4
° Considérant qu'il est impossible de
parler ou écrire sur la question armé–
nienne en Turquie et auCaucase, le Con–
grès a décidé de créer en Europe des pu–
blications relatives à cette question ;
5
° Le budget (pour les publications et
frais de propagande de l'année courante)
a été arrêté au chiffre de 25,000 fr. Une
somme de 5,000 fr. a été souscrite dans la
dernière séance. Pour la grande publica–
tion, i l a été décidé de dépenser de 15,000
à 20,000 fr.
Le Congrès a décidé de manifester ses
plus vives sympathies : 1° au groupe de
Pro Armenia
et à tous les arménophiles;
2
° au peuple Macédonien; 3° à tous les
peuples opprimés.
Dans la même séance où l'on a voté ces
résolutions, le Congrès des étudiants A r –
méniens a flétri unanimement la conduite
du Congrès Sioniste de Bâle pour l'échange
de sympathie avec le monstre d'Ildiz-Kiosk.
C'est avec une grande satisfaction et des
applaudissements répétés que le Congrès
a accueilli la lecture d'un télégramme an–
nonçant les résolutions votées au Congrès
de Monaco.
Dans une de ses dernières séances, le
Congrès des étudiants Arméniens a pris
connaissance d'un télégramme de Constan–
tinople, inséré dans les journaux autri–
chiens, et ainsi conçu :
«
Le sultan a ordonné à Munir bey, am–
bassadeur turc à Paris et consul général
de la Suisse, de prendre toutes lesmesu–
res possibles pour empêcher la réunion
du Congrès des étudiants Arméniens. »
Le Congrès s'est séparé en exprimant
ses chaudes sympathies et sa reconnais–
sance au gouvernement fédéral et à la
ville do Genève.
Le prochain Congrès aura lieu à Bruxel–
les en avril 1903.
U N DÉLÉGUÉ.
Nouvelles d'Orient
L'ARRESTATION DE L'ÉVÊQUE CATHOLIQUE
D ' A D A N A .
—
On lit dans les journaux turcs :
S. G. Mgr Terzian, évêque d'Adana, a été
rappeté à Constantinopfe.
L'évêque catholique Terzian a été « rap–
pelé », en effet, mais d'une manière plus
brutale que ne le laisse supposer la note
officieuse ; i l a été rappelé comme le var-
tabed Papghen le fut, l'an dernier, pour
avoir dépeint la situation du vilayet de
Bitlis telle qu'elle était, c'est-à-dire que
les zaptiehs de Sa Majesté ont saisi et
emmené ce prélat, suspect de menées sé–
ditieuses. Tout le crime de l'évêque Ter–
zian réside en ceci : i l est fort dévoué aux
intérêts de son peuple et plus arménien
encore que catholique. On sait que, lors
des élections au patriarcat, après lamort
du patriarche Etienne-Pierre Azarian,
fut inscrit le premier sur la liste des can–
didats ; i l avait dénoncé cependant, dans
un discours très âpre, les concussions et
simonies de certains évoques ; son nom
fut rayé par le sultan.
A ce moment, l'évêque Terzian revenait
d'Europe ; i l avait demandé des secours
pour ses écoles qui sont fort bien orga–
nisées. Pendant une audience qu'il eut du
ministre Hanotaux, i l insista sur les mas–
sacres, sur la situation lamentable du peu–
ple arménien. Le diplomate lui dit avec
un fin sourire : « Alors vous croyez qu'on
en a vraiment tué tarit que ça ». L'évêque,
avec une dignité rare, sortit aussitôt, ne
voulant plus entendre une parole ni une
injure nouvelle à l'adresse de la nation
martyrisée de la part de l'homme, qui était,
avec le prince Lobanoff et l'empereur d'Al–
lemagne, le plus direct complice d'Abd-
ul-Hamid. Il faut espérer que M . Delcassé,
qui tient à honneur de ne ressembler point
à son prédécesseur, fera le nécessaire pour
quel'évêque Terzian ne soitpointmaltraité :
il lui est d'autant plus facile d'intervenir
que cette fois i l s'agit d'un catholique,
directement protégé par le gouvernement
français.
E N MACÉDOINE ET EN ALBAN I E .
