très bon ma r c h é cette année. Je vous dirai
plus bas quelle sera la somme qui entrera
ainsi dans la caisse de Hassan pacha ; on
pense que la somme produite par la mise
aux enchères des peaux de moutons attein–
dra plus de 100,000 livres. Remarquez que
cette a n n é e , exceptionnellement, une foule
é n o r me de pèlerins ont visité les saints lieux;
les journaux donnent le chiffre de 300,000 pè–
lerins ; d'un autre côté, songez que chaque
pèlerin doit faire le sacrifice d'un mouton au
moins, de sorte que, si nous acceptons le
chiffre de 300,000 pèlerins comme authen–
tique, pour peu que quelques-uns sacrifient
plus d'un mouton, i l y aura 400,000 moutons
d ' é g o r g é s ; en évaluant à 10 piastres le prix
de chaque peau, i l y a un produit de
40,000
livres, rien que par les peaux des
moutons é g o r g é s par les pèlerins ; si d'un
autre côté nous évaluons à 1,000,000, au
moins, le nombre des moutons é g o r g é s dans
toute la Turquie, nous trouverons un pro–
duit de 100,000 livres ; ainsi, d'après notre
calcul, le produit du prix des peaux des mou–
tons é g o r g é s à l'occasion du Bayram attein–
dra le chiffre de 140,000 livres. Comment ces
sommes considérables seront-elles em–
ployées? Depuis des mois on parle de la
construction du chemin de fer, mais jusqu'ici
il n'y a encore que. quelques kilomètres de
faits contre les d é p e n s e s mo n t r é e s . Peuple
naïf!...
—
A l'occasion des tremblements de terre
à Erzroum et à Tchangiri, le gouvernement,
dans le but de porter des secours aux sinis–
trés, a c omme n c é à retenir une partie des
appointements des fonctionnaires ; plût à
Dieu que ces sommes fussent emp l o y é e s
pour le but visé !
—
Il paraît que l'année passée, grâce à la
faiblesse et l'insouciance des fonctionnaires,
le revenu de la perception de l'impôt de la
dîme n'a pas été suffisant. L a Sublime Porte,
sur la réclamation du ministre de finances,
a envoyé des ordres de surveiller d é s o rma i s
sévèrement sur les formalités de la mise aux
enchères de la d î me . Ceci, dans notre lan–
gue, signifie opprimer le* peuple, le d é –
pouiller, et ouvrir la porte de nouvelles
amertumes et de misère. Je vous envoie le
nouveau r è g l eme n t pour la perception, que
le gouvernement vient de faire paraître. Il
suffit de jeter un coup d'oeil sur les dispo–
sitions de ce r è g l eme n t , pour se faire une
idée des souffrances, des oppressions, des
préjudices subis par les paysans qui vivent
en Turquie.
Ce règlement contient sans doute des dis–
positions qui sont tracées en détails, pour
prendre les devants des abus, des illégalités,
mais les p r o c é d é s de perception sont telle–
ment sévères, qu'en prenant en considération
la misère actuelle, on peut songer à la triste
situation qui sera faite aux malheureux
paysans, si la perception se fait avec la sévé–
rité des dispositions tracées. Mais pour nous
il est simple de penser que les percepteurs
seront plus sévères et plus sans pitié. Ce
règlement contient des dispositions qui
d émo n t r e n t que dans le passé, nombre
d'abus ont eu lieu. En Armé n i e , les per–
cepteurs ont plein pouvoir ; ils sont capables
de toute injustice ; les coups, l'emprison–
nement, la mise en vente des marchandises,
injustement, ont lieu à chaque moment. Les
dispositions favorables de la loi ne seront
point prises en considération pour nous ;
elles ne seront point e x é c u t é e s ; mais les
sévérités de la loi seront exécutées avec une
rigueur abusive; les prisons seront remplies,
les familles tomberont dans la détresse et la
misère, les champs seront a b a n d o n n é s , la
misère augmentera, et les ém i g r a t i o n s
auront lieu dans d é p l u s amples proportions.
—
On commence a rassembler des soldats
dans la province de Smyrne pour les
envoyer en Albanie ; i l y en a déjà i c i un
assez grand nombre ; on les enverra succes–
sivement en Albanie, pour mettre à la raison
les Albanais.
—
L a police de notre endroit faisant irrup–
tion, soudain, dans les cafés turcs, a arrêté
des softas en assez grand nombre ; ils étaient
porteurs de beaucoup d'armes, de revolvers
et d'épées ; nous ne connaissons pas encore
le motif de ces arrestations.
»
N o u v e l l e s
d ' O r i e n t
M .
L O U B E T
E T L A
P R E S S E
T U R Q U E .
Le p r é s i d e n t de l a R é p u b l i q u e f r a n ç a i s e
est, de la part de la presse turque, l'objet de
p e r p é t u e l l e s calomnies et diffamations.
