tel de l a timidité d i p l oma t i que , i l est
à croire qu ' i l s choisiront de préférence
le second mo y e n de rappeler l ' a t t en –
tion sur l eu r cause et de forcer l a
ma i n à l ' Eu r o p e .
P e rm i s aux Pha r i s i ens du conser–
vatisme bourgeois de dénoncer d ' a –
vance le recours à de telles armes.
P o u r mo i , qu i ai appris de l ' h i s t o i r e
q u ' i l n'est pas un parti qu i n'ait, à son
heure, employé l a force p ou r t r i om –
pher, et qu i vois les pontifes et les
docteurs du chr i s t i an i sme officiel
sanctionner le meur t r e en masse de l a
guerre, contrairement aux plus c l a i r s
préceptes de l'Évangile, je ne saurais
beaucoup m'émouvoir de ces protes–
tations hypo c r i t e s .
S i , d'aventure, i l est, p a rm i ceux
qui condamneraient l ' ac t i on révolu–
tionnaire des Arméniens,
quelque
ennemi intransigeant d u sang versé,
q u ' i l veuille bien se tourner du côté du
Sultan et l u i app l i que r le mo t trop f a –
meux d ' un par t i san de l a peine de
mort : «Que mons i eur le G r a n d
Assassin c omme n c e ! »
E n effet, de bonne foi, l ' on doit e n –
visager les Arméniens et toutes les n a –
tionalités q u i râlent sous l a ma i n
d ' A b d - u l - Ham i d c omme en étatde
guerre pe rmanent avec ce s ouve ra i n ,
et j ' ima g i n e qu ' o n ne soutiendra pas
que le droit de l a guerre, qu i permet
à l ' Ang l e t e r r e , i ncapab l e , avec ses
235,000
homme s , de v en i r à bout de
12,000
Boe r s , d'attenter au droit des
gens par l'exécution des pr i s onn i e r s et
l'internement des non - c omba t t an t s ,
interdit aux Arméniens de pr endr e
contre le t y r an de Y l d i z - K i o s k lesme –
sures les plus efficaces.
L ' Eu r o p e , en refusant d'agir, a
donné l a parole à l a révolution : quel
sera son p r emi e r mo t ?
F l t A N C I S D E PUESSENSÉ.
I_E:
B L O C
Gazette hebdomadaire
P A R
G. CLEMENCEAU
B u r e a u x e t A d m i n i s t r a t i o n : 2 4 , r u e
C h a u c h a t , P a r i s
ABONNEMENT : France et Colonies . . . . 20 fr.
Etranger
25 —
LA QUINZAINE
I V é v a c u a t i o n d e
M i t y l è n e
e t l a d i p l o m a t i e r u s s e
L o r s de l a d i s cus s i on des crédits
supplémentaires pour les dépenses
causées pa r l a visite du Ts a r en F r an c e ,
M . Ma r c e l Sembat a eu l'occasion
d ' i nd i que r dans quelles conditions le
Gouve rnemen t français avait rappelé
en hâte l'escadre envoyée à Mitylène.
Il a complété et précisé les renseigne–
ments donnés par M . V i c t o r Bérard
dans u n article de l a
Revue de Paris
qui a été commenté par toute l a presse
européenne. V o i c i , d'après le
Journal
Officiel,
le compte r e ndu de l ' i n c i –
dent :
M . M A R C E L S EMB A T . Je n'ai pas à ins–
tituer i c i une vaste discussion de politi-
cpie extérieure; mais i l me suffira de vous
rappeler d'un mot ce qui s'est passé ré–
cemment, lors de l a campagne Lorando-
Tub i n i , lorsque nous' avons été en As i e -
Mineure. Nous avions occupé Mitylène !
Vous vous rappelez avec quelle rapidité
nous avons évacue Lesbos sans vouloir
bien que l a Chambre eût assez nette–
ment indiqué son désir, — soulever l a
question arménienne. Nous avons évacué
Lesbos, — vous le verrez quand le Livre
jaune sera publié, s'il est complet, —nous
avons évacué Lesbos sur une pression très
nette du gouvernement russe.