—
A en
croire les plus récentes dépêches, le gou–
vernement bulgare aurait décidé de dis–
soudre le Comité macédonien ; ce serait la
satisfaction offerte au gouvernement turc
en échange de l'ajournement de la nomi–
nation à l'évêché d'Uskùb de l'évêque
serbe Firmilian. Ainsi le sultan profiterait
à nouveau des dissentiments entre les re–
présentants des populations rivales qui se
devraient unir contre une commune tyran–
nie et le récent voyage du ministre Daneu,
à Pétersbourg, n'aurait, pour les Macédo–
niens, aucune conséquence immédiate.
Aussi bien ceux-ci paraissent-ils décidés
à ne compter que sur eux-mêmes, et la
dissolution du Comité Mihaïlowski-Zont-
chew n'aurait-elle pas l'importance qu'on
lui veut attribuer. Les forces réelles de la
révolution macédonienne ne sont plus, dès
longtemps, dirigées par le gouvernement
bulgare et ses agents plus ou moins cons–
cients, Elles feront leur œuvre aumoment
choisi, sans que Boris SarafolT et ses amis
juge utile de faire, une fois de plus, au
sultan et à l'Europe, les sommations préa–
lables. Leur action sera précipitée ou
retardée selon les circonstances et ce
n'est ni la présence des troupes turques ni
la distribution d'armes à la population
musulmane par les soins du sultan qui
empêcheront le conflit certain.
En attendant la terreur sévit toujours,
Moustàpha-Pacha.
Charalamby Ghéor–
ghieff, du village
Dervend,
allait à And r i –
nople oi'i i l voulait passer les examens de
prêtre. En route, des gendarmes le ren–
contrèrent et croyant que c'était un révo–
lutionnaire, ils l'arrêtèrent. Toutes les
explications qu'il a données ne furent pas
entendues.
Deux gendarmes allaient, i l y a quel–
ques semaines, dans le village
J:.na,
près de
Bounar Hissar,
et demandaient
aux villageois qu'ils se joignissent à eux
pour poursuivre une bande de brigands.
Le s villageois durent Se soumettre. Ils a l –
lèrent avec les soldais et comme ceux-ci
déclaraient que la bande s'était cachée
dans les broussailles voisines, on tira là
quelques coups de fusils. On sortit quel–
ques moments après un cadavre que les
gendarmes déclarèrent être celui d'un
révolutionnaire.
On transporta le corps à
Lozengrad.
Là
on a pu constater que le cadavre était
mutilé, que l'homme était mort à la suite
de tortures dues à la police qui l'avait
jeté dans les broussailles, et qu'aucune
balle n'avait louché le cadavre.
A
Salonique,
arrestation du marchand
Nasta Stojanoff, âgé de 70 ans : déjà i l
avait été interné à Konia, pour avoir accom–
pagné dans les villages voisins de Salo–
nique, le philologue autrichien Oblak.
A
Kostur,
le professeur Kuzman Slefow
et sa femme, se tuent pour échapper à la
police turque et de nombreux paysans
sont arrêtés comme « complices ». D'ordre
du vali, les têtes des deux morts volon–
taires sont apportées à Monastir; mais en
route, les gendarmes sont attaqués par une
bande et dépouillés de leurs sanglants
trophées.
A
Magarevo,
assassinat de l'espion turc
Cona, suivi de nombreuses arrestations.
En Vieille-Serbie, anarchie et révolte
complète autour de Novi-Bazar. En Albanie,
l'autorité nominale du sullan s'est encore
affaiblie et jusque d'Ilalie et d'Espagne
surgissent des prétendants à l'héritage de
Skanderbeg, qui se disputent un trône
non vacant. Mais les fonctionnaires hami-
dienssont, par mesure préventive, assiégés
dans l°urs konaks ou chassés par leurs
administrés récalcitrants e l il ne faut point
songer à les conserver ou à les rétablir
dans leur posle, dès qu'ils ont cessé de
plaire : ils ont plus ou moins quelques
parents ou amis dans la garde albanaise
d'Yldiz et la Bête connaît qu'il serait dan–
gereux pour elle de mécontenter les servi–
teurs indociles de qui dépend, immédia–
tement, son existence.
TRÉSOR VIDE.
—
La première échéance
des créances Tubini-Lorando, dont on
avait prématurément annoncé le paiement
Fonds A.R.A.M