jourd'hui, tout en exprimant ses ardentes
sympathies aux peuple israélite opprimé,
adresse l'expression de sa profonde indigna–
tion au Congrès sioniste pour le télégramme
de sympathie envoyé au Sultan Rouge et
dont elle a pris connaissance dans un journal
de Genève.
Le président
de,
l'Assemblée.
Les étudiantes et étudiants bulgares, géor–
giens,
israéliles,
macédoniens, polonais et
russes, réunis au nombre d'environ cent per–
sonnes le 3i décembre
1901
dans le café
Bonfantini, ont résolu d'exprimer leur profond
mépris et indignation au Congrès sioniste
à cause des salutations qu'il avait adressées
au grand bourreau Abd-ul-IIamid.
Le Comité
exécutif,
L'attitude du Comité d'action sioniste
de Vienne est d'autant moins excusable
que tout récemment encore Abd-ul-Hamid
rendait un iradé interdisant aux Israélites
non autochtones de séjourner plus de trois
mois en Palestine.
L A UÉTJN'ION DE G E N È V E .
On nous
écrit de Genève :
Les étudiants arméniens et macédoniens
de Genève ont organisé le
4
janvier une réu–
nion commémorative en l'honneur des quatre
victimes de la barbarie ottomane, pendus à
Àndrinople le
9
décembre.
Environ trois cents personnes de toutes
les nationalités y étaient présentes. Un côté
de la scène était décoré par les photogra–
phies des victimes. Après la mar.che funèbre
de Chopin, exécutée au piano par une étu–
diante arménienne, des discours ont été pro–
noncés par les délégués macédoniens et ar–
méniens qui ont stigmatisé le Grand Assas–
sin et le régime de la terreur rouge et ont
affirmé hautement la fraternité d'armes ar-
méno-macédonienne. Deux chœurs (armé–
nien et macédonien) ont chanté alternati–
vement des chansons nationales révolution–
naires.
La réunion a pris la résolution suivante :
«
La réunion organisée par les étudiants
arméniens et macédoniens de l'Université de
Genève, le
4
janvier
1902,
à l'occasion des
pendaisons d'Andrinople, exprime ses ar–
dentes sympathies à la Macédoine et à l'Ar–
ménie, victimes de la tyrannie ottomane et
engage les militants arméniens et macédo–
niens à poursuivre la lutte solidaire contre
l'ennemi commun. »
En môme temps la réunion envoie ses sin–
cères condoléances aux parents des vic–
times.
EMI GRÉS . —
11)24
décembre.
Sont
arrivées hier à Constantinople cinq fa–
milles de trente personnes d'émigrés is–
lams de Kustendjé, trente personnes de
Batoum et vingt-deux familles de cent
trente et une personnes de Varna.
Vingt familles de cent trente-deux
émigrés islams ont été envoyés à Ismidt
pour s'y établir.
MA N D A T S D'ARRÊT.
D'après le rap–
port officiel de la cour criminelle, un délai
de dix jours a été accordé au sieur F a h r i
effendi, licencié de l'école Mulkié ; i l était
accusé de crime pour s'être sauvé de
Smyrne où i l était attaché au cabinet du
vali, à Athènes, et s'être rendu coupable
d'agissements séditieux contre le gouver–
nement. Passé le susdit délai, i l sera
privé de ses droits civils, ses biens seront
confisqués ; i l sera jugé par défaut et n'aura
aucun droit d'intenter un procès. Tous les
agents de l a police doivent l'arrêter par–
tout où ils le trouveront.
DOCUMENTS
L'Arménie avant les massacres
(
Suite)
Voici le récit de Mgirditch Mékhoyan, âgé
de trente-cinq ans, du village de Kouphégé"
héran (sandjak de Bazadid) : «J'ai émigré en
1894,
parce que Aïpa pacha, venu avec qua–
rante familles kurdes, avait démoli notre
église et nous avait pris tous nos biens ». Le
même rapport, avec quelques variantes,
vient de tous les districts. Ainsi Bédros Ko -
zydan, âgé de cinquante-cinq ans, du village
d'Arog (sandjak de Van), raconte ce qui
suit : « J'ai quitté mon village et mon pays
avec femme et enfants en août dernier parce
que nous étions persécutés par les Kurdes,
conduits par Tri, (ils de Tchalo, et encoura–
gés par les autorités turques. Il vint d'abord
enlever trois filles et deux jeunes femmes
sans se laisser attendrir par leurs prières
instantes et leurs larmes. Trois Arméniens
qu'elles appelaient à leur secours et qui es–
sayèrent de les délivrer, furent tous trois
tués. C'étaient Sarkis, Khatcho et Réwéark.
