l'ordre le plus bas — ont amené une demi-
rupture de ses relations avec la Porte et ont
provoqué entre elle et lui une conversation
diplomatique dont i l serait particulièrement
aisé d'élargir l'objet et d'élever le niveau.
Notre gouvernement, qui est demeuré pen–
dant des années impassible au spectacle de
tant d'atrocités, s'est ému des lenteurs ap–
portées par le gouvernement ottoman dans
le règlement de questions d'argent intéressant
une Société financière et quelques banquiers;
et i l s'est ému au point de fournir à son am–
bassadeur un prétexte pour rentrer en France
et de signifier à l'ambassadeur de Turquie à
Paris d'avoir à quitter son poste.
Eh bien, nous devons, à l'heure où, se fai–
sant le serviteur zélé des intérêts de quelques
capitalistes, le gouvernement de la Répu–
blique française est entré en conflit avec le
gouvernement d'Yldiz-Kiosk, nous devons
lui rappeler que depuis bien longtemps de
tout autres raisons, des raisons d'humanité,
ainsi que le sentiment de la confiance placée
en lui par le peuple arménien, eussent dû
motiver une intervention énergique de sa
part auprès de ce gouvernement, et qu'il ne
saurait pas, sans se couvrir d'une ineffaçable
honte, tarder davantage à réclamer l'appli–
cation des clauses du traité de Rerlin et du
mémorandum de
189
a. •
Conformément à une motion du Congrès
socialiste international de
1900,
le bureau
socialiste international a invité ces jours
derniers les partis socialistes de tous les pays
à agir sur leurs parlements et sur leurs gou–
vernements respectifs pour obtenir que les
puissances missent un terme aux massacres
d'Arménie ; dans quinze jours , à la tribune
de la Chambre des députés, des orateurs so–
cialistes feront entendre la protestation de
notre parti et sommeront le gouvernement
français de faire son devoir ; dans les autres
parlements, n'en doutons pas, nos amis étran–
gers porteront la même question à la tribune
et agiront dans le même sens ; dans les autres
pays, par la presse, par des réunions pu–
bliques, les socialistes, selon le vœu du bu–
reau international, éclaireront l'opinion et
mettront en mouvement les masses.
Il faut que chez nous aussi le parti socia–
liste tout entier se dresse et fasse entendre
sa voix : i l faut qu'en deçà de nos frontières,
aussi bien qu'au delà, l'action des élus socia–
listes soit secondée par l'action de tous les
socialistes, par un grand mouvement de
presse, par un grand mouvement de réu–
nions.
Travailleurs ! Socialistes ! faites que les
paroles du Congrès international de
1900
deviennent des actes.
LE COMITÉ
GÉNÉRAL.
O R G A N I S A T I O N S
N A T I O N A L E S ,
C O O P É R A T I V E S
E T
S Y N D I C A T S
Camélinat, Jules Mallot, Révelin, Vierne
(
Fédération
socialiste
révolutionnaire)
;
Cordé, Reisz, Willm
(
Parti
ouvrier
socia–
liste révolutionnaire);
Dupetit, Heppenheimer,
Huret
(
Fédération
des travailleurs
socialistes
de
France);
Semanaz, Ser
(
Syndicats);
Guillemin
(
Coopératives).
F É D É R A T I O N S
D É P A R T E M E N T A L E S
Allemane (Jura) ; Rertrand (Vaucluse) ;
Rreton, Bauquier-Ricard (Cher) ; Aristide
Briand, Monnier (Nord et Pas-de-Calais) ;
Brunellière, Yves Le Febvre (Bretagne) ;
Chaucheprat (Allier) ; Cipriani ( Loir-et-
Cher) ; Dondicol (Gironde) ; Donier (Ain) ;
Dumas (Drôme et Ardèche) ; Ferrero (Var);
Fribourg (Nièvre); Gérault-Richard, Légi-
timus, Elie May (Guadeloupe) ; Georgel
(
Vienne et Choletais) ; Gérard (Seine-et-
Oise); Imbert, Jaurès (Tarn) ; citoyenne
Kassky, Magnien, Voilin (Seine) ; Lassalle,
Orry (Ardennes); A. Lenormand (Yonne) ;
Lépine (Aisne) ; Jean Longuet (Basse-Nor–
mandie); Martinet (Indre) ; Mesnard (Deux-
Sèvres) ; André Morizet (Marne) ; Moulinier
(
Charente) ; Parassols (Aveyron) ; Parsons
(
Oise) ; Périllat (Savoie) ; Renaudel (Seine-
Inférieure); Richard (Gard); Roland (Côte-
d'Or); Téry (Rhône); Thizon (Anjou-Poitou-
Vendée-Saintonge).
