Pacheff et les propriétaires du chalet
Diaco Zantcheiï et Stoyan StamatolT. Ils
furent amenés à
Souphli
où ils furent
soumis à la question par le commissaire de
police Moustapha-effendi. Le vieillard, ne
pouvant supporter les tortures, déclara tout
ce que le commissaire lui soufflait, à savoir
que lui et les autres prisonniers avaient
tué les deux turcs et les avaient enterrés.
On alla à l'endroit indiqué, mais les cada–
vres ne furent pas trouvés. On l u i souffla
alors, après de nouvelles tortures, d'avouer
que les cadavres avaient été brûlés, bien
bien que cela fut impossible.
Des amis allèrent porter plainte au
gouverneur et au procureur général qui
donna Tordre que les prisonniers fussent
envoyés à Andrinople, mais le commis–
saire de police, dans l'espoir d'extorquer
de l'argent, n'obéit pas. Pendant ce temps,
un autre villageois un peu aisé, Anton
Trancoff fut arrêté pour la môme cause et
supplicié de la manière la plus terrible.
Son frère porta plainte à Constantinople ;
on ordonna de nouveau le transport des
prisonniers, mais le commissaire n'obéit
qu'après avoir encore plusieurs fois tor–
turés les prisonniers.
Enfin, ces derniers jours, ils furent
envoyés à Gumurdjina, où on a pu, même
aujourd'hui, constater les brûlures que les
prisonniers avaient subies.
Moustapha-effendi a conservé son poste
et s'acquitte de ses fonctions toujours de
même manière.
Florina.
Le 25 février, le sous-préfet
de Florina, accompagné de 40 gendarmes,
alla dans le village
Zelenilché,
déjà connu
par les horreurs qu'on y fait subir aux
habitants depuis plusieurs mois. Il y cher–
cha vainement des révolutionnaires et des
armes. Il arrêta alors plusieurs notables
qu'il fit fustiger. Mais aucun ne put dire
où était les comitas. En revenant à Florina,
il fut attaqué par la bande qu'il pensait
trouvera Zelenilché. Après une bataille de
quatre heures, tous les gendarmes furent
tués et lui-même fait prisonnier, ne fut
relâché que dépouillé de tous ses vêtements.
Un homme de la bande périt.
Andrinople.
Le prêtre Ivan Cosacoff
et Dimitre Valtcheff, de village
Velica,
furent envoyés le 28 février dans les forte–
resses de l'Asie Mineure. Arrêtés au mois
de juillet de l'année passée, ils n'ont jamais
comparu devant le juge d'instruction
et leur emprisonnement, ainsi que leur
envoi dans les prisons de l'Asie Mineure,
n'a été sanctionné par aucun jugement.
Six autres personnes furent de la même
manière envoyées dans les prisons de
l'Asie Mineure. Une vieille femme, Elena
'
Lazarova, que son fils, mouchard au ser–
vice du gouvernement, avait livrée à la
police, reste depuis plus de quatre mois
en prison. Elle va un de ces jours passer
devant la cour martiale.
E N A L BAN I E ET EN E P I R E .
Dans l'Alba–
nie du Nord, i l s'en faut que l'émoi causé
par la mort de Mollah Zekkah soit calmé;
au Sud et en Epire la domination otto–
mane est plus précaire que jamais. Ce ne
sont que troubles et batailles entre les
clans révoltés. Osman Pacha, vali de Ja -
nina, après avoir été rossé dans la prison
même par des malheureux qu'il y avait
fait incarcérer sans motif a été assiégé
dans son propre konak. A Avlona, à Ph i -
lialès, à Paramitia, c'est-à-dire sur la côte
immédiatement proche de la côte italienne
ou dans le pays voisin de la frontière hellé–
nique, la révolte se propage. Aux intrigues
locales se mêlent les luttes d'influence
entre l'Autriche et l'Italie, et la situation
est telle que le sultan a fait offrir le poste
de vali des vilayets de Janina et de Scutari
réunis en une seule province, au préten–
dant Don Juan d'Aladro Kaslriota qui
descend par sa mère, de l'illustre et légen–
daire Skanderbeg. Le prince d'Aladro
Kastriota aurait refusé, se réservant pour
des destinées plus hautes.
