bulgares e l grecques et que tout d é t e n t e u r
d'armes est a u s s i t ô t c h â t i é .
Ap r è s le p r o c è s des gens de S t r ô umn i t z a
(4
condamnations à mo r t par contumace,
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à la d é t e n t i o n p e r p é t u e l l e , 10 à dix ans,
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à six ans, 7 à deux ans de prison, 6 ac–
quittements), de partout sont a n n o n c é e s
des a t r o c i t é s nouvelles.
A Monastir, deux Bu l ga r e s s o u p ç o n n é s
d'avoir a s s a s s i n é un T u r c , ont é t é t u é s
dans l a p r i s on a p r è s avoir subi de longues
et savantes tortures.
A Ge v g é l i , i n c a r c é r a t i o n de v i ng t B u l –
gares q u i ont é t é terriblement ma l t r a i t é s .
A Sucajevic, un professeur bulgare est
a r r ê t é , refuse de trahir ses soi-disant c om–
plices et est t o r t u r é de telle m a n i è r e q u ' i l
devint fou.
Cependant, en dehors m ê m e de l'action
du C om i t é m a c é d o n i e n , q u i n'est point une
action nationaliste, la propagande bulgare
proprement dite ne s ' a r r ê t e pas en Macé–
doine : la fondation d'écoles et d'orpheli–
nats, de banques et de S o c i é t é s d'assuran–
ces est m e n é e s i m u l t a n é m e n t . C'est ainsi
qu ' un g r a nd nombre de l o c a l i t é s passent
du Pa t r i a r cha t grec à l E x a r c h a t bulgare.
Les He l l è n e s , de leur c ô t é , t â c h e n t de re–
gagner le terrain perdu, des notables ont
mis de fortes sommes à la disposition du
Patriarchat pour construire des écoles à
S t r umn i t z a , Gevgeli et Jenitza. Reste à
savoir si ces é c o l e s auront plus de s u c c è s
que celles de Do ï r a n , où cinq cents livres
turques furent d é p e n s é e s en pure perte.
Ces rivalités entre les diverses nations
q u i souffrent d'un j o u g c ommu n , ne ser–
vent d'ailleurs q u ' à consolider p r ov i s o i r e –
ment le r é g i me h ami d i e n : le Su l t a n en use
à merveille pou r son profit personnel.
C'est ainsi qu'au momen t où une entente
semblait probable entre Bulgareset Serbes,
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a t r o u v é moyen de surexciter les rivalités
de race en soulevant l'affaire F i r m i l i a n . Il
p a r a î t bien, d'ailleurs, q u ' i l dupera tout le
monde, aussi bien les Serbes et leurs pro–
tecteurs russes à qu i i l promet l ' i n t r on i s a –
tion au mô t r o p o l i l e F i r m i l i a n (sans que, de
la promesse i l ait encore p a s s é à l'acte) que
les Bu l ga r e s à q u i i l parle d'accorder de
nouveaux b é r a t s é p i s c o p a u x en Ma c é d o i n e .
Les Bu l ga r e s semblaient, en effet, fort
excités, voilà quelques semaines,
L e u r
irritation était telle qu'ils parlaient de
quitter l'orthodoxie pour se faire catho–
liques, et obtenir ainsi le protectorat au –
trichien. A l a fin d'avril, leur c o mm u n a u t é
d ' Us k a b était allée en d é l é g a t i o n chez le
Co n s u l d ' Au t r i c h e -Ho n g r i e pour l u i de–
mander les voies et moyens à employer
afin de se convertir en masse à l ' Ég l i s e
romaine et M . Stejan Sc h a ngow é c r i v a i t
dans un j o u r n a l de Sofia des pages dans
la m a n i è r e de celle-ci :
L a Russie s'est d o n n é pour mission d'a–
n é a n t i r en Macédoine toute la population
bulgare. Depuis vingt ans tous les consuls
russes travaillent s y s t éma t i q u eme n t contre
la société bulgare en Macédoine et veulent
faire de la moitié de la population des Serbes,
de l'autre moitié des Hellènes. Dans la ques–
tion des évoques bulgares non seulement la
Russie n'a pas voulu nous aider, mais elle a mis
sur notre route tous lcsobstacles possibles. S i
ma l g r é cela nous avons g a g n é sept dizièmes
bulgares en Macédoine, nous le devons à la
politique de Stambouloff et à l'appui des
puissances occidentales.
Maintenant la Russie veut supprimer l'e–
xarchat bulgare afin que le patriarchat grec
qui est à vendre donne à la population ma–
c é d o n i e n n e des évoques de l'espèce de F i r –
milian. L'ambassadeur russe a déjà deux
ou trois fois d o n n é carte blanche à la Tu r –
quie pour a n é a n t i r en Macédoine tous tes
Rulgares qui ne veulent pas devenir serbes,
et si nous n'avons pas assisté encore à un
massacre général des Rulgares, nous le
devons aux puissances c h r é t i e n n e s non
orthodoxes : car ni la protestante Angle–
terre ni la catholique Autriche ne montrent
à persécuter les Rulgares autant de férocité.,
que la Russie orthodoxe et de môme sang.
Si la Russie aime maintenant tous les
Serbes, si elle veut faire de la Serbie un
grand état s'étendant j u s q u ' à la mer, pour–
quoi donc ne se tourne-t-elle pas du côté où
est la vraie force serbe, vers la Rosnie,
l'Herzégovine, le Mo n t é n é g r o , la Dalmatie,
et pourquoi veut-elle nous
serbiser
de force?
