ferme. I l avait c e s s é de p r é s i d e r les
c é r émo n i e s religieuses et n'avait pas
officié le j ou r de la fête du
Vartavar.
L'anniversaire de l ' a v è n eme n t imp é r i a l
approchait et i l n'y aurait personne à
Ko um- Ka p o u pour appeler sur la t ê t e
de l ' Ego r geu r de trois cent mille A r mé –
niens, la b é n é d i c t i on du ciel ; ou bien
il faudrait, la vacance d é c l a r é e , nommer
un
locum tenerts,
quelque
c r é a t u r e
infâme comme cet é v ê qu e Ba r t ho l o -
mé o s qu i , en 1896, au lendemain des
massacres de Constantinople, p r onon –
çait l'éloge de l 'As s a s s i n et excom–
muniait les d é f e n s e u r s du peuple.
Ham i d ne tenait pas à faire constater
ainsi publiquement que ses victimes
é t a i en t assez peu satisfaites de l u i ,
pour que le chef élu de leur c ommu –
n a u t é se c r û t ob l i gé de quitter le siège
patriarcal. Il n ' é t a i t pas sans a p p r é –
hension non plus sur les r é s u l t a t s d'une
élection nouvelle qui eû t ame n é à
Constantinople des é v ê q u e s des pro–
vinces toujours
ma r t y r i s é e s ;
ces
hommes, si timides qu'ils fussent,
auraient p a r l é , dit la d é t r e s s e c r o i s –
sante de leurs frères, et leur voix, de
g r é ou de force, aurait été entendue
par les ambassades. I l savait d'autre
part q u ' à Smyrne plusieurs mouchards
A rmé n i e n s avaient été e x é c u t é s au
mois d ' a oû t .
E n maintenant sa d émi s s i o n , le P a –
triarche Ormanian, par la seule force
de la r é s i s t a n c e passive, i nqu i é t a i t ter–
riblement l ' ha l l uc i né d ' Y l d i z . Ce l u i - c i
se décida à c éde r , au moins en appa–
rence.
L e 20 a oû t , Sermed bey, de la direc–
tion des cultes, se rendait à Ko um -
Ka p o u et « transmettait les félicitations
de S. A . Abd - u l -Rahman pacha, m i –
nistre de la justice et des cultes à
S. B . Mg r Ormanian, à l'occasion de
sa fête onomastique. »
C'était une ma n i è r e de r é e n g a g e r
les conversations interrompues.
L e 26 août, en effet, le patriarche
était a pp e l é au Palais et le premier
s e c r é t a i r e Tahsin-bey l u i dé c l a r a i t au
nom du Sultan que les mesures d'excep–
tion contre les A rmé n i e n s seraient
r a p p o r t é e s , si le Patriarchat pouvait se
porter garant d e l à conduite future des
A rmé n i e n s et donner l'assurance que
cet acte n'aurait pas de dangereuses
c o n s é q u e n c e s . L e lendemain 27, le
Conseil mixte, l a ï qu e et e c c l é s i a s t i qu e ,
r é un i au patriarchat signait une adresse
de loyalisme et de fidélité qui était
e n v o y é e au Pa l a i s .
Cependant Mg r Ormanian refusait
toujours de reprendre ses fonctions,
tant qu'il n'aurait pas des preuves
réelles des bonnes intentions du S u l –
tan. C'est alors qu ' i l l u i fût promis
qu'un i r adé serait p r omu l g u é le 1
er
sep–
tembre, ratifiant les engagements du
Souverain et a u s s i t ô t , d è s le 28 aoû t ,
un article de la
Neue Freie
Press,
reproduit par de nombreux journaux
de langue allemande, d é c l a r a i t pos–
sible la solution de la question a r mé –
nienne. L e patriarche semblait par sa
p e r s é v é r a n c e , avoir obtenu des con–
cessions importantes. I l fit i n s é r e r dans
les journaux, un avis officiel ainsi
conçu :
Le lundi 19 courant, à l'occasion de l'anni–
versaire de l'avènement au t r ô n e de Sa Ma –
j e s t é le Sultan un c é r émo n i e solennelle sera
célébrée à l'église c a t h é d r a l e . Sont invités?
ce même jour, à 3 heures, au Patriarchat,
tous les évêques, curés et prêtres, ainsi que
les notables et les membres des Conseils du
Patriarchat.
