rapport au palais, émettait l'avis qu'il serait
        
        
          préférable de rappeler le vali ainsi boycotté,
        
        
          mais cet avis ne prévalut pas.
        
        
          Aujourd'hui, les plaintes contre Enis pacha
        
        
          et son administration débordent. Les consuls
        
        
          continuent toujours à n'avoir aucun rapport
        
        
          avec l u i ; les affaires suivent leur cours, mais
        
        
          d'une façon très boiteuse. En outre, les as–
        
        
          sassinats et les crimes se multiplient dans
        
        
          toute l'étendue du vilayet : c'est le désordre,
        
        
          c'est presque l'anarchie. En présence de cette
        
        
          situation, les puissances ne pouvaient res–
        
        
          ter indifférentes et elles sont décidées à
        
        
          agir ferme pour éloigner un homme néfaste
        
        
          dont on ne saurait rien attendre de bon
        
        
          dans le gouvernement d'une province de
        
        
          l'importance de celle d'Alep.
        
        
          CONDAMNA T I ON A MORT DE MAHMOUD
        
        
          P A CHA .
        
        
          
            —
          
        
        
          Mahmoud pacha et ses « com–
        
        
          plices » Hodja Ka d r i et Syret, ont été
        
        
          condamnés à mort par ordre d'Abd-ul
        
        
          Hàmid.
        
        
          MA N D A T S D'ARRÊT.
        
        
          —
        
        
          Le président de
        
        
          la cour criminelle de Constantinople a
        
        
          accordé un nouveau délai de dix jours
        
        
          à Ismaïl, frère de Yah i a agha deDolonia,
        
        
          qui, étant exilé à Adana pour menées sé–
        
        
          ditieuses, s'est enfui de là en Grèce. I l est
        
        
          accusé comme criminel et devra se pré
        
        
          senter devant la cour criminelle dans le
        
        
          susdit délai ; dans le cas contraire, i l sera
        
        
          privé de ses droits civils, sera jugé par
        
        
          défaut et ses biens seront confisqués.
        
        
          
            v.
          
        
        
          
            q.
          
        
        
          DOCUMENTS
        
        
          Mémorandum du
        
        
          
            11
          
        
        
          ma i
        
        
          
            1895
          
        
        
          Le projet ci-annexé contenant l'ensemble
        
        
          des dispositions qu'il serait nécessaire d'in–
        
        
          troduire dans l'organisation administrative,
        
        
          financière et judiciaire des vilayets men–
        
        
          tionnés, i l a paru utile d'indiquer dans une
        
        
          note séparée certaines mesures qui dépassent
        
        
          le cadre d'un règlement administratif, mais
        
        
          qui sont la base même de ce règlement et
        
        
          dont l'adoption par la Sublime Porte est d'une
        
        
          importance primordiale.
        
        
          Ces différents points sont :
        
        
          i° La réduction éventuelle du nombre des
        
        
          vilayets ;
        
        
          2
        
        
          °
        
        
          Les garanties pour le choix des Valis;
        
        
          3
        
        
          ° L'amnistie des Arméniens condamnés
        
        
          ou détenus pour faits politiques ;
        
        
          4
        
        
          ° La rentrée des Arméniens émigrés ou
        
        
          exilés ;
        
        
          5
        
        
          ° Le règlement définitif des procès pour
        
        
          crimes et délits de droit commun actuelle–
        
        
          ment en cours ;
        
        
          6
        
        
          ° L'examen de l'état des prisons et de la
        
        
          situation des prisonniers ;
        
        
          7
        
        
          °
        
        
          La nomination d'un haut commissaire
        
        
          de surveillance pour la m! se en application
        
        
          des réformes dans les provinces ;
        
        
          8
        
        
          ° La création d'une Commission perma–
        
        
          nente de contrôle à Constantinople ;
        
        
          9
        
        
          °
        
        
          La réparation des dommages subis par
        
        
          les Arméniens victimes des événements de
        
        
          Sassoun, Talori, etc.. ;
        
        
          lo° La régularisation des affaires de con–
        
        
          versions religieuses ;
        
        
          ii° Le maintien et la stricte application
        
        
          des droits et privilèges concédés aux Armé–
        
        
          niens ;
        
        
          12
        
        
          °
        
        
          L a situation des Arméniens dans les
        
        
          autres vilayets de la Turquie d'Asie.
        
