méconnues.
(
Applaudissements
à droite
et
sur divers
bancs.)
M. LE PRÉSIDENT.
La priorité a été de–
mandée successivement pour les deux ordres
du jour qui ont été présentés. J'en rappelle
les ternies.
Le premier, de MM. Isnard et Malaspina,
est ainsi conçu :
«
La Chambre, approuvant les déclarations
du Gouvernement, passe à l'ordre du jour. »
Le second, de M . Rouanet, est ainsi l i –
bellé :
«
La Chambre, comptant sur le Gouverne–
ment pour appeler l'attention de l'Europe sur
la violation llagrante des engagements pris
par le sultan, passe à l'ordre du jour. »
Je consulte la Chambre sur la priorité de–
mandée en faveur de l'ordre du jour de
MM. Isnard et Malaspina, accepté par le
Gouvernement.
M.
D EN Y S COCHIN.
Pour une fois que je
comptais sur le Gouvernement, je n'ai pas de
chance !
M. LE PRÉSIDENT.
Il y a une demande de
scrutin, signée de MM . Lesage, Louis Blanc,
Chabert, Bordier, Vaux, Sembat, Calvinhac,
Vazeillc, Lamendin, Jourde, Baulard, Defon-
taine, Palix, Lassalle, Bénézech, Allard, etc.
Le scrutin est ouvert.
(
Les votes sont recueillis. — MM. les secré–
taires en font le dépouillement.)
M. LE PRÉSIDENT.
Voici le résultat du
dépouillement du scrutin :
Nombre des votants
5
i5
Majorité absolue
258
Pour l'adoption
280
Contre
235
La Chambre des députés a adopté.
Je consulte maintenant la Chambre sur cet
ordre du jour de MM. Isnard et Malaspina
au fond.
(
Cet ordre du jour, mis aux voix, est
adopté).
Après vériiication les chiffres du scrutin
ont été ainsi rectifiés :
SCRUTIN
Sur la priorité
en faveur
de l'ordre
du jour
de MM. Malaspina
et Isnard
(
interpellation
de M. Rouanet
sur les massacres
d'Ar–
ménie).
Nombre des votants
494
Majorité absolue
248
Pour l'adoption
266
Contre
228
La Chambre des députés a adopté.
NOUVELLES D'ORIENT
E N MACÉDO I NE .
Les poursuites con–
tinuent à propos de l'affaire de
Zélénitché.
Les gendarmes opèrent chaque jour de
nouvelles perquisitions et arrestations,
et la torture est appliquée aux prison–
niers ; on voudrait leur faire dire que les
mauvais traitements infligés au mudir de
Neveska étaient prémédités et n'ont pas
été provoqués par les exigences igno- j
bles de ce tyran. L a population est exas- |
pérée ; elle cherche à se venger des trai- |
très qui pour extorquer de l'argent Ira- i
ment des intrigues et dénoncent comme j
révolutionnaires les villageois les plus j
aisés qu'ils font ainsi emprisonner pour
toucher des sommes misérables. A
Zago-
ritetani
l'espion Kouzman Dzigoff a été \
tué et pour le même motif le prêtre Pétré j
à
Srébrénoco.
L'anxiété est grande à F l o - j
rina et à Kastoria où l'on redoute des .
mesures de violence plus terribles que j
par le passé.
Djoumaïa.
Le prêtre Zanany Tzvet- j
coff, du village de Kresna, a été lié à un
arbre et battu jusqu'au sang par une
dizaine de soldats qui allaient à l a ren–
contre des missionnaires américains et
tenaient à « dénicher des comitas ».
Andrinople.
Salih pacha commence
à se faire assister par l a police dans son
œuvre criminelle. Plusieurs villages ont
été mis à sac autour d ' Ak i Tchélébi, sur
des dénonciations mensongères. Tout
dernièrement, à l a tête d'un détachement
de gendarmerie, i l a envahi le village de
Raicovo,
s'y est livré à toutes sortes d'or–
gies, a fait procéder à des bastonnades et
perquisitions, puis a arrêté et envoyé à
la prison d'Andrinople Vassil Damaïloff
et Ilia Robeff.
Resné.