N a g u è r e les j o u r n a u x de Con s t an l i nop l e l u i
p r ê t a i e n t des propos extravagants à la
gloire des finances turques. Pendant son
s é j o u r en Ru s s i e , i l s se sont pe rmi s de p u –
blier l'extraordinaire note que v o i c i :
L ' A M I S A S S A D E
O T T O M A N N E
A
S T - P K T E K S B O U R G
On télégraphie de S a i n t - P é t e r s b o u r g que
M. Loubet, président de la Ré p u b l i q u e fran–
çaise, s'est rendu à l'ambassade ottomane et
y a d é p o s é sa carte.
Si pendant son bref s é j o u r à S a i n t - P é –
tersbourg, M . Loub e t s'est o c c u p é de la
Tu r q u i e et de son sanglant souverain, ce
n'est pas, on aime à le croire, pou r perdre
son temps en visites courtoises auxquelles
il n ' é t a i t pas o b l i g é . Il aurait p l u t ô t p e n s é
à attirer l'attention de l'empereur « ami et
allié », sur l'état des provinces a r m é n i e n n e s
q u i n'est g u è r e conforme à ces principes
d ' h u m a n i t é et de justice dont i l fut p a r l é ,
à C o m p i è g n e , avec tant de chaleur et de
s i n c è r e é n e r g i e ; et le p r é s i d e n t et le tzar
auraient é v i d e mm e n t c o n s i d é r é qu ' un tel
é t a t de choses menace à tout instant cette
paix e u r o p é e n n e dont ils ont si g r and
souci.
L A
Q U E S T I O N D E S P A S S E P O R T S .
—
A u com–
mencement de ma i , le patriarche O r m a -
n i a n avait fait une nouvelle d é m a r c h e au
sures de police q u i , depuis six ans, em-
Palais pour demander l'abolition des me-
p è c h e n t les A r m é n i e n s de c i r c u l e r libre–
ment. Ses r e p r é s e n t a t i o n s n'ont eu, bien
entendu, aucun effet et i l a p a r l é une fois
de plus, de donner sa d ém i s s i o n , s'il n ' é t a i t
point fait droit à sa r e q u ê t e .
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est peu probable que ses d o l é a n c e s
soient é c o u l é e s , fussent-elles a p p u y é e s par
des d é m a r c h e s s i mu l t a n é e s de S. L . Z i n o -
wiefl, ambassadeur de Ru s s i e . E n effet, le
gouvernement h ami d i e n s'est avisé d'éten–
dre aux autres populations de l'empire l'in–
terdiction de c i r c u l e r : Albanais, Ku r d e s ,
Lazes, Arabes sont astreints en principe à
ne plus bouger de leurs villages ou de leurs
campements. Il s'ensuit que le commerce,
les chemins de fer et les Compagn i e s de
navigation souffrent de plus en plus et que
les contribuables des pays pauvres, q u i
avaient l'habitude d'aller gagner ailleurs
quelque argent, ne peuvent plus du tout
payer l ' i mp ô t . L e vali de Ko s s owo a a t t i r é
sur ce point l'attention de la Porte et la
mesure a é l é r a p p o r t é e pour son village.
On peut croire qu'elle le sera de m ê m e
partout où i l n'y a pas d ' A r m é n i e n s : mais
H a m i d se sera d o n n é l'apparence de ne
pas maltraiter plus p a r t i c u l i è r e m e n t les
A r m é n i e n s en feignant de l ' é t e n d r e à tous
ses sujets; et les diplomates e u r o p é e n s au–
ront ainsi u n bon p r é t e x t e pou r ne rien
faire qui puisse léser les droits l é g i t i me s
d'un souverain aussi imp a r t i a l .
E N
M A C É D O I N E .
—
Il est convenu que
g r â c e à S. M . I. le sultan l'ordre le plus
parfait r è g n e en Ma c é d o i n e , comme d'ail–
leurs en A l b a n i e , en Epire et m ê m e à T r i –
poli et dans l ' Yéme n . On en douterait à
prendre connaissance des mesures de po–
lice et des p r é c a u t i o n s militaires prises par
les a u t o r i t é s des trois vilayets et que relaie
Die Information
de Vienne, avec son o r d i –
naire p r é c i s i o n . Ces nouvelles concordent
d'ailleurs avec celles q u i ont été d o n n é e s
ici dans les d e r n i è r e s lettres de Smy r n e
et m ê m e dans certaines notes des j o u r n a u x
turcs; c'est ainsi qu'on litdans
XOfficiel
de
Monastir :
En vue d'assurer davantage la tranquillité
et la sécurité de la population de Monastir,
il a été décidé de renforcer l'effectif de la
gendarmerie de 450 hommes, dont 160 à che–
val. L'effectif de la police sera a u gme n t é de
dix agents et de six commissaires.
Une commission placée sous la p r é s i d e n c e
du vali, a p r o c é d é au choix de ces nouveaux
agents de la sûreté.
De toutes les parties de l'empire, Eu r op e
et As i e , des troupes sont e n v o y é e s à l a
frontière bulgare et les districts de Ge v -
geli, Ne v - Go r i t z a , Macolovo, Stojacovo,
Roritza, Rogd a n z a , sont o c c u p é s par des
d é t a c h e m e n t s importants.
Il va de soi que des perquisitions j o u r –
n a l i è r e s sont p r a t i q u é e s dans les maisons
Fonds A.R.A.M