bitants accoururent à cet appel. Les fem–
mes armées de haches et de bâtons se je–
tèrent les premières sur le tyran qui put à
grand peine s'échapper. Mais i l alla de–
mander aide aux autorités, disant que les
gens de Zélénitché avaient proclamé l a
l'évolution. De nombreux détachements
de troupes furent mis à sa disposition et
saccagèrent de fond en comble tout le v i l –
lage.
Quand le gouverneur de Monastir con–
nut l a vérité, i l n'en ordonna pas moins
de laisser dans les prisons tous ceux des
paysans que l'on avait pu arrêter. Le reste
a pris l a montagne.
Il va de soi que le mudir de Neveska se
promène en toute liberté tandis que ses
victimes sont en prison.
L E PREM I ER MINISTRE GREC ET L A QUES–
TION MACÉDONIENNE.
—
M . Zaïmis, prési–
dent du conseil des ministres, a eu avec
un rédacteur du
Neues
Wiener
Tagblatt,
un entretien où i l est venu à parler de l a
question macédonienne.
«
I l ne saurait, a-t-il dit, être question
d'une alliance entre l a Grèce et l a Rou–
manie, en opposition avec les Etats slaves ;
une politique agressive est tout à fait
étrangère aux' traditions de l a Grèce. L a
Grèce ne provoque personne et elle est
disposée à entretenir des relations étroites
avec chacun des Etats balkaniques, et cela
dans les mêmes conditions qu'avec la Rou–
manie. S'il existe un certain dissentiment
entre l a nation grecque et les Bulgares, la
cause en est que l'on est mécontent en
Grèce de ce que les Bulgares ne mettent
pas assez de soin à paralyser l'action
fâcheuse du comité révolutionnaire macé–
donien ; mais cependant le ministère grec
est dans l a meilleure entente avec le gou–
vernement bulgare.
Que des réformes
sont
nécessaires
en Macédoine,
nous le
recon–
naissons
comme
tout le monde.
Mais
ce
n'est pas à nous, les petits États,
d'exiger
ces réformes.
L'application
de telle
ou
telle mesure
en Macédoine
dépend
des
grandes
puissances
;
c'est à elles de de–
mander des réformes
et de les
introduire
au moment
propice.
L a Grèce n'a pas à
donner là-dessus son opinion. Nous de–
vons seulement constater que les menées
du comité révolutionnaire macédonien est
la cause principale, disons mieux, l a seule
cause des crimes effroyables qui se pro–
duisent en Macédoine, de toutes les vio–
lences, des assassinats de musulmans et
de chrétiens, des pillages, des incendies:
en un mot tous les méfaits qui terrifient
la population de cette région sont l'œuvre
des affiliés de ce comité. Le jour où le
comité n'existera plus, l'apaisement des
esprits pourra se faire, l'ordre régner, et
i l deviendra impossible d'alarmer conti–
nuellement l'opinion publique. »
M . Zaïmis est un homme subtil chez qui
se concilient des opinions contradictoires.
I l reconnaît que des réformes sont néces–
saires en Macédoine, puis aussitôt i l at–
tribue tout le mal à l'action du comité
macédonien ; i l oublie qu'il n'y aurait
jamais eu n i comité n i révolutionnaires s i ,
là comme ailleurs, les atrocités hami-
diennes n'avaient pas poussé à bout les
gens les plus paisibles. Les gendarmes,
violeurs de Podripna Skala, les brigands
à l a manière de B i l a l Balanza et d'Abdur-
rhaman agha ne sont pas des révolution–
naires macédoniens, mais les plus iidèles
serviteurs de S. M . I. Abd-ul-Hamid. I l
est étrange que parmi les personnes res–
ponsables de ce qui se passe en Macé–
doine, M . Zaïmis aitnégligéde mentionner
celle par l'ordre de qui tous les crimes se
commettent, le Sultan lui-même.
T ROUP E S E N RÉVOLTE ET TRÉSOR V I DE .
—
Voilà quelques mois, les officiers et les
soldats de Monastir menaçaient de se ré–
volter, s i leur solde en retard n'était pas
enfinpayée.Tout récemment, pour la même
cause des troubles militaires se sont pro–
duits à Stienitza ; et a l a fin de décembre,
dans le vilayet de Kossovo, le méconten–
tement des troupes albanaises était arrivé
à un tel point que la Dette Publique a dû
faire une avance de
25
,
ooo livres qu i ont
été prises sur des fonds assignés à une
destination tout autre, à savoir sur les
plus-values éventuelles des revenus enga–
gés pour l a garantie kilométrique des
chemins de fer.
