D E U X I È M E A N N É E .
N° 17.
Le Numéro : France, 40 cent. — Etranger : 50 cent.
10
A O Û T
1902.
Pro Armenia
R é d a c t e u r en Chef :
P i e r r e Q U I L L A R D
Adresser tout
ce qui concerne la Direction
à M. Pierre QU I L L ARD
Î O , T t u e ISTollet, P a r i s .
A B O N N E M E N T S :
Paraissant
le io et le 25 de chaque mois
France . . .
Etranger.
Î O
COMITÉ D E RÉDACTION :
G. Clemenceau, Anatole France, Jean Jaurès
Francis de Pressensé, E. de Roberty
S e c r é t a i r e de r é d a c t i o n :
J e a n
L O N G U E T
A D M I N I S T R A T I O N :
Rue Monsieur-le Prince, 10
P A B I S (6e)
Le samedi, de 11 heures à midi.
A B O N N E M E N T S :
France
8 »
Etranger
l O »
PRO
ARMENIA
est en vente:
A l
'
Administration,
10,
r. Monsieur-le-Prince;
Chez
Brasseur,
Galeries de l'Odéon ;
Boulinier,
19,
boulevard Saint-Michel ;
A la Société Nouvelle de Librairie, 17, rue Cujas;
A u
Kiosque 23,
boulevard des Italiens;
117,
boulevard des Capucines;
27,
boulevard Montmartre;
Chez
Blancard,
à Marseille;
Cohen,
à Montpellier;
Eggimann,
à Genève.
S O M M A I R E
:
La démission du patriarche Ormanian. — L a Quinzaine :
L'Allemagne. et la Question a r m é n i e n n e (PIERRE
Q U I L L A R D ) .
Lettres de Mersine, de Guirasson, de
Trébizonde et de Sigherte — Nouvelles d'Orient : Les
émigrés ; E n Macédoine ; E n Albanie.
Dépêche de la dernière heure
A u moment de mettre sous presse, nous
recevons la d é p ê c h e suivante :
Tauris, 7 août 1902.
Le gouvernement de Moush a e n v o y é
à Sassoun cinq bataillons de soldats.
On a d o n n é des instructions aux achi-
rets qui pass2ront l'été à Sassoun, de
venir sans leurs familles. Communica-
tionsrompues entre Sassoun et Moush.
Grande agitation.
La
démission du
patriarche
O rma n i a n . —
Le patriarche
Ormanian
a envoyé sa démission
à la Porte le
2
août. Il donne comme motifs de sa
résolution que le Gouvernement turc ne
veut pas rapporter les mesures extra–
ordinaires
qui interdisent aux
Armé–
niens de circuler et cpie nul autre moyen
ne lui reste de protester contre les con–
versions forcées
où sont obligés
de
nombreux
Arméniens.
Déjà, à plusieurs reprises,
lepatriar-.
che Ormanian avait donné puis repris
sa démission.
Pour qu'un homme aussi
conciliant que lui et qui avait appris à
Borne l'art des combinaisons se retire
ainsi, il faut, en effet, que la situation
soit devenue intolérable ; il était mieux
que personne à même de connaître,
par
les rapports des provinces, la
détresse
infinie de son peuple.
LA QUINZAINE
L'Allemagne et la Question arménienne
Tandis qu'en Al l emagne des hommes
politiques, des juristes et des savants
de haute valeur envoyaient leur a d h é –
sion au Co n g r è s de Bruxelles et t émo i –
gnaient de leur sympathie pour les
souffrances des A rmé n i e n s , un c om–
mu n i q u é du
Berliner Tagblat,
d'appa–
rence officieuse, faisait, entendre que le
Gouvernement allemand n'accorderait
aucun appui aux r é s o l u t i on s é v e n t u e l l e s
du Co n g r è s et que d'ailleurs celui-ci
avait été o r g a n i s é et serait d i r i g é par
des « meneurs » français.
Pa r contre, la presse allemande, plus
qu'aucune autre, fut h o s p i t a l i è r e aux
comptes rendus des s é a n c e s tenues à
Schaerbeek et la
Gazette de
Francfort,
qui avait pris soin d'y d é l é g u e r un cor–
respondant s pé c i a l , a d o n n é , en trois
importants articles, un a p e r ç u exact des
faits et une i n t e r p r é t a t i o n fidèle des
paroles p r o n o n c é e s . Ma i s i l resLe bien
que la note du
Berliner Tagblalt
sem–
blait bien exprimer, b r i è v eme n t et dis-
courtoisement, l'opinion p r em i è r e de
l 'Al l emagne officielle qui n'est peut-
ê t r e plus l'opinion actuelle de la même
Al l emagne .
L a
Gazette de Cologne,
en deux ar–
ticles du 19 et du 20 juillet, p a r a î t avoir,
à sa ma n i è r e , e xpo s é ces deux opinions
successives et divergentes. L e fait est
assez singulier et significatif pour que
nous croyions utile de r é s ume r ces
deux articles plus fidèlement que ne
l'ont fait certaines
d é p ê c h e s
des
agences, qui ont l a i s s é de cô t é celui
du 20 juillet moins favorable que le
p r é c é d e n t aux t h é o r i e s p r o p a g é e s en
Europe par les ambassadeurs et nou–
vellistes du Sultan.
L e 19 j u i n , la
Gazette de Cologne
constate, elle aussi, que les F r a n ç a i s
et les Belges se sont taillé la part du
l i on dans cette r é u n i o n internationale
et que le ministre d'Etat Lejeune y
assistait d'une façon choquante. D ' a i l –
leurs ce Co n g r è s , où les d é l é g u é s ne
r e p r é s e n t e n t pas leurs gouvernements
mais e u x -même s ou des groupes par–
ticuliers, n'a pas de signification bien
s é r i e u s e . On y a dé l i bé r é en mé c o n –
naissant la situation réelle du p a y s :
les A r mé n i e n s sont d i s p e r s é s dans tout
l'empire et si l'on voulait mettre en
action les demandes du Co n g r è s , les
Kurdes apprenant que le Sultan n'est
plus le ma î t r e en Armé n i e , extermine–
raient tous les A r mé n i e n s , sans se
soucier autrement d'une autonomie de
papier et d'un gouverneur e u r o p é e n .
P a r contre, on aura ainsi excité encore
le mé c o n t e n t eme n t du Sultan et des
a u t o r i t é s turques contre les A r mé n i e n s .
L a Turqu i e ne peut pas admettre que
les Co n g r è s é t r a n g e r s se mê l e n t de ses
affaires i n t é r i e u r e s , et ce serait p l u t ô t
aller contre sa bonne vo l on t é pour les
Fonds A.R.A.M