M . DE L CA S S É ,
ministre
des
affaires
étrangères.
C'est absolument inexact !
M . M A R C E L S EMB A T , E h bien ! nous le
verrons quand le L i v r e jaune sera publié,
ou alors c'est qu'on y aurait supprimé les
dépêches les plus graves.
M . L E M I N I S TRE DES A F F A I R E S ÉTRAN –
GÈRES.. Je ne sais pas, monsieur Sembat,
si vous connnaissez des ministres des
affaires étrangères capables de faire dis–
paraître des documents, mais vous n'avez
pas le droit de dire cela du ministre qui
est devant vous !
M . M A R C E L S EMB A T . Je vous ai dit et
je répète que si vous publiez intégralement
les dépêches échangées, l a Chambre aura
par là la preuve que notre rapide évacua–
tion de Mitylène a été due à une influence
russe et je vous donne rendez-vous au
moment où vous aurez enfin publié le
L i v r e jaune que vous nous faites attendre
depuis trop longtemps sur les incidents
d'Asie-Mineure.
M . L E M I N I S TRE DES A F F A I R E S ÉTRAN–
GÈRES.
J'affirme sur l'honneur que,
pendant que l'escadre française était à
Mitylène, et pour nous l a faire quitter
avant d'avoir obtenu toutes les satisfac–
tions réclamées, l'ombre d'une pression,
l'ombre même d'un avis n'est venue de »•
Saint-Pétersbourg.
M . M A R C E L S EMB A T . Je répète encore
que je donne rendez-vous à M . le Ministre
des affaires étrangères devant la Chambre
lorsque le L i v r e jaune sera publié. 11 est
très facile de jouer dans un débat sur le
sens du mot « pression ». Nous verrons
s'il n'y a pas eu telle dépèche, communi–
quée au ministre des affaires étrangères
par notre ambassadeur à Saint-Péters–
bourg, dépêche adressée directement par
le ministre des affaires étrangères de
Russie à son ambassadeur à Constanti–
nople, pour assurer au sultan que nous
allions quitter Lesbos ; par cette dépèche,
le ministre de Russie exerçait sur vous
la plus indéniable des pressions. L a
Chambre en jugera si l a dépêche, était
publiée.
Dan s u n article officieux, le
Temps
déclara, le l e nd ema i n , que le fait
avancé par M . Ma r c e l Sembat est
inexact. C e l u i - c i répondit par une
lettre qu i précise encore :
Paris, 5 lévrier.
Monsieur le Directeur,
Veuillez me permettre — une fois n'est
pas coutume — de relever une phrase de
l'article que le
Temps
consacre à l'alliance
franco-russe. J ' y lis que « le fait avancé
par M . Marcel Sembat est inexact ». Je
vous prie de remarquer que, si M . le
Ministre des affaires étrangères a « solen–
nellement affirmé » qu'aucune pression
russe ne s'était exercée sur nous, i l n'a
pas nié, et j'ajoute que personne ne
peut n i e r , l'existence d'une dépêche
adressée par M . le Ministre des affaires
étrangères de Russie à l'ambassadeur
russe à Constantinople, et
communiquée
officiellement
au quai d'Orsay,
pour cer–
tifier au sultan notre évacuation aussitôt
qu'il aurait accédé à nos demandes. J'es–
time que l a communication officielle
d'une telle dépêche constituait une pres–
sion, puisqu'elle nous empêchait de sou–
lever de nouvelles demandes, notamment
relatives à l'Arménie. D'autres, au con–
traire, pourront ne trouver là aucune
pression, je l'admets : c'est une question
d'appréciation. Mais «
le fait
avancé
par
M. Marcel
Sembat
»
n'est point inexact.
Veuillez agréer, monsieur le Directeur,
l'assurance de mes sentiments' de consi–
dération très distinguée.
M . S E M B A T .
Nous n'avons pas à r even i r sur l ' i n –
térêt cap i t a l q u ' i l y aura i t , p o u r le.
Gouve rnement français, à pub l i e r un
L i v r e jaune sur les affaires arménien–
nes et l ' i nc i dent I ranc o - tur c . E n ce qu i
Fonds A.R.A.M