qui est la phase actuelle — on remarque
un important changement dans les con–
ceptions de l'étudiant arménien. Il est
animé de l'idée de la délivrance de sa patrie.
La lutte s'imposeà lui. Aussi, voyons-nous
depuis une dizaine d'années des jeunes
gens arméniens quitter les Universités
européennes et aller en Arménie turque
pour venir en aide à leurs compatriotes en
révolte.
L'orateur termine en invitant les étu–
diants arméniens à exposer devant l'Europe
avec le marlyrtilogue du peuple arménien
l'histoire de ses luttes contre l'ennemi sécu–
laire.
i l / .
Min. Joannissian,
en français, s'est
adressé spécialement aux assistants étran–
gers. Après avoir fait l'éloge de la Suisse
hospitalière et de la ville de Genève, i l a
parlé de l'essence et de l'objet de l'union.
«
Enchaînés dans leur patrie par toutes
sortes d'entraves, les étudiants arméniens
de l'Europe ont constitué une sorte de
Parlement pour y discuter, chaque année,
les problèmes de la plus pressante actua–
lité. Un tel problème est à l'heure actuelle
la propagande en faveur de l'Arménie
turque, livrée aux sauvages, abandonnée
par les puissances, en dépit des engage–
ments.
«
Tout en demeurant sur le terrain de
l'action légale, les étudiants arméniens ne
peuvent pas s'empêcher de manifester
leurs ardentes sympathies aux vaillants
qui luttent aujourd'hui dans les montagnes
de Sassoun, dans les vallées de Vaspou-
rakan contre le gouvernement du Grand
Assassin. Ils se solidarisent enmême temps
avec les représentants des autres nationa–
lités, victimes de la même tyrannie. « Ici,
l'orateur salue tout particulièrement le
groupe des étudiants macédoniens qui
étaient venus, dit-il, pour affirmer une fois
de plus, la fraternité d'arme arméno-macé-
donienne qui se manifesta naguère dans
l'héroïque combat et les pendaisons d'An-
drinople. »
L'orateur termine en faisant l'éloge de
l'entente fraternelle des peuples opprimés.
«
Le fléau du despotisme est internatio–
nal; i l y a solidarité entre les bourreaux,
il faut qu'il y ait solidarité entre les vic–
times ».
La parole a été donnée à
M
me
Use Frapan,
écrivain allemand de Hambourg et colla–
boratrice de la
Deutsche Rundschau.
Dans
un discours émouvant, elle a exprimé son
admiration à la jeune Arménie et sa pro–
fonde indignation au gouvernement alle–
mand qui se fait complice de Sa Majesté
Assassine.
C'est ensuite
M. Louis Wuarin,
profes–
seur de sociologie à l'Université de Genève
qui prononce un discours énergique et fort
applaudi. Il apporte le témoignage de ses
sympathies aux jeunes gens arméniens qui
sont en partie ses élèves. Il loue leur zèle
et leur entrain au travail. Parlant de la
question arménienne, i l relève la contra–
diction douloureuse entre la justice de la
cause des arméniens et l'impuissance uni–
verselle à leur venir en aide efficacement.
M. Radeiv,
rédacteur de
YEffort,
au nom
du groupe des macédoniens parle des liens
de la solidarité qui unissent les macédo–
niens au parti arménien révolutionnaire
«
Droschak », fait l'apologie de la propa–
gande par le fait et insiste sur la nécessité
d'une action commune et de plus en plus
large entre macédoniens et arméniens qui
ont le même ennemi à combattre. M . Radew
termine sa chaude péroraison en s'écriant :
«
Vive l'Arménie libre ! »
Le Président donne ensuite lecture des
lettres et télégrammes adressés au Con–
grès :
1
° Une lettre très sympathique de M . le
Conseiller d'Etat Georges Favon qui re–
grette de n'avoir pu assister à cette séance
d'ouverture, étant appelé à Berne par une
convocation des Chambres fédérales;
2
° Des télégrammes d'ardentes sympa–
thies du rédacteur en chef de
Pro Armenia,
et des étudiants socialistes de Marseille ;
3
° Une lettre de M . de Contenson, pleine
de sincères sympathies pour l'Arménie et
la cause arménienne;
4
° Des lettres et télégrammes des étu–
diants macédoniens de Lausanne et des
sociétés arméniennes de Suisse, d'Italie,
d'Angleterre, d'Allemagne, de Bussie et
de Bulgarie ;
5
° Une lettre de
M. Boris Sarafoff,
chef
du Comité exécutif macédonien. L a voici
in-extenso :
A L \ C O N G R È S D E S É T U D I A N T S
A R M É N I E N S
A
G E N È V E
Chers camarades,
On a parlé de la solidarité morale des op–
primés, de par leurs communes souffrances.