CONDAMNATIONS ET MANDATS D'ARRÊT. —
La cour criminelle a accordé un nou–
veau délai de dix jours, pour se présenter
devant le tribunal, au sieur Zekhi Tach-
lidjali, accusé de menées subversives, et
au sieur Hassan Riza, de Philippopoli,
accusé de s'être sauvé à Genève dans des
intentions séditieuses. Passé le susdit délai,
ils seront jugés par défaut, ils seront privés
de leurs droits civiques et leurs biens se–
ront confisqués.
Un mandat d'arrêt a été lancé par la
cour criminelle de Constantinople, contre
Chirvanizadé Mahmoud Tahir, accusé de
s'être sauvé en Europe et de s'être associé
aux perturbateurs à Cenève. Il est accusé
de crime et sera jugé devant la cour crimi–
nelle. Les autorités de police sont tenues
de l'arrêter partout où elles le trouveront
et de le consigner à la maison d'arrêt de la
cour criminelle.
D'après le rapport de la cour crimi–
nelle de Constantinople, les sieurs Lout–
foullah bey et Sebaheddin bey, fils de
Damad Mahmoud pacha, Haïdar bey, fils
feu Midhat pacha, le colonel Zéki et Abd -
ul-Halim bey, ci-devant directeur des af–
faires politiques du vilayet d'Aïdin, sont
condamnés à la détention perpétuelle dans
une enceinte fortifiée, à la perte de leurs
droits civiques et à la confiscation de leurs
biens. Ces individus, qui sont accusés
comme perturbateurs, sont en fuite.
La cour criminelle accorde un délai
de dix jours à Chirvanizadé Mahmoud
Tahir, qui est en fuite et est accusé comme
perturbateur. Passé le susdit délai, i l sera
jugé par défaut, sera privé de ses droits
civiques et ses biens seront confisqués et
il ne pourra faire appel de la sentence.
Le lieutenant-major Zéki-effendi, du
régiment de Panderma, étant en fuite, est
condamné à la radiation.
P. Q.
L ' X J J N I O N
D E S
ÉTUDIANTS ARMÉN I ENS
d ' E u r o p e
Dans une circulaire envoyée à tous
les étudiants arméniens,
VUnion des
Etudiants
arméniens de lEurope
fait
savoir que, selon les décisions prises
au Congrès de l ' an dernier, elle a
organisé la Conférence publique de
M . Fr anc i s de Pressensé, à Genève,
que prochainement, à Be r l i n , le s o c i a –
liste E . Bernstein, qu i vient d'être élu
député au Re i chs t ag , sur son invitation,
fera, l u i aussi, une conférence p u b l i –
que sur l a question arménienne et que
des réunions analogues seront tenues à
Bruxelles, à L y o n et éventuellement à
Rome . E l l e rappelle que dans son d i s –
cours du 20 janvier a reconnu combien
les gouvernements étaient obligés de
tenir compte de l ' op i n i on publique
mieux avertie des atrocités arméniennes
et invite les étudiants arméniens à en–
treprendre partout une propagande
active pour l a cause nationale, en l a i s –
sant de côté les dissentiments per son–
nels et toutes les discussions vaines.
L'Union des Étudiants arméniens
a
décidé, d'autre part, de se faire repré–
senter au prochain Congrès de la Pa i x
qui se tiendra à Mona c o , du 2 au 6 a v r i l .
On sait, d'autre part, que
VUnion des
Etudiants arméniens
prépare, avec la
collaboration assurée d'Européens i l l u s –
tres, d'écrivains et hommes politiques,
la publication d'un considérable recueil
dont voici la table des matières :
L'Irménie et la Question arménienne
1.
Déclaration de « l'Union des Étudiants
arméniens d'Europe.
2.
Introduction.
3.
Appels faits par des hommes éminents
européens en faveur de la cause d'Ar–
ménie.
4.
Aperçu général sur l'histoire de l'Arménie
a)
Le rôle des Arméniens dans les pé–
riodes païenne et chrétienne,
b)
Les
luttes politiques des Arméniens
contre leurs voisins, c) Religion.
Eglise.
d)
Droit.
Fonds A.R.A.M