Georges Karavlakha et Tassé
Kalech Gheorgelf, tous deux de
Zanko-
celz,
ont été assassinés, celui-ci au retour
du marché de Resné. Dans les mêmes con-
ditions Gheorghi, de Krivèni, a été atta–
qué par guet-apens ; i l fit feu sur les
assaillants et put s'échapper. Ma i s l a
police au lieu d'arrêter les assassins cher–
che partout la victime, coupable de porter
des armes et de s'en servir pour sa défense
légitime.
M A N D A T
D'ARRÊT CONTRE
M A H M O U D
P A CHA .
Hami d a fait lancer contre
Mahmoud pacha, son beau-frère, un man–
dat d'arrêt dont voici la traduction litté–
rale :
Par arrêt de la cour d'appel de Constanti–
nople, Damad Mahmoud pacha dont le
signalement est connu et les nommés Hodja
Kadri, Bosniaque, âgé de cinquante-cinq ans,
taille moyenne, teint pâle, figure énergique,
barbe blonde grisonnante, et Syret, âgé de
vingt-huit ans, taille moyenne, teint blanc,
moustache châtain peu fournie.
Sont prévenus de menées séditieuses et
subversives agissant de complicité.
Les dites menées sont prouvées par des
documents authentiques et par d'autres
indices.
Comme leurs agissements méritent au
point de vue légal le maximum de la peine,
leur jugement aura lieu devant la cour cri–
minelle, conformément aux dispositions du
Code pénal, comme étant inculpés de crime
d'après les articles du Code pénal.
En conséquence la cour vient de lancer le
présent mandat d'arrêt pour avertir les auto–
rités qui sont chargées de les arrêter partout
où ils les trouveront et de les consigner à la
prison de ladite cour.
Mahmoud pacha est assez connu pour
qu'il soit inutile de redire qui i l est.
Quant à ses complices, ce sont, l ' un et
l'autre, des hommes fort remarquables.
Hodja Ka d r i , contrairement au signale–
ment, est âgé de quarante-six ans ; i l est
gras et porte l a barbe noire. C'est un pro–
fesseur de théologie très libéral et d'une
haute culture ; i l parle, outre le turc, l ' a –
rabe et le persan, le français, l'anglais et
le russe.
Il a dirigé en Egypte le
Kanouni
Essasi
(
la Constitution) et le
Havatir,
deux
journaux anti-hamidiens.
Syret est un poète distingué, mais sus–
pect de libéralisme ; i l avait donc été
exilé à Hu s n i Mansour, d'où i l s'enfuit
déguisé en berger kurde.
Les trois accusés seront certainement
condamnés à mort.
Mais Hami d désirerait beaucoup que l a
sentence prononcée contre son beau-frère
ne fût point fictive.
Déjà, dans les premiers temps qui sui–
virent le départ de Mahmoud pacha pen–
dant une audience accordée à l ' un des fa–
miliers du pacha, i l aurait dit négligem–
ment que dans son entourage on l u i con–
seillait de faire assassiner Mahmoud ;
mais qu'il entendait employer d'abord
d'autres moyens. Lorsque les princes
Loutfoullah et Sebaheddin, qui ont fidè–
lement suivi leur père dans son exil, sé–
journaient en Egypte ; un émissaire du
palais leur fit savoir qu'il leur fallait se
soumettre ou être supprimés.
Enfin, avant son expulsion de Corfou,
Mahmoud pacha faillit être enlevé par le
chef de gendarmerie Hami d , envoyé
d'Essad pacha de Janina, qui l'eût trans–
féré en Albanie. Continuellement des A l –
banais suspects rôdaient autour de l a
maison, s'enquérant des heures de sortie
«
du grand pacha » qu'ils auraient voulu
voir. Les journaux grecs furent avertis et
divulguèrent l'affaire. Ce jour-là Hami d
ne sortit pas de chez l u i et, quand le pré–
fet de l a ville envoya quelqu'un à son do–
micile, on répondit qu'il ne pouvait rece–
voir pour cause de diarrhée. I l s'enfuit en
barque l a nuit suivante ; et le lendemain
les Albanais furent expulsés.
C'est ainsi qu'une quinzaine d'années
auparavant le gouvernement grec avait
arrêté à temps un assassin envoyé pour
exécuter M . Scalieri, homme de confiance
du sultan Mourad, qui s'était enfui à
Athènes.
Fonds A.R.A.M