        
          I. —
        
        
          
            Réduction
          
        
        
          
            éventuelle
          
        
        
          
            du
          
        
        
          
            nombre
          
        
        
          
            des
          
        
        
          
            vilayets
          
        
        
          Les réformes devant être appliquées dans
        
        
          les six vilayets d'Erzeroum, Bitlis, Van, Si-
        
        
          vas, Mamouret-ul-Aziz et Diarbékir, i l y
        
        
          aurait lieu d'étudier la question de la réduc–
        
        
          tion du nombre de ces provinces. Une nou–
        
        
          velle répartition, qui permettrait de réaliser
        
        
          une certaine économie dans les dépenses
        
        
          générales de l'administration, faciliterait
        
        
          peut-être le choix des Valis en en diminuant
        
        
          le nombre et fortifierait leur autorité en amé–
        
        
          liorant leur situation matérielle. Elle devrait
        
        
          être faite de façon que les populations fus–
        
        
          sent réparties en groupes ethnographiques
        
        
          le plus homogènes possible, dans les diffé–
        
        
          rentes unités administratives de chaque pro–
        
        
          vince.
        
        
          
            Nota.
          
        
        
          —
        
        
          Pendant dix ans, antérieurement
        
        
          à
        
        
          1870,
        
        
          l'eyalet d'Erzeroum comprenait les
        
        
          districts de Tehilclir, Kars, Erzeroum (vilayet
        
        
          actuel), ainsi que Van, y compris Hekkiari,
        
        
          Bitlis et Mouch.
        
        
          Cet eyalet fut ensuite divisé en cinq v i –
        
        
          layets. Après la guerre de
        
        
          1877,
        
        
          la partie de
        
        
          ce territoire conservée par la Turquie fut
        
        
          divisée en vilayets : Erzeroum, Van, Hek–
        
        
          kiari, Mouch.
        
        
          Depuis lors, le dictrict de Hekkiari a été
        
        
          rattaché au vilayet de Van et le district de
        
        
          Mouch à celui de Bitlis, nouvellement créé.
        
        
          Depuis lors aussi, le sandjak de Mamouret-
        
        
          ul-Aziz est devenu vilaj^et avec l'addition de
        
        
          quelques territoires voisins, tandis que le
        
        
          vilayet de Dersim est redevenu un sandjak
        
        
          du vilayet de Karpout.
        
        
          II. —
        
        
          
            Nomination
          
        
        
          
            des valis.
          
        
        
          
            —
          
        
        
          
            Garanties.
          
        
        
          Les puissances, attachant la plus grande
        
        
          importance au choix des Valis, dont dépen–
        
        
          dra essentiellement l'efficacité des réformes
        
        
          prévues par le traité de Berlin, sont résolues
        
        
          à faire à la Sublime Porte des représenta–
        
        
          tions, chaque fois que le choix se porterait
        
        
          sur des personnes dont la nomination pour–
        
        
          rait présenter des inconvénients. C'est pour–
        
        
          quoi elles trouveraient nécessaire que le
        
        
          gouvernement impérial ottoman, afin d'évi–
        
        
          ter, sur ce point, des malentendus fâcheux,
        
        
          voulût bien tenir officieusement les représen–
        
        
          tants des puissances au courant des choix
        
        
          qu'il aurait l'intention de faire.
        
        
          III. —
        
        
          
            Amnistie
          
        
        
          S. M . I. le Sultan accordera une large
        
        
          amnistie aux Arméniens accusés ou con–
        
        
          damnés pour des faits politiques, et qui ne
        
        
          seraient pas convaincus de participation
        
        
          directe à des crimes de droit commun.
        
