lendemain,
22
janvier, i l manda le prêtre
Benjamin Nicoloffet lui demanda de faire
signer aux habitants une reconnaissance
de
40,000
francs en sa faveur. Faute de
quoi i l massacrerait. Befus ; bastonnades;
arrivée d'un percepteur du gouvernement.
L a partie se trouve remise.
Florina.
—
L ' u n des espions respon–
sables dans l'affaire de Zélénitché, racon–
tée naguère i c i même, a été tué : c'est le
nommé Troyan du village de Roulia ; ses
dénonciations avaient causé l a ruine de
plusieurs villages. Troyan fut assassiné
dans l'église de Kostour pendant la messe ;
le meurtrier, blessé au genou, fut rejoint
près du village d'Aposkep ; i l s'acheva de
ses propres mains en criant : « Je ne me
rends pas vivant ».
Uskub.
—
Une bande de douze révolu–
tionnaires, formée pour distribuer des ar–
mes à la population, fut cernée près du
village de Bigla, par les troupes turques ;
neuf révolutionnaires et treize soldats fu–
rent tués. L ' un des révolutionnaires fut
reconnu par les soldats qui se rendirent
au village, enlevèrent sa fille, l'islamisè–
rent et cherchèrent à l u i arracher des
renseignements sur les comités.
Karchiaka.
—
Près du village d'Igou-
menitza, une bande de vingt révolution–
naires a rencontré un fort détachement
turc. Après deux heures de bataille trente
soldats furent tués, dix faits prisonniers.
Mais l a bande ne put se frayer passage.
L a nuit venue, son chef pénétra chez le
capitaine et le menaça de mort, si l a
route ne s'ouvrait pas devant les révolu–
tionnaires. Les troupes reçurent alors
l'ordre de se retirer : les révolutionnaires
partirent sans avoir subi de pertes et libé–
rèrent leurs captifs, mais allégés au préa–
lable de leurs armes et munitions.
J OURNA L I SME TURC.
—
Lors du conflit
franco-turc, le ministère de l'intérieur
s'avisa un peu tardivement que le sultan
entretenait à Paris toute une armée de
policiers. I l prit des arrêtés d'expulsion
contre les plus notables de ces messieurs,
contre Féridoun bey, contre l'Arménien
Sinapian, contre l'Hellène Nicolaïdès, qui
publiait à Paris le journal
VOrient
et don–
nait, chaque année, lors de l'anniversaire
du sultan, des banquets et des fêtes ; pour
ces solennités, le ministre de la guerre
prêtait une musique militaire ; ses col–
lègues déléguaient des représentants ; des
députés et des sénateurs fleurissaient l a
table et i l advint même, l'an dernier,
qu'un très haut magistrat, encore en fonc–
tion, M . Boucher Cadart, eut le rare cou–
rage de porter le toast en l'honneur du
sultan rouge.
Malgré ses puissantes amitiés, M . Nico–
laïdès fut expulsé et c'est de Bruxelles
maintenant qu'il défend toute divulgation
d'une vérité offensante la personne sacrée
d'Abd-ul-Hamid. 11 s'en prend un peu à
tous de son expulsion, mais surtout à
Mu n i r bey, avec lequel i l semble être en
rivalité professionnelle et à M . Constans
qui ne se savait pas si ennemi de Sa Hau-
tesse.
Le personnage, en lui-même, n'est guère
intéressant; mais à lire quelquefois son
«
honnête et consciencieux journal », on
apprend de quelle manière les scribes du
sultan, qu'ils habitent Constantinople,
Vienne ou Bruxelles, ont accoutumé d'in–
terpréter les faits.
A u moment de l a discussion du budget
de l'intérieur, M . Marcel Sembat posa une
question au ministre, au sujet des poli–
ciers turcs expulsés. Vo i c i d'après
l'Offi–
ciel
le texte de ses paroles :
Vous vous rappelez que le gouvernement
ayant rompu tout rapport avec la Turquie a
expulsé — mais seulement alors — un cer–
tain nombre de sujets turcs qui remplissaient,
paraît-il, à Paris, un rôle de police et sur–
veillaient notamment des étudiants turcs
suspects de libéralisme.
Nous avons été fort surpris d'apprendre
ainsi que jusqu'à ce moment-là le gouverne–
ment avait toléré l'exercice de fonctions de
police à l'intérieur du territoire français par
des gens des puissances étrangères...
