DEUXIÈME A NN É E .
N° 10.
Le Numéro : France, 40 cent. — Etranger : 50 cent.
10-25
AVRIL 1901
Pro Armen i a
Rédacteur en Chef :
P i e r r e Q U I L L A R D
Adresser tout
ce qui concerne la Direction
à M. Pierre QU I L L ARD
ÎO, B u e I No l l e t , F a r i s .
A B O N N E M E N T S :
France
S »
Etranger
ÎO »
Paraissant
le io et le 25 de chaque mois
COMITÉ DE RÉDACTION :
G . Cl emenceau, Anatole France , Jean Jaurès
Franc i s de Pressensé, E . de Roberty
Secrétaire de rédaction :
J e a n
L O N G U E T
ADMINISTRATION :
Rue Monsieur-le-Prince, 10
P A R I S
(6«)
Le samedi, de 11 heures à midi.
A B O N N E M E N T S :
France
S »
Etranger
ÎO »
1*1*0
A R M E N I A
est en pente:
A l'Administration, 10, r. Monsieur-le-Prince;
Chez Brasseur, Galeries de l'Odéon ;
Boulinier, 19, boulevard Saint-Michel ;
A la Société Nouvele de Librairie, 17, rue Cujas;
Au Kiosque
23,
boulevard des Italiens;
117,
boulevard des Capucines;
27,
boulevard Montmartre;
Chez Blancard, à Marseille;
Chez Cohen, à Montpellier:
Egguimann, à Genève ;
Houng, au Caire;
Houng, à Alexandrie,
S O M M A I R E :
Pages retrouvées (GEORGES C L E M E N C E A U ) .
L a Quin–
zaine (PIERRE Q U I L L A R D ) .
L e Congrès de la P a i x
(
R.). — Correspondance d'un Vicaire du Patriarcat.
Le déjeuner de
Pro Armenia
(
JEAN LONGUET). —
Lettre des frontières turco-persanes. — L e Congrès
des Etudiants arméniens ( U N DÉLÉGUÉ).
Nouvelles
d'Orient : L'Arrestation de l'évêque catholique d ' A -
dana ; E n Macédoine et en Albanie ; Trésor vide ;
Étudiants grecs hamidophiles ; Arrestations, con–
damnations et décorations. — Variétés : M o n C o m –
merce de laine (de la vie économique des étudiants
turcs), d'après la revue
Muurtch,
de Titlis.
Afin de donner un compte rendu complet
des divers Congrès, nous avons retardé la
publication de PRO ARMENIA,
qui pa–
raît cette fois en un numéro double, corres–
pondant aux numéros du 10 et du 25 avril.
Le 10 mai, nous reprendrons notre pério–
dicité ordinaire.
P A G E S
R E T R O U V É E S
Georges Clemenceau a été élu, le U avril dernier, à
une énorme majorité, sénateur du V a r : le plus puis–
sant des orateurs français a été, dès
1895,
alors que la
tribune l u i était fermée, le plus énergique défenseur de
la cause arménienne dans la presse ; quand tous ou
presque tous se taisaient, i l a dénoncé le double crime
du Sultan et de l'Europe, comme il le dénonçait hier encore
ici cl dans
Le Bloc.
Nous ne saurions mieux faire que
de reproduire ici une partie de la pr.'facc qu'il écrivait,
en 1896, pour le recueil
Les massacres d'Arménie.
Ces pages demeurent trop vraies el trop actuelles, hélas !
Est-tl vrai qu'aux abords du v i ng –
tième siècle, à c i nq j our s de Pa r i s , des
atrocités aient été impunément c om–
mises — couvrant tout un pays d'hor–
reur — telles qu'il ne peut s'en conce–
voir de pire dans les temps de l a plus
noire barbarie?
E s t - i l v r a i que le nombre des v i c –
times se doit chiffrer par dizaines et
par vingtaines de mi l l e ?
E s t - i l vrai que les gouvernements
d'Europe aient assisté avec indifférence
à cet effroyable spectacle, et n'aient
trouvé de mieux à faire quand le p i l –
lage, l'assassinat en masse, le v i o l ,
l'incendie, les supplices faisaient rage,
que de discuter avec le chef d'Etat
responsable de ces horreurs sur le
nombre des vaisseaux de guerre qui
pourraient être autorisés à stationner
devant la Corne d ' Or ?
E s t - i l vrai que là où i l s'est trouvé
des consuls pénétrés de leur devoir, les
massacres soient arrêtés comme par
enchantement sur l a menace d'une i m –
médiate répression des Puissances?
E s t - i l v r a i que là où les gouverneurs
turcs ont annoncé l'intention de ne
point tolérer ces crimes aucun désordre
ne s'est produit?
E s t - i l vrai que ces abominables for–
faits n'ont pris fin que lorsque, sous la
pression de l'opinion européenne —
malgré le silence d'une trop grande
partie de l a presse — le gouvernement
d ' Abdu l Ham i d s'est vu sérieusement
menacé d'une intervention combinée
de la Franc e , de l'Angleterre et de la
Rus s i e ?
E s t - i l vrai qu ' i l ait suffi de ne plus
mettre les soldats turcs au service du
brigandage pour que tout rentrât
pro–
visoirement
dans l'ordre?
E s t - i l vrai qu'aucun effort n'ait été
fait pour châtier au moins les chefs les
plus notoires des bandes scélérates, et
que tous ces crimes soient demeurés
impun i s ?
E s t - i l vrai que les populations fana–
tiques ne peuvent voir dans cette c a –
ractéristique mansuétude qu'un té–
moignage d'inexcusable complicité et
un encouragement manifeste aux n o u –
veaux forfaits qui sans doute se pré–
parent?
E s t - i l vrai que les réformes toujours
promises n'ont jamais été exécutées?
E s t - i l vrai qu'il ne peut y avoir au –
cune grantie contre le retour d'un dé–
chaînement de sauvagerie en dehors
du plein accord des puissances man i –
festant leur volonté d'une intervention
immédiate en cas de besoin, et impo –
sant dès aujourd'hui, sans attendre une
nouvelle effusion de sang, un régime
d'ordre et de paix qui ne peut se fonder
que sur une impartiale distribution de
justice entre tous les citoyens?
Les faits pourtant sont irrécusables,
les rapports de nos consuls, les lettres
des missionnaires, ne peuvent laisser
de place au doute. Certaines exagéra–
tions de détail pourraient peut-être se
rencontrer. Je l'ignore. Ma i s i l est trop
certain que les faits contestés sur un
point, seraient ailleurs reconnus exacts,
et facilement vérifiés.
Fonds A.R.A.M