Cette solidarité confinée dans le rêve, je la
crois illusoire. La solidarité réelle, telle que
je la conçois, naît dans la résolution d'agir
et se manifeste dans l'action.
Une pareille solidarité doit lier Armé–
niens et Macédoniens dans le même combat
obstiné contre le régime qui nous opprime
Partisan convaincu et enthousiaste d'une
semblable entente, j'ai toujours affirmé sa
nécessité impérieuse ainsi que sa beauté
morale. A peine élu président du Haut Co–
mité macédonien, j'ai signé avec les repré–
sentants de la Fédération Révolutionnaire
Arménienne « Daschnaktzoutioun » une dé–
claration commune à propos de la confé–
rence de La Haye. Depuis lors, je me suis
toujours inspiré de l'engagement solennel
que noris primes devant l'Europe de lutter,
solidaires et unis, contre la tyrannie turque.
Le temps est proche, me semble-t-il, où
nous serons appelés à sceller cette union de
notre sang sur les champs de bataille qui
seuls décideront de notre sort.
A cette heure suprême, j'en ai la certitude,
la jeunesse révolutionnaire qui a fait quel–
ques-uns des plus beaux gestes de révolte
dans les temps récents, sera là toute pour
l'aire son devoir - et c'est avec cette espé–
rance que je la salue fraternellement, réunie
en Congrès à Genève.
Signé :
R . SARAFOFF.
Les travaux du Congrès ont ensuite
commencé par la nomination d'un Bureau.
M . Maloumian a présenté le compte rendu
de l'activité de l'Union pendant l'an der–
nier. L'Union des étudiants Arméniens a
fait d'importants progrès dans la voie de
l'organisation et de la propagande. Et cela
grâce au remaniement du programme de
l'Union qui s'est opéré au Congrès de
Zurich en 1900. Depuis deux ans, le Co–
mité central reste fixé à Genève. C'est ce
Comité qui appela récemment à Genève
M . Fr . de Pressensé, qui a délégué
M . Pierre Quillard au Congrès de la paix
à Monaco, qui fera faire des conférences
sur l'Arménie par Ed . Bernstein à Berlin,
et par d'autres orateurs en vue à Borne et
à Bruxelles.
Pour la vaste publication
YArménie et la
question Arménienne,
destinée à faire con–
naître à l'Europe la nation arménienne
dans son passé et son présent, dans ses
luttes et ses souffrances, le Comité central
a déjà reçu une grande série d'articles et
appels sympathiques d'Elisée Beclus, de
Lombroso, d'Ernest Xaville, de Frédéric
Passy, de l'historien Lamprecht (de
Leipzig), de Contenson, de Bajer (Dane–
mark), de Paul Hayse, de Loria (sociolo–
gue italien, de NowicofT(sociologue russe),
d'Urbain Gohier, de Cipriani, de Karl
Kautsky, du professeur Errara (Belgique),
de Picart, de Beet (Angleterre) et plusieurs
autres.
Ont promis d'envoyer des articles ou
appels : Virehow, Sudermann, Emile Zola,
de Pressensé, Jaurès, Bernstein, Quillard,
Vandervelde, Viclor Bérard, Gradnauer,
Maxime Kowalewsky, Stefenson, Lepsius,
Borbach, etc.
Les travaux du Congrès ont duré une
semaine. Voici quelques décisions qui
peuvent être divulguées :
1
° Organiser des conférences publiques
en faveur de l'Arménie dans plusieurs cen–
tres importants d'Allemagne et d'Italie;
2
° Préparer en Allemagne les voies à la
fondation d'un organe spécial pour défen–
dre la cause arménienne dans le monde
allemand, où l'on constate une effroyable
apathie à l'égard des souffrances du peu–
ple arménien".
3
° Adresser un appel aux étudiants de
tous les pays, les invitant à faire de la
propagande pour L'Arménie au moyen de
la presse et de conférences;
Fonds A.R.A.M