d'entretenir la terreur parmi les chrétiens.
Tous les villages de notre arrondissement
furent ainsi visités et plusieurs personnes
arrêtées sur le simple s o u p ç o n qu'auraient
eu les agents du gouvernement sur elles. L a
dernière arrestation est celle de l'instituteur
Dobri Dascaloff.
Gorna Djoumaïa.
—
Les mesures rigou–
reuses que le gouvernement a prises contre
les bandes révolutionnaires n'ont fait qu'aug–
menter le nombre de celles-ci. Depuis quel–
que temps les combats entre les rebelles et
les corps de poursuite sont devenus plus
fréquents et en même temps plus sanglants.
Une bande r é v o l u t i o n n a i r e fît, i l y a quel–
ques jours, la renconlre d'un corps de pour–
suite et l u i livra bataille p r è du village
Boulchino.
Le combat dura plusieurs heures.
Les Turcs, au nombre de cinquante essayè–
rent à trois reprises de prendre la position
des révolutionnaires, mais ils furent toutes
les trois fois repoussés, j u s q u ' à ce que l a
bande pû t se créer passage à travers leurs
rangs pour se retirer dans les montagnes.
Les pertes du côté des Turcs se montent à
une quinzaine de personnes, tandis que les
chrétiens n'ont eu que trois blessés.
Quatre jours plus tard, un autre combat
eut lieu près du village
Gradevo.
L a bande
révolutionnaire qui le livra put se retirer
sans subir aucune perte, tandis que les Turcs
eurent deux des leurs tués et un g r i è v eme n t
blessé.
Après ces combats, le sous-préfet de Djou–
maïa, à la tête de plusieurs d é t a c h eme n t s de
gendarmerie, se rendit dans le village Bout-
chino où i l soumit la plupart des villageois
à la torture, les r a n ç o n n a , opéra beaucoup
de perquisitions et emprisonna une dizaine
de personnes. De là i l se dirigea sur les v i l –
lages voisins avec l'intention de les exécuter.
Mais en route, ayant entendu qu'une nou –
velle bande très nombreuse s'était formée
près de Boutchino, i l rebroussa aussitôt
chemin et retourna sain et sauf à Djoumaïa.
Drama. —
Tout un quartier du village
Volak
fut incendié avant-hier et trois v i l l a –
geois, cinq femmes et un enfant é g o r g é s par
les soldats. Vo i c i dans quelles circonstances
ce massacre eut lieu :
Six révolutionnaires s'étant réfugiés dans
la maison du villageois Janaki Gheurtcheff,
un espion les d é n o n ç a aux soldats du poste
voisin. Aussitôt tous les soldats c amp é s dans
les villages Startchichta, Prossotcheni et
Ghercdjek accoururent au village Volak,
arrêtèrent les trois chrétiens qu'ils rencon–
trèrent : Janaki Gheurtcheff, Mevrodi Stoïa-
noff et le prêtre Triandafile Vyltcheff et cer–
nèrent la maison où s'était cachée la bande.
La bataille c omme n ç a à 11 heures du soir.
Sans donner aucune victime, les révolution–
naires infligeaient des pertes é n o rme s aux
soldats. Ceux-ci, pour se venger, masssacre-
rent les trois chrétiens qu'ils avaient préala–
blement arrêtés et mirent le feu au village,
espérant ainsi avoir raison des révolution–
naires. Mais ces derniers, après s'être battus
toute la nuit bravant les flammes e l l e s balles
turques, purent s'échapper dans la ma t i n é e .
Ils furent poursuivis en plein jour j u s q u ' à l a
forêt et eurent un des leurs seulement blessé,
Alors les soldats r e t o u r n è r e n t au village et
ma s s a c r è r e n t les seuls chrétiens qui y étaient
restés, cinq femmes, parmi lesquelles la
femme du Kodjabachi et un enfant en bas
â g e .
V I L A Y E T DE MO N A S T I R .
—
L a situation est
terrible. Le fanatisme des Turcs est à son
paroxisme et si le massacre général n'est pas
encore c omme n c é , les massacres particuliers
ont d o u b l é . E n môme temps, le brigandage,
e n c o u r a g é par les a u t o r i t é s , pend un d é v e –
loppement au point de menacer les villes
môme , tandis que les soldats p e r s é c u t e n t l a
population c h r é t i e n n e des villages et com–
mettent des horreurs affreuses. A Monastir
même plusieurs procès politiques se d é r o u –
lent. Les bandes révolutionnaires continuent
à livrer bataille aux tyrans.
L a situation générale est pire que jamais.
Quant aux faits récents, voilà ce que nous
apprennent nos correspondances :
Monastir.
—
Des assassinats, des arresta–
tions et des pillages, voilà les nouvelles que
j ' a i à enregistrer pour votre journal. 11 p a r a î t
que je n'aurai, de longtemps, à écrire que
sur des horreurs.
Isliam Tchouche continue ses exploits
dans l'arrondissement de
Kilchevo.
Dernière–
ment, i l a imposé une dizaine de nouveaux
villages, parmi lesquels
Brod, Grechnitza
et
Slatino,
et i l exige 150 livres turques de cha–
cun d'eux, les me n a ç a n t de massacre.
