        
        
          lettre vous parvienne, peut-être y aura-t-il un
        
        
          nouveau massacre épouvantable à Sassoun.
        
        
          Je considère mon devoir accompli en vous
        
        
          déclarant, et par votre i n t e rmé d i a i r e , au
        
        
          monde civilisé tout entier que Sassoum est
        
        
          bltfqué et l a situation es me n a ç a n t e . Les
        
        
          communications sont rompues des quatre
        
        
          côtés; personne ne peut, par aucun moyen,
        
        
          communiquer avec les villages a r mé n i e n s de
        
        
          la plaine de Moush, quelques milliers de cir-
        
        
          cassiens volontaires mêlés aux Kurdes se
        
        
          p r é p a r e n t pour surveiller les défilés et les
        
        
          routes, pour que les Sassouniotes ne puissent
        
        
          pas se sauver et faire entendre leurs cris et
        
        
          leurs protestations devant le monde. A u sud-
        
        
          ouest et au sud-est de Sassoun sont réunies
        
        
          les tribus kurdes sanguinaires, barbares et
        
        
          pillardes de Bélik, Sassoun, Khian, Pakran,
        
        
          Rishkotan, etc., qui attendent journellement
        
        
          l'ordre supérieur, pour commencer les mas–
        
        
          sacres partout.
        
        
          L a situation dans l a plaine de Moush est
        
        
          aussi peu enviable, le prix du pain a com–
        
        
          mencé à hausser: i l n'y a aucune sécurité
        
        
          pour aller d'un village à un autre en plein
        
        
          jour; tout le monde est tellement saisi
        
        
          d'épouvante par les persécutions gouverne–
        
        
          mentales et kurdes qu'on n'ose même pas
        
        
          respirer librement.
        
        
          Dans ce désarroi général, on attend l'ar–
        
        
          rivée dn vali de Bitlis. Ces jours-ci, Vartan
        
        
          Vartabed, a b b é du couvent de Sourp Gara–
        
        
          bed, fut soumis à l'interrogatoire pour avoir
        
        
          r ama s s é des offrandes et du blé de quelques
        
        
          villages; bien que le gouvernement local s û t
        
        
          que les cadeaux r ama s s é s étaient pour le
        
        
          couvent et que Vartan Vartabed n'a pas le
        
        
          cœur, pendant une telle crise, de penser aux
        
        
          souffrances du peuple et à la révolution, i l a
        
        
          agi n é a nmo i n s par ruse, en soumettant Vartan
        
        
          Vartabed à l'interrogatoire pour que personne
        
        
          ne p û t bouger de sa place ou de prendre la
        
        
          plume à la main et décrire le triste état des
        
        
          choses ; on a emp r i s o n n é 25 à 30 personnes
        
        
          innocentes; d'autres emprisonnements sont
        
        
          imminents.
        
        
          Quel sera notre sort, personne ne le sait ;
        
        
          tout le monde répète : «Que Dieu nous pré–
        
        
          serve des plus grands maux ».
        
        
          L I R E :
        
        
          
            L'EUROPÉEN
          
        
        
          Courrier International Hebdomadaire
        
        
          POLITIQUE, DROIT INTERNATIONAL
        
        
          QUESTIONS
        
        
          SOCIALES.
        
        
          LITTÉRATURES, A R T .
        
        
          Direction : V A N D E R V L U G T
        
        
          (
        
        
          Leyde)
        
        
          C h . S E I G X O B O S
        
        
          (
        
        
          Paris)
        
        
          R é d a c t e u r en chef :
        
        
          A . - F E R D I N A N D
        
        
          I I E R O L D .
        
        
          
            24,
          
        
        
          
            rue Dauphine, P A R I S (vi")
          
        
        
          Articles de M M . Frédéric P A S S Y . Francis de P R E S S E N S É ,
        
        
          John.-M. ROBERTSON, D>' M . ' K R O N E N B E R G , A . A U L A R D ,
        
        
          Marcel C O L L I È R E , Xavier de R I C A R D , Raoul A L L I E R ,
        
        
          A n d r é FONTAINAS, Pierre Q U I L L A R D , Georges EEKIIOUD.
        
        
          
            Nouvelles d'Orient
          
        
        
          L E
        
        
          S U L T A N E T L E S P U I S S A N C E S .
        
        
          
            —
          
        
        
          A
        
        
          l'occasion d u v i n g t - s i x i ème anniversaire
        
        
          de l ' a v è n eme n t au t r ô n e de S. M . I. A b d u l -
        
        
          H a m i d , les j ou r n a ux t o l é r é s à Con s t an t i –
        
        
          nople ont c é l é b r é , c omme d'ordinaire, ce
        
        
          glorieux r è g n e , et prenant p r é t e x t e de la
        
        
          visite — non officielle — de l ' e x - g é n é r a -
        
        
          lissime f r a n ç a i s Saussier, de l a venue de
        
        
          l'amiral P a l umb o et de l'arrivée prochaine
        
        
          d'un ami r a l russe, les m ê m e s j ou r n a ux ,
        
        
          avec une v é r a c i t é v r a imen t hami d i enne ,
        
        
          ont d é c l a r é que leGh a z i était aussi a i mé
        
        
          et a d m i r é au dehors qu'en Tu r q u i e . Or ,
        
        
          v o i c i u n a p e r ç u sommaire des conflits o ù
        
        
          i l est e n g a g é en ce moment.
        