        
          IV. —
        
        
          
            Rentrée
          
        
        
          
            des
          
        
        
          
            émigrés
          
        
        
          Tous les Arméniens, à quelque religion
        
        
          qu'ils appartiennent, qui auraient été exilés
        
        
          sans jugement, soit hors du territoire de
        
        
          l'Empire ottoman, soit hors des provinces
        
        
          qu'ils habitaient ou qui auraient été forcés
        
        
          d'émigrer à l'étranger, poussés par la misère
        
        
          ou par la crainte des événements, sans y
        
        
          avoir pris une part criminelle, pourront li–
        
        
          brement rentrer en Turquie ou, dans les pro–
        
        
          vinces qu'ils avaient dû quitter, sans être
        
        
          inquiétés par les autorités, lis rentreront en
        
        
          possession des biens qu'ils possédaient avant
        
        
          d'avoir quitté le pays.
        
        
          V. —
        
        
          
            Règlement
          
        
        
          
            des
          
        
        
          
            procès
          
        
        
          Tous les procès pour crimes ou délits de
        
        
          droit commun, actuellement en cours d'ins–
        
        
          truction ou de jugement, devront être réglés
        
        
          sans retard. Des commissions judiciaires,
        
        
          déléguées spécialement de Constantinople,
        
        
          seront envoyées dans chaque vilayet et pro–
        
        
          céderont rapidement, au chef-lieu de chaque
        
        
          sandjak, au règlement de toutes les instances
        
        
          en suspens.
        
        
          Leurs décisions ne seront susceptibles
        
        
          d'aucun recours.
        
        
          Ces commissions se composeront d'un
        
        
          président et de deux assesseurs dont l'un
        
        
          musulman, l'autre chrétien. Elles seront ac–
        
        
          compagnées d'un juge d'instruction et d'un
        
        
          procureur. L'un des deux sera chrétien.
        
        
          VI. —
        
        
          
            Etat des
          
        
        
          
            prisons
          
        
        
          De hauts fonctionnaires seront délégués de
        
        
          Constantinople pour inspecter les prisons
        
        
          dans chaque vilayet, se rendre compte de
        
        
          leur état matériel, de la situation des pri–
        
        
          sonniers et du traitement dont ils sont l'objet.
        
        
          Ils s'enquerront de la conduite des directeurs
        
        
          et des gardiens des prisons et pourront pro–
        
        
          poser la révocation immédiate, la mise en
        
        
          jugement de ceux qui n'auraient pas observé
        
        
          à l'égard des condamnés ou détenus les pres–
        
        
          criptions de la loi.
        
        
          Chacun de ces hauts fonctionnaires sera
        
        
          accompagné d'un adjoint, qui sera chrétien,
        
        
          s'il est musulman, et inversement.
        
        
          Ils devront, dans un délai de quatre mois
        
        
          aù plus, rédiger un rapport où ils consigne–
        
        
          ront leurs observations sur le résultat de
        
        
          leur mission, ainsi que sur les modifications
        
        
          et améliorations à introduire dans le service
        
        
          et l'aménagement des prisons.
        
        
          VII. —
        
        
          
            Haut
          
        
        
          
            commissaire
          
        
        
          
            de
          
        
        
          
            surveillance
          
        
        
          
            •
          
        
        
          
            pour l'application
          
        
        
          
            des
          
        
        
          
            peines
          
        
        
          Dès que les nouveaux valis auront été nom–
        
        
          més, ils se rendront au chef-lieu du vilayet,
        
        
          en vue d'organiser l'administration de la pro–
        
        
          vince sur les bases nouvelles.
        
        
          Ils procéderont à l'installation des mutes-
        
        
          sarifs et des caïmakans nommés par le gou–
        
        
          vernement, à la répartition territoriale des
        
        
          nahiés dans chaque caza ; ils feront dresser
        
        
          les listes électorales et procéder à l'élection
        
        
          des conseils de nahiés ainsi qu'à celle des
        
        
          mudirs.
        
        
          Ils veilleront à ce que les collecteurs d'im–
        
        
          pôts soient élus sans retard et à ce que le
        
        
          .
        
        
          budget de la province et la répartition des
        
        
          charges entre les différentes subdivisions
        
        
          administratives soient établies dans le plus
        
        
          bref délai possible.
        
        
          Un haut commissaire, délégué spéciale–
        
        
          ment par S. M . I. le Sultan, sera chargé de
        
        
          Fonds A.R.A.M