Dans une telle situation'nous devons faire
ce que nos a n c ê t r e s ont fait sous le Zar
Roris ; nous unir avec l'Église catholique
sous la protection de la sage Autriche. Les
Latins, en Albanie sont, en comparaison de
nous, fort heureux, car ils sont sous la pro–
tection de l'Autriche.
Depuis les Bu l ga r e s d ' U r k u b et de
Sofia se sont u n peu c a l mé s : ils ne parlent
plus de se convertir tout de suite à l ' Ég l i s e
latine. Mais i l est aisé d é j u g e r que, g r â c e
à l'affaire F i r m i l i a n , les ruses d ' Ham i d
entretiendront pendant quelques temps
encore les a n imo s i f é s et les suspicions
entre les n a t i o n a l i t é s de Ma c é d o i n e , au
grand d é t r i m e n t de l ' h um a n i t é . V o i c i o ù
en sont les choses, à ce j ou r , d ' a p r è s une
correspondance d u
Temps :
Il se produit dans cette affaire Firmilian
une affaire en-dessous qui n'est pas clair. Il
est évident que, malgré les assurances des
Russes et la quasi soumission du gouverne–
ment bulgare, le palais a eu peur et a reculé.
Afin de gagner du temps, endormir les uns
et tranquilliser les autres, i l a d o n n é un
semblant de b é r a t auquel Serbes et Russes
se sont laissé prendre, mais lorsqu'on a su
ce qu'il contenait, grande a été la déception
et aussi l'indignation. Le b é r a t ne donnait à
Mgr F i rmi l i a n que ce qu'il avait déjà. Point
n'était donc besoin de faire tant de bruit
depuis tantôt quatre ans. Les Serbes étaient
au désespoir, les Russes fulminaient, les
Rulgares, tout en faisant semblant de croire
à un vrai bérat, riaient sous cape et, enhardis
par l'attitude pusillanime des Turcs, ils
relèvent la tête, et là où e u x - même s disaient
il y a peu de temps, qu'il n'en était pas
question, ils demandent des b é r a t s pour
quelques évoques bulgares en Macédoine.
En attendant, le palais, pour calmer les
Russes, r é p o n d qu'il ne pouvait faire autre–
ment que donner un bérat boiteux, mais i l
promet formellement de ne faire aucune
opposition au sacre de Mg r Firmilian si le
patriarche oecuménique voulait y procéder.
Cependant, i l n'accompagne pas cette pro–
messe par un avis quelconque au patriarche,
de sorte que celui-ci, pressé par les Russes,
r é p o n d avec raison qu'il ne peut p r o c é d e r au
sacre d'un évêque lorsqu'il est dans une
ignorance absolue des intentions du gouver–
nement. D'autre part, i l menace de donner
sa démission si jamais on donne quelques
nouveaux b é r a t s à des évoques bulgares.
Les Russes, toutefois, ne perdent pas pa–
tience; ils pressent les Turcs d'un c ô t é ; ils
pressent de l'autre le patriarche et entre les
deux se trouve le Serbe, qui ne sait plus sur
quel pied danser; en ce moment, i l est en–
core au désespoir. L'ambassadeur de Russie
a décidé, comme je vous l'ai télégraphié, de
ne pas profiter de son c o n g é avant la solu–
tion de cette affaire. De la façon dont elle
marche, i l semble qu'on la fera encore long–
temps attendre.
E N
E P I R E .
L o r s de la guerre turco-
grecque, lorsque les troupes h e l l é n i q u e s
eurent franchi le passage des Pentepy-
gadia, on crut qu'elles marcheraient sur
J a n i n a et en prendraient possession sans
coup férir. Mais les influences é t r a n g e s —
e u r o p é e n n e s et locales - - q u i p a r a l y s è r e n t
alors tout effort s é r i e u x de l a marine et de
l ' a r mé e grecque s ' e x e r c è r e n t a u s s i t ô t et la
marche en avant ne fut pas pou r s u i v i e .
Au j o u r d ' h u i les Gr e c s q u i sont cepen–
dant en ma j o r i t é dans le pays (ou du moins
les H e l l ô n o p h o n e s au nombre de 136,000
dont 10,000 Va l a qu e s contre 27,000 mu s u l –
mans parlant le T u r c et 2,500 juifs) ont à
lutter, dans de fort mauvaises conditions,
avec l'activité t r è s grande des Italiens q u i
travaillent aussi le nord de l'Albanie. L e
consul italien de J a n i n a est en relations
constantes avec les c om i t é s albanais d'Ita–
lie et l'idée se fait j o u r de plus en plus
d'une A l b a n i e autonome q u i ne serait n i
Tu r qu e n i He l l è n e . S y s t é m a t i q u e m e n t , le
consul de J a n i n a et ses agents officiels ou
secrets fonde ou va fonder des é c o l e s
d ' a r t s - e t -mé t i e r s à J a n i n a , Ar gy r o c a s t vo ,
Av l o n a , u n peu partout aussi des Caisses
d ' é p a r g n e populaire qu i r e ç o i v e n t les
sommes les plus mi n ime s .
E n m ê m e temps, le gouvernement italien
installe, parfois aux prix des plus grandes
difficultés, de nouveaux bureaux de poste.
A i n s i , un pays que le t r a i t é de B e r l i n
faillit donner à là G r è c e , l'agitation est
a u g m e n t é e et entretenue et cela au d é t r i –
ment de l ' h e l l é n i sme . N'est-ce pas un
r é s u l t a t i mm é d i a t de l'attitude trop amicale
du gouvernement grec envers le sultan ?
Fonds A.R.A.M