—
Dans le village
Novatzi
furent tués, par
une bande, deux chrétiens.
—
Il y a quelques jours, une bande du
comité musulman tua Mitzko et M i l i Yv a -
novi, qu i se rendaient à Monastir pendant
que la bande guettait le diacre Thomas, de
Kitchevo.
—
Le sanguinaire Bedjeb, ayant enlevé
avec sa bande le jeune homme Tassé Nicoff,
exigea de son père une forte r a n ç o n pour le
relâcher. Le malheureux p è r e vendit tout ce
qu'il possédait à v i l prix et versa la r a n ç o n
entre les mains du brigand. Mais celui-ci, au
lieu de mettre en liberté le captif, le fit déca–
piter devant les yeux du p è r e .
—
Quelques musulmans assassinèrent sans
aucun motif le chrétien Mitre Gheorghieff
Kotchosky, au moment où i l se rendait au
ma r c h é de Monastir.
—
Une bande attaqua deux jours plus
tard trois chrétiens du village
Leskovo,
en
tua l'un, Gheorghi Yvanoff et blessa les
deux autres, Vassil Ylieff et Kouzman Ka r a -
filoff.
—
Le fameux B i l i a l Balantza enleva du
village
Smilevo
les habitants Stoïtché Ogne-
noff, Bisté Fidanoff et Vélé Dimoff.
—
Quelques Turcs du village Pribiltzi as–
s a s s i n è r e n t le villageois do Ednakovtzi,
Bisté Lozanoff.
—
Bisté Gheorghieff, du village
Djovan,
fut é g a l eme n t assassiné par quelques Turcs
de Obednik. Inutile de dire que pas un as–
sassin n'a é t é poursuivi.
Resné.
—
Plusieurs corps de poursuite
parcourent notre arrondissement et y c om–
mettent des horreurs. Après les viols suivent
les pillages, les arrestations, les tortures.
Pour trouver des armes, les soldats perquisi–
tionnent toutes les maisons, creusent dans
les cours, d émo l i s s e n t les toits. Dernière–
ment quelques d é t a c h eme n t s c e r n è r e n t les
villages
Tzaredvor Zlatoki, Kriveni,
où ils
visitèrent la plupart des maisons et fustigè–
rent tous les habitants, sans é p a r g n e r les
vieillards.
Quelques chrétiens furent tellement tor–
turés que leur vie est en danger. Parmi eux
se trouvent le prêtre Gheorghi et son frère
Stefan Popovsky.
Prespa.
—
Une bande de brigands p é n é t r a
il y a une dizaine de jours dans le couvent
du village
Slivnitza.
Les Turcs n'ayant pu
trouver de l'argent dans les caisses, ligottè-
rent le moine Gavril et le soumirent à une
torture atroce, afin qu'il leur découvrît la
cachette. De l'argent, i l n'y en avait point au
couvent. Quand les autorités apprirent cela,
elles expédièrent plusieurs d é t a c h eme n t s de
gendarmerie dans les villages voisins, avec
ordre d'y a r r ê t e r tous les chrétiens suspects
et de les inculper dans l'assassinat et le p i l –
lage commis par la bande,
V I L A Y E T DE Cossovo. —AT e t o v o , Gostivar,
Malechovo, Prechevo, les bandes de bri–
gands imposent les villages chrétiens et les
pillent, enlèvent ou assassinent les voya–
geurs. Les chemins sont devenus impratica–
bles, si grande est l a terreur que ces bandes,
p r o t é g é e s par les hauts fonctionnaires, r é –
pandent. A Badoviche, Chtip, Koumonovo,
des d é t a c h eme n t s de poursuite campent
dans les villages, perquisitionnant les ma i –
sons, violant les femmes, torturant, assas–
sinant. Tout le vilayet gémit sous le r é g ime
atroce qu'entretient le gouvernement. Les
lettres que nous avons reçues de Cossovo
contiennent des faits précis. Nous regret–
tons que le manque de place nous oblige de
n'en insérer i c i que la suivante :
Koumanovo.
—
U n combat sanglant fut
livré cette semaine entre une bande révolu–
tionnaire et les r é g i me n t s turcs. L a bande,
composée d'une quinzaine de villageois, p é –
n é t r a dans le couvent
Saint-Prokhor-
Ptchinsky
pour prendre des vivres. Mais elle
fut a p e r ç u e par un espion qu i alla la d é –
noncer aux autorités. Aussitôt un r é g i me n t
fut expédié au couvent qui, renforcé par les
bachibozouks, attaqua la bande. Le combat
fut long et meurtrier. Di x r é v o l u t i o n n a i r e s
furent tués et un blessé ; les quatre qu i sont
restés vivants purent s'échapper. Une v i n g –
taine de soldats furent tués.
L'impression que ce fait produit est salu–
taire. Les chrétiens, loin de perdre courage,
sont devenus plus audacieux et de nouvelles
bandes sont déjà formées. I l est vrai que les
mesures que le gouvernement turc prend
pour r é p r i me r le mouvement r é v o l u t i o n –
naire sont pour beaucoup dans la formation
des bandes : les villageois ne trouvent que ce
Fonds A.R.A.M