Le lendemain les Kurdes emmenèrent tous les
moulons du village. Nous nous plaignîmes au
gouverneur de Van ; i l refusa de s'occuper de
cette affaire. Dix jours après, les Kurdes re–
vinrent prendre notre froment, notre orge,
notre bétail ; ils incendièrent les fourrages
qu'ils ne pouvaient emporter. Ils renversèrent
l'autel de notre église, pensant y trouver de
l'or ou de l'argent. Nous suppliâmes les auto–
rités de nous protéger ; mais on nous menaça
de nous tuer comme des animaux de bou–
cherie si nous nous avisions encore de porter
plainte contre de bons mahométans. Nous
prîmes alors tout ce que nous pouvions de
nos biens et nous partîmes pour la Russie.
Près de Sinok, six Kurdes armés nous assail–
lirent et ne nous laissèrent que ce que nous
avions sur le corps, pour nous chasser de
l'autre côté de la frontière. »
Sarkis Mardirossian, d'Outcb-Kilis (sand–
jak d'Alachkerd), a raconté qu'il avait émi–
gré avec sa famille de cinq personnes, parce
qu'il ne pouvait plus vivre chez lui. « Les
Kurdes avaient incendié mon fourrage, en–
levé tout le bétail du village, cent vaches,
cinquante bœufs et trois cents moutons. Hors
d'état de payer les impôts et menacés d'être
torturés par les zaptiés, souffrant déjà de la
faim, nous n'avions qu'à nous en aller. A
Kiatoug, les Kurdes nous prirent tout ce que
nous avions, et nous chassèrent au delà de la
frontière. »
Khatcho Garabedian, de Kiavourmi (sand–
jak de Khnous), déclare ce qui suit : « J'ai
quarante-cinq ans. La raison pour laquelle
j'ai émigré avec les miens, c'est que les Turcs
permettaient aux Kurdes de me prendre tout
ce qu'ils voulaient. Puis venaient les zaptiés,
réclamant des impôts que je ne pouvais pas
payer. Le colonel médit alors : « Tu n'as pas
d'argent; mais tu as une jolie femme. Prête-
la-moi, et je te donnerai quittance de ton im–
pôt ». Je réussis à éloigner ma femme; quand
le colonel vit qu'il ne pouvait la déshonorer,
sa colère tomba sur moi. Il me lit inonder
d'eau froide, frotter le visage de fumier et
d'ordures, traîner par le village, une courroie
serrée autour du cou ; enlin i l me prit mon
bœuf, la seule chose qui me restât. Je m'en–
fuis alors avec ma famille, emportant deux
livres turques, que les soldats nous arra–
chèrent. Ainsi nous sommes arrivés en
Russie, aussi pauvres que des nouveau-nés. »
Le plan d'extirpation, cela saute aux yeux,
est en voie d'exécution. L a population chré–
tienne est décimée; les villages passent d'un
propriétaire à l'autre avec la rapidité d'un
changement de décors. L'émigration en Rus–
sie et les convois funèbres se multiplient.
Nous ne donnerons pas la liste des villages
devenus mahométans ; un exemple suffira
pour montrer comment s'opère le change–
ment: dans le vilayet de Bitlis, Kadjlou est un
village dont le nom signilie « village de la
Croix». C'est maintenant un village du Crois–
sant. Mohamed Enlin, avec une bande de
Kurdes, prit le village d'assaut, et, selon
l'expression turque, « s'y établit » . Par bon–
heur, le village est à cinq milles seulement de
la résidence du gouverneur ; mais par mal–
heur, le gouverneur refusa de rien faire, au
moins pour les Arméniens. On les chassa
comme des moutons. Est-ce là peut-être un
de ces cas où, comme l'on dit, à brebis ton–
due Dieu mesure le vent? Les occupants se
mirent alors à piller les villages environnants,
Piran surtout, situé à un mille de là. Ce vil–
lage aurait changé de possesseurs sans l'idée
lumineuse d'un des habitants. Il lit venir un
Kurde, nommé Assad agha, qui consentit à
devenir propriétaire de vingt champs de blé,
de dix prairies et d'une vaste maison à deux
étages, sans autrepayement que la promesse
de protéger les Arméniens contre Mohamed
Emin et ses Kurdes.
(
A suivre.)
E.-J. DILLON.
Gazette hebdomadaire
P A R
G. CLEMENCEAU
B u r e a u x e t A d m i n i s t r a t i o n : 2 4 , r u e
C h a u c h a t , P a r i s
A B O N N E M E N T
:
France et Colonies . . . .
20
fr.
E t r a n g e r
25 —
Le Secrétaire-Gérant :
J EAN LONGUET.
5443.
I M P R I M E R I E D E S U R E S N E S
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Fonds A.R.A.M