        
          Av e c l a F r anc e , quatre conflits d'ori–
        
        
          gine f i n a n c i è r e : 1° à propos de l a S o c i é t é
        
        
          des quais q u i demande, a p p u y é e par
        
        
          l'ambassade, à ê t r e remise en possession
        
        
          de ses droits r é s u l t a n t d u firman d'inves–
        
        
          titure, v u le non-paiement de l ' i n d emn i t é
        
        
          de six cent mille francs, convenue l'an
        
        
          d e r n i e r ; 2° à propos d u n o n paiement de
        
        
          la d e r n i è r e é c h é a n c e T t t b i n i - Lo r a ndo ;
        
        
          3
        
        
          ° avec l a S o c i é t é desMines d ' H é r a c l é e
        
        
          q u i refuse de livrer plus longtemps, au
        
        
          ministre de l a marine Hassan P a c h a , d u
        
        
          charbon q u i n'est point p a y é et q u i s'oppo–
        
        
          sera par l a force à une nouvelle i nv a s i on
        
        
          de ses e n t r e p ô t s (le ministre avait pris ainsi
        
        
          1,300
        
        
          tonnes de charbon); 4° avec M . Ro t i -
        
        
          vier, pour le refus de garantir le service
        
        
          de la dette unifiée.
        
        
          Av e c l ' Au t r i c h e - Ho n g r i e , pour le r è g l e –
        
        
          ment du différend entre la Comp a gn i e des
        
        
          Ch emi n s de fers Orientaux et le gouve r –
        
        
          nement turc : l'ambassadeur demande l a
        
        
          constitution i mm é d i a t e du t r i bun a l d'arbi–
        
        
          trage a n n o n c é l'an dernier.
        
        
          Av e c l a Russie : 1° pour le passage de
        
        
          quatre torpilleurs non a r m é s dans le Bo s –
        
        
          phore, sur le d é s i r personnel du tsar ;
        
        
          bien que cela soit contraire aux t r a i t é s , le
        
        
          Su l t a n semble avoir c é d é ne voulant rien
        
        
          refuser à son cou s i n et a m i ; 2° pou r l'af–
        
        
          faire d u consulat de Mi t r ow i t z a .
        
        
          
            Uexequa-
          
        
        
          
            tur
          
        
        
          a bien é t é d o n n é à M . Sc h t e r b i n , mais
        
        
          Issa Boljetinacz q u i a c h a s s é de la ville le
        
        
          cavas et le domestique de c e l u i - c i venus
        
        
          en fourriers, ne semble pas d i s p o s é à c é d e r
        
        
          et pourrait fort bien tuer le c on s u l , d è s
        
        
          son d é b a r q u e m e n t à l a gare, ainsi q u ' i l l'a
        
        
          promis. I l est fort possible d'ailleurs
        
        
          quTssa soit soutenu s e c r è t e m e n t par H a m i d
        
        
          q u i feint de le b l â m e r .
        
        
          Av e c les six grandes puissances s i gn a –
        
        
          taires du r è g l e m e n t de 1861 pour la n om i –
        
        
          nation du gouverneur du L i b a n : le Su l t a n
        
        
          a p r é s e n t é au dernier moment des c and i –
        
        
          dats inacceptables et profite d'ailleurs d u
        
        
          d é s a c c o r d q u ' i l a su susciter entre les
        
        
          ambassades. Dè s que celles-ci se mettent
        
        
          d'accord su r u n n om , le ministre des
        
        
          affaires é t r a n g è r e s se trouve subitement
        
        
          e m p ê c h é d'assister aux r é u n i o n s .
        
        
          Av e c l'Angleterre, l'Italie, l a G r è c e et
        
        
          b i e n t ô t sans doule avec d'autres puissances,
        
        
          à propos des p ê c h e r i e s : tout en affectant
        
        
          de laisser libres les p ê c h e u r s é t r a n g e r s
        
        
          dans les eaux turques, on leur interdit
        
        
          l'emploi des engins non i n d i g è n e s et sur–
        
        
          tout on les veut soumettre au r é g i m e des
        
        
          t r i bun a ux turcs, ce qu i est en contradiction
        
        
          formelle avec les Capitulations. Enfin avec
        
        
          les r e p r é s e n t a n t s de l ' A l l ema g n e , de l ' A u –
        
        
          triche, de l'Italie et de l'Angleterre au
        
        
          Conseil sanitaire international —et ceux-ci
        
        
          seront soutenus par les ambassades — à
        
        
          propos d'un d é c r e t , a b u s i f sur les qu a r a n –
        
        
          taines.
        
        
          E N
        
        
          M A C É D O I N E .
        
        
          
            —
          
        
        
          O n l i t d a n s l e
        
        
          
            Mouvement Macédonien :
          
        
        
          V I L A Y E T DE S A L ON I QU E .
        
        
          
            —
          
        
        
          L a situation de–
        
        
          vient de plus en plus critique : les combats
        
        
          entre les bandes révolutionnaires et les
        
        
          soldats deviennent plus fréquents et l a r é –
        
        
          pression plus cruelle. Les assassinats et les
        
        
          pillages commis sur l'ordre du gouvernement
        
        
          sont devenus un système de persécution
        
        
          employé sans discrétion. Les arrondisse–
        
        
          ments de Stroumitza, Kotchani, Razlog,
        
        
          Bansco, Tikveche, sont des plus éprouvés.
        
        
          Quelques-unes de nos lettres du vilayet de
        
        
          Salonique nous donnent des renseignements
        
        
          très précis sur les derniers faits qui s'y sont
        
        
          passés. Vo i c i ces lettres :
        
        
          
            Ichlip.
          
        
        
          —
        
        
          Le 28 août, 'quelques soldais
        
        
          p é n é t r è r e n t de force dans l a maison de l a
        
        
          femme Kyssa-Kata et voulurent la violer.
        
        
          Fonds A.R.A.M