démolit une partie et emporte le bois.
L'année suivante, en hiver, la municipalité
démolit une autre partie de l'édifice, disant
qu'il peut être dangereux.
Cette année, nous avons voulu le répa–
rer et le louer; mais plainte fut portée par
les musulmans du quartier au mutessariff
pour empêcher la reconstiuction de la
maison, car elle se trouve tout près de la
mosquée ; on me défendit donc la répara–
tion. Qu'en pensez-vous. Que faire?
E X T R A I T D E L A L E T T R E D U12 O C T O B R E
J'ai reçu votre lettre du 20 septembre,
dans laquelle vous m'annonciez que sur le
rapport présenté par vous au sujet des
sévérités de la perception des impôts, le
Ministère des affaires étrangères avaitf écrit
le nécessaire au vali de B . . . et vous me
recommandiez de suivre et de vous com–
muniquer le résultat obtenu. Je vous dirai
ceci que la perception continue toujours
avec le même système et les mêmes sévé–
rités et avec beaucoup plus d'élan. Ce ne
sont plus les moukhtars qui présentent
aux débiteurs la liste des dettes et perçoi–
vent eux-mêmes ; ce sont les percepteurs
en personne qui, accompagnés des agents
de police, avec mille et inimaginables af–
fronts et en battant les habitants, les
conduisent au poste et là ils perçoivent
tant qu'ils veulent avec des injures, des
bastonnades et de l'emprisonnement. Les
moukhtars ne sont plus qu'un épouvantait;
leur présence se justifie seulement pour la
perception de l'impôt militaire.
E X T R A I T D E L A L E T T R E D U12 O C T O B R E
J'ai reçu votre lettre du 10 septembre,
dans laquelle vous déclarez que, au sujet
de l'arrangement des affaires, quand le
résultat ne correspond pas aux efforts et
aux démarches, le motif doit en être attri–
bué aux circonstances, et vous recom–
mandez de ne point exprimer un mécon–
tentement et de ne pasme décourager
devant l'état difficile des choses, et de ne
point cesser de mettre en exécution tous
les efforts et les moyens, pour ne point
manquer aumoins à notre mission et à
notre conscience.
Au moment où j'écris la présente, ayant
encore devant les yeux votre ordre « de
modérer mon style et ma langue », je ne
veux point vous écrire beaucoup, bien que
l'affaire exige de nombreux détails. Je
vous dirai seulement ceci que c'est uni–
quement pour ne pas manquer à ma mis–
sion et àma conscience que je vous écris
ces quelques lignes, sincères. Mais i l me
semble que pour assurer l'existence d'un
peuple et pour protéger ses droits, i l ne
suffit pas seulement de satisfaire la con–
science.:: C'est tout;
(
A suivre).
L E T T R E
des frontières persanes
25
Janvier 1902.
Le bruit continue à courir qu'on va cesser
de donner la solde aux Hamidiés et qu'on va
ramasser leurs armes ; on leur a déjà pris les
armes, dans quelques endroits ; nous n'avons
pas pu encore dévoiler ce mystère.
Le gouvernement turc ne cesse pas de con–
tinuer son régime rusé ; i l pousse toujours
tes Kurdes, naïfs et imbéciles, soit l'agha,
soit le bey, et les chefs de tribus, à lutter les
uns contre les autres, et il les oblige ensuite
à s'adresser à lui, à ses tribunaux; le Kurde,
agha ou bey, est obligé d'attendre pendant
des mois; les procès sont traînés et pro-
fongés au gré des juges.
Après les tuttes qui eurent lieu entre
Kurdes, ceux-ci s'en allèrent à Van pour
leur procès; jusqu'aujourd'hui aucun inter–
rogatoire n'a été fait; ils dépensent de l'ar–
gent inutilement; un bey kurde s'est trouvé
assez sage pour dire : « Je souhaite que même
mon ennemi ne s'adresse pas au tribunal turc,
et qu'aucun malade ne soit guéri par un mé–
dicament turc ».
A Van, on a pris à quelques beys kurdes,
leurs fusils ; ils firent des démarches auprès
du gouvernement turc qui leur objecta :
«
Pendant les massacres, nous avons pris
aussi aux Arméniens leurs armes, mais nous
nous occupons de leur demande et nous nous
occuperons, en môme temps, de la vôtre; les
Kurdes, les imbéciles, attendent encore qu'on
va leur rendre leurs armes.