E n Syrie, même situation. Plusieurs
centaines de soldats, à moitié morts de
faim, qui depuis plusieurs années n'a–
vaient pas reçu un para de leur solde, ve–
naient d'être, une fois de plus, renvoyés
sans argent. Ils rencontrèrent le vali de
Beyrouth et le commandant de l a garni–
son; ils désarmèrent l'escorte et fouillè–
rent le commandant. Mais d'autres soldats
accoururent et les dispersèrent.
A i n s i même en plein Ramadhan, épo–
que où d'ordinaire les diverses adminis–
trations font de leur mieux pour donner
un mois ou deux d'appointements, le tré–
sor, cette année, n'a pu faire face aux dé–
penses les plus urgentes.
RÈGLEMENT S MINIERS ET DOUANIERS. —
Longuement et laborieusement les puis–
sances élaborent des notes pour protester
contre les abus de pouvoir du Sultan qui
se permet de promulguer, sans leur assen–
timent, des règlements de mines et de
percevoir à Salonique de nouveaux droits
de douane. Comme i l s'agit d'argent et
non de méprisables vies humaines, i l est
certain qu'Hamid sera obligé de céder.
A i n s i que le fait remarquer excellemment
le Temps,
en son bulletin de l'étranger du
8
janvier, « c'est sur ce terrain seulement
que le concert européen semble pouvoir
se manifester d'une façon tant soit peu
active et que les Etats particuliers croient
pouvoir déployer une énergie efficace sans
s'exposer aux accusations de don qu i -
chottisme ».
Quant aux procédés employés en ma–
tière d'exploitation de mines par les su–
bordonnés d'Abd-ul-Hamid pour rebuter
et expulser les concessionnaires, i l suffit
de faire connaître l'histoire de M . Jakob
Oppenheimer, sujet allemand, tel que l a
raconte la
Frankfurter
Zeitung.
Celui-ci
avait obtenu l a concession pour dix-sept
ans d'une mine d'antimoine, contre paie–
ment d'un droit déterminé à l a liste civile,
d'après un minimum d'extraction prévu
par contrat. L'exploitation était rendue
difficile déjà par le manque d'ouvriers et
l'impossibilité pour les ouvriers chrétiens
de circuler depuis les massacres de I
8
Q
5.
En
1897,
du fait de la guerre turco-grec-
que, interruption de travail qui n'était
point de l a faute de l'exploitant.
«
Alors, dit M . Oppenheimer, l'autorité
turque me créa un nouvel empêchement;
le kaïmakam de Ghedes me
défendit
l'em–
ploi des explosifs
dans la mine parce
que
le bruit des explosions
chassait
les oi–
seaux
qui détruisent
les sauterelles
».
M . Oppenheimer passa outre ; mais me–
nacé d'emprisonnement, i l dut cesser tout
travail et se trouva ainsi hors d'état de
remplir envers la liste civile ses engage–
ments de ne point cesser pendant plus de
six mois les travaux d'exploitation et de
verser un tant pour cent sur l'extraction.
E n désespoir de cause, las d'adresser
à Y l d i z des requêtes qui demeurent sans
réponse, M . Oppenheimer vient d'en
voyer une pétition au Parlement alle–
mand. S i jamais sa demande est discutée,
i l sera curieux de savoir jusqu'à quel
point le gouvernement de l'empereur
Guillaume II sacrifie à son amitié pour
Hami d les intérêts des sujets allemands
lésés par les autorités ottomanes.
D E U X PROTESTATIONS CONTRE L E C O N –
GRÈS SIONISTE.
—
On a l u plus haut la
protestation indignée de Bernard Lazare
contre le Congrès sioniste adressant à l a
Bête et recevant d'elle de honteux télé–
grammes de félicitations. Les étudiants
arméniens et les autres étudiants étran–
gers de Genève ont de leur côté manifesté
leurs sentiments à l'égard du Congrès
sioniste en se gardant bien de rendre les
Israélites persécutés responsables du crime
contre l'humanité commis par ceux qui
les mènent.
Vo i c i les ordres du jour votés :
La Société des étudiantes et des étudiants
arméniens de Genève, dans sa réunion d'au-
Fonds A.R.A.M