N. B.
En vertu de la motion votée le
a3 octobre, les Fédérations sont invitées à
faire connaître au Comité général le nombre
des réunions organisées par elles ou par les
groupes et les ordres du jour votés.
Lettre au Parlement français
En prévision du débat prochain sur les af–
faires d'Orient. Ismaïl-Kemal bey a adressé
la lettre suivante aux Présidents de la Répu–
blique, de la Chambre et du Sénat ainsi qu'à
un grand nombre de députés.
Monsieur,
Demain, la Chambre des Députés ou–
v r i r a les débats sur une question qui tou–
che plus les intérêts de l'humanité et de l a
justice que les intérêts politiques de l ' Eu –
rope. L a résolution finale à laquelle
aboutiront ces débats prouvera si l'é–
nergie que le gouvernement de la Répu–
blique aux acclamations du monde civilisé
et des peuples de l'Orient a déployée, ser–
virait à relever l'honneur et le prestige
de la nation française ou si le sort réserve
à ces pauvres peuples de l'Orient une
cruelle déception. L a veille d'une journée
solennelle, je crois de mon devoir de
préciser les vœux des peuples de Turquie.
Je n'entends parler n i au nom de cette
classe qui, en retour des services rendus
au despotisme, exploite et ruine le pays,
n i au nom des partis qui, sous couleur de
libéralisme, viseraient à s'emparer du
pouvoir au profit exclusif de la caste dans
laquelle ils se recrutent ; je représente la
grande masse de la population qui, fai–
sant trêve à toutes passions que la bar–
barie des temps passés et le régime d'un
gouvernement inconscient de son devoir
et de son intérêt l u i ont léguées, n'aspire
qu'à posséder un gouvernement loyal et
humain sous les auspices duquel elle
pourrait vivre en liberté, trafiquer en l i –
berté, travailler en liberté, et contribuer
au maintien de l'Empire dont l'existence
constitue un élément nécessaire à l'équi–
libre du monde et à la sauvegarde des i n –
térêts communs de tous les peuples
orientaux.
Nous hésitons à croire que la France
arrêterait son action énergique devant
l'obtention de quelques satisfactions ma–
térielles et la reconnaissance d'un droit
de protection en faveur d'un nombre res–
treint d'institutions ou dépopulations. La
France, dont l'histoire est si étroitement
liée avec le passé de l'Orient, saurait-elle
être satisfaite de la seule autorisation que
l'incendiaire l u i accorde pour reconstruire
ce qui fut détruit par ses propres mains ?
L a France croit-elle relever son prestige
aux yeux du monde et des Orientaux
parce que le régime qui opprime tout un
peuple, qui détruit tout un Empire, l u i re–
connaît le droit d'entretenir des écoles,
d'ouvrir des églises dans une partie de
l'Empire quand ceux qui en bénéficie–
raient, ne possèdent aucune garantie
contre le courroux de ce même régime
dont ils furent victimes ?
I l nous serait difficile d'admettre que la
France abdiquerait son rôle civilisateur,
dénierait son histoire, détruirait son
œuvre accomplie au prix de tant de sang
versé et dans un moment où l a direction
de la politique de ce grand Empire, qui en
constituait jadis l'obstacle, se trouve entre
les mains d'un monarque éclairé qui,
animé par l'amour de la justice et de la
paix comme gage de l a sincérité de ses i n –
tentions, a cherché son alliance.
I l nous serait pénible de chercher une
raison quelconque qui obligerait la France
à oublier son passé, à
compromettre
son avenir pour ménager les caprices de
ses ennemis et de ses amis en demeurant
impassible devant les horreurs qui font
gémir trente millions d'êtres humains dont
le sort fut garanti par un acte acquis par