Les Turcs continuent leurs intrigues contre
les Persans ; le vali de Bayazid excite tou–
jours les tribus kurdes d'aller faire des
pillages sur les frontières persanes. La
haine qui existe entre le frère de Zéki Pacha,
gouverneur de Bayazid et le Khan persan
qui réside sur les frontières persanes donne
lieu à des querelles et des troubles. Le gou–
verneur envoie les soldats turcs sur les fron–
tières pour mettre en œuvre leur bravoure
barbare.
Le gouvernement persan ne songe nulle–
ment à tout ce que le mutessariff prépare
pour lui ; les pauvres habitants qui habitent
les frontières persanes sont soumis à tolérer
leur triste destinée ; de jour en jour te dan–
ger est imminent.
Le frère de Zéki Pacha a le courage d'agir
seul.
L i r e :
L ES SUL T ANS O T T OMANS
Etudes d'histoire orientale
P a r
H A L I L - G A N B M
2
volumes in-8°, chez Ghevalier-Maresq,
21,
rue Soufflot, Paris.
POUR PARAITRE
PROCHAINEMENT
A PARIS
Le Mouvement Macédonien
Organe bi-mensuel
du Comité Révolutionnaire macédonien
Congrès des Étudiants Arméniens
Le V" Congrès de l'Union des Étudiants
Arméniens de l'Europe a été ouvert lundi
soir, 31 mars, à l'Hôtel des Alpes, en pré–
sence d'une soixantaine de membres el
d'une trentaine de délégués officiels des
groupes de Berlin, Paris, Montpellier,
Bruxelles, Liège , Munich , Darmstadt,
Mittwida, Karlsruhe, Leipzig, Heidelberg,
Halle, Cottingue, Tubingue, Zurich, L a u –
sanne.
Le drapeau arménien flottait aux fenêtres
de l'Hôtel des Alpes, rouge-blanc-vert, tra–
versé de deux bandes de deuil et marquant
par six étoiles les six vilayets pour lesquels
l'article 61 a été créé.
La salle du Congrès était richement dé–
corée de verdure, de tableaux symboliques
et de photographies d'illustres arméniens.
D'un
côté, on voyait le groupe des cham–
pions de la Renaissance arménienne : Alis–
chan, Abovian, Palkanian, Bafli, Arzrouni;
d'un
autre côté, les représentants de la
jeune Arménie, de l'Arménie militante :
Serop, Pcto, Bapkène-Suni et plusieurs
autres qui ont mené la luUe héroïque pour
la cause sacrée autour du drapeau révolu–
tionnaire de «
Droschak ».
Avaient seuls le droit d'assister à l'ou–
verture les représentants de la presse et
des sociétés universitaires.
A 8 heures et demie du soir, la salie était
déjà pleine de monde. Environ 750 per–
sonnes des deux sexes étaient présentes.
Les
représentants du Comité Central
occupaient le bureau. A côté étaient assis
une dizaine d'étudiants macédoniens, ainsi
que les délégués des sociétés.
La réunion a été ouverte par l'exécution
de l'hymne national « Mer Hayrenik ». En –
suite,
M. Kh. Maloumian,
président, a, en
langue arménienne, souhaité la bienvenue
à tous les assistants, et a prononcé un dis–
cours de circonstance.
Tout d'abord, a-t-il dit, nous avons un
devoir sacré à remplir. Nous avons à rap–
peler les deux événements douloureux
de l'année écoulée. L'un,
la mort du grand
Alischan, le solitaire du couvent de Saint-
Lazare qui, plus de 50 ans a, dans son
isolement, chanté le chant de la Renais–
sance arménienne ; l'autre, l'exécution des
militants arméniens à Andrinople : Sé–
remdjian et Torossian, pendus avec deux
camarades macédoniens.
L'Assemblée s'est levée pour honorer la
mémoire de ces vaillants lutteurs.
Il y a un demi-siècle, continua M. Malou–
mian, qu'on voit la jeunesse arménienne
dans les Universités de l'Europe. Dans la
première phase elle était vouée au travail
paisible et ne voyait rien en dehors de la
vie universitaire; Dans la seconde phase —
Fonds A.R.A.M