Selon une note é g a l eme n t officielle,
parue dans
YArevelk,
un des journaux
de langue a rmé n i e n n e t o l é r é s en Tu r –
quie, la c é r émo n i e a n n o n c é e eut lieu et
le Patriarche y donna connaissance
avec les circonlocutions d'usage, de
l'accord intervenu. V o i c i cette note :
A l'occasion de l'avènement au t r ô n e de
Sa Majesté le Sultan, des p r i è r e s ont été
p r o n o n c é e s aujourd'hui, à 3 heures, dans
l'Eglise c a t h é d r a l e . A la fin de la cérémonie,
le Patriarche est mo n t é en chaire et a fait
un sermon dans lequel i l a mo n t r é que,
d'après l'ordre apostolique, i l faut prier pour
les rois et les princes. Le Patriarche a
déclaré que chacun avait sa part de devoir
à ce sujet.
A cette occasion, le Patriarche a commu–
n i q u é aux. fidèles les salutations et les
faveurs de Sa Majesté le Sultan. Il a insisté
sur les sentiments de fidélité du peuple
A rmé n i e n et i l a rappelé sa reconnaissance
envers Sa Majesté le Sultan. Il a insisté
é g a l eme n t sur les ordres des a p ô t r e s et des
Pères de l'Eglise et a exhorté, à celte occa–
sion, les fidèles à prier toujours pour la vie
de Sa Majesté le Sultan. Il a fait des vœu x
pour la vie de Sa Majesté, en demandant
que le t r ô n e de Sa Majesté fut le refuge et
la protection du peuple A rmé n i e n .
Depuis lors, une d é p ê c h e du 4 sep–
tembre annonce qu ' à cette date Tirade
rapportant les mesures extraordinaires
n ' é t a i t pas encore sorti et « que les
A rmé n i e n s accusant M
g r
Orman i an de
les avoir t r omp é s d'accord avec le
Palais insistaient vivement pour ob –
tenir sa d émi s s i o n définitive et sa re–
traite dans un couvent de province. »
II faut donc c o n s i d é r e r deux alterna–
tives : ou Tirade promis a été ou sera
p r omu l g u é , ou en effet le Sultan ne le
promulguera pas et a t r omp é le P a –
triarche.
Dans l a p r em i è r e alternative, l'éner–
gie du Patriarche aura été s e c o n d é e
par l'agitation e u r o p é e n n e en faveur
des A r mé n i e n s et par l'envoi des
consuls f r a n ç a i s , anglais et russes à
p r o x imi t é du Sassoun et, selon sa c o u –
tume, Ham i d aura feint d'accorder,
avant que la diplomatie ne les l u i de–
mande ou ne les l u i impose les pre–
mi è r e s mesures de r é p a r a t i o n . Il e s p è r e
aussi avoir beau jeu pour r é p o n d r e
qu ' i l a été au-devant des d é s i r s qu'on
lui manifeste.
Ma i s on sait que les i r a d é s demeu–
rent fort bien lettre morte. C'est au
Patriarche de veiller à ce que celui-ci
soit effectivement e x é c u t é . Il a en
main tous les documents n é c e s s a i r e s
pour c o n t r ô l e r les mensonges p r oba –
bles des a u t o r i t é s turques, à savoir :
1
° un é t a t des ém i g r é s qu i ont p a s s é en
Bussie ou ailleurs; 2° un é t a t des con –
versions f o r c é e s ; 3° un (Hat des p r i –
sons. Su r ce dernier point, on doit
rappeler qu'en 1896, i l y avait au
moins 10,000 prisonniers politiques.
Ap r è s l'amnistie, ils furent r e l â c h é s
dans les proportions suivantes :
E r z e r oum. 226 prisonniers, 186 l i b é r é s .
M o u s h . . . . 125
109
Bitlis
140
115 —
Ma i s les plus importants d é t e n u s
politiques ont é t é g a r d é s ; par exem–
ple : Hampa r t zoum Boyadjian, l ' h é –
r o ï q u e Mou r a d de la r é s i s t a n c e sas-
souniote est toujours prisonnier aux
frontières sud de la Tr i po l i t a i ne . E t
depuis 1896, les prisons se sont rem–
plies à nouveau, si bien qu'aujourd'hui
on peut é v a l u e r à cinq mille environ
le nombre des d é t e n u s politiques. L e
Patriarche devra donc s'assurer que
les prisonniers ont é t é r e l â c h é s , que
les ém i g r é s sont r e n t r é s dans leurs
maisons et dans leurs champs, que
les A rmé n i e n s convertis de force ont
été à nouveau inscrits sur les registres
de la nation. Quant à la question de
circulation, i l peut de m ê m e se rendre
compte que d é s o r ma i s les a u t o r i t é s ne
refusent plus de passe-poits en i n v i –
tant ses
araehnortes
à l u i signaler tous
Fonds A.R.A.M