Je demande à M. le Président du Conseil
si les arrêtés d'expulsion qu'il a pris contre
ces sujets turcs à l'occasion de la rupture
avec la Turquie seront maintenus, ou bien
s'il va laisser, maintenant que les rapports
sont rétablis, ces individus rentrer en France
pour s'y livrer à nouveau à des occupations
qui n'eussent jamais dû selon nous être tolé–
rées.
M . Waldeck-Rousseau assura que les
arrêtés d'expulsion étaient maintenus.
L'honorable M . Marcel Sembat sera
très étonné de recevoir les félicitations
du journal
l'Orient
;
un collaborateur pa–
risien de M . Nicolaïdès a compris son
discours dans un sens imprévu:
M. Marcel Sembat a protesté avec juste
raison contre ces façons d'agir par trop auto–
ritaires qui datent d'un autre âge et qui res–
semblent quelque peu aux lettres de cachet
des régimes passés.
Il a rappelé que la France avait un renom
de bonne hospitalité qu'elle devait soutenir
et que les actes des ministres
y
avaient porté
atteinte et i l leur a demandé la raison de
pareille atteinte à la liberté individuelle et au
droit des gens.
Quand des propos, qu'il est aisé de vé–
rifier, sont aussi hardiment transfigurés,
faut-il s'émerveiller que pendant les mas–
sacres d'Arménie bon nombre de journaux
français et étrangers aient dit exactement
le contraire de l a vérité, et que le
Petit
Journal,
dans un supplément illustré, ait
représenté « l'attaque d'une mosquée par
les Arméniens » ?
CONDAMNA T I ON A MORT DE D A M A D
M A H M O U D PACHA.
—
Vo i c i le texte de
l'arrêt rendu par défaut contre Damad
Mahmoud pacha et et ses complices :
Il ressort d'un communiqué émanant du
procureur impérial près de la cour d'appel de
Constantinople, que Damad Mahmoud pacha,
le bosniaque Hodja Cadri et Syret, accusés
de s'être livrés à des agissements séditieux,
viennent d'être jugés par défaut devant la
cour criminelle. Mahmoud pacha a été re–
connu coupable d'avoir fait, dans les jour–
naux européens, des publications menson–
gères et diffamatoires à l'égard de l'État, et
publié des pamphlets excitant la population
au trouble.
Les deux autres sont également reconnus
coupables de s'être livrés à des menées sub–
versives d'accord avec le premier. Ils ont été,
par conséquent, condamnés à la peine capi–
tale, conformément au premier paragraphe
de l'article
00
du code pénal, à la perte de
leurs droits civiques et à la confiscation de
leurs biens, conformément aux articles 3 i ,
3?8
et38i.
O S M A N P A C H A ET F U A D P A CHA .
—
Nous
avons raconté en son temps, l'exode de
Osman pacha Bederhan et dit qu'il ne
fallait pas accorder à cet acte une haute
importance. Osman, en effet, est rentré
en Turquie, sur l a parole d'Hamid. Mais
comme naguère Mourad bey, i l a éprouvé
aussitôt la mauvaise foi impériale ; son
doux maître l'a fait jeter en prison. Fuad
pacha, malgré l'intervention des drog-
mans français et russes, agissant au nom
de leurs ambassadeurs, a été embarqué
à bord de
VIzeddin
et expédié à Bey–
routh ; i l n'avait aucune amitié pour
les espions dont Sa Majesté Impériale
entoure les plus dévoués de ses serviteurs ;
ceux-ci firent croire sans peine au fou d'Yl-
diz que Fuad avait transformé en château-
fort sa maison de Stamboul, qu'il achetait
des revolvers (autrefois on l'accusa de dé–
tenir seize fusils), bref, qu'il préparait une
rébellion contre le Souverain. Aussi le sort
de l'homme tumultueux, fantasque et ce–
pendant subtil que l'on appelle le héros de
Ellena fut-il réglé au plus vite. Maintenant,
le Palais prétend mettre en lieu sûr les
vingt fils du pacha exilé ; mais deux d'en–
tre eux sont les élèves des frères de Ka d i -
keui qui refusent de les livrer ; et de par
les Capitulations l a maison des frères
jouit du privilège de l'exterritorialité.
Qui pourrait dire les inquiétudes et les
angoisses de M . Constans en une telle pé–
ripétie ? L a conscience si délicate et scru–
puleuse de l'ambassadeur hésite entre deux
devoirs également impérieux : satisfaire
en tout les désirs d'Abd-ul-Hamid rede–
venu un ami ; ne pas porter atteinte au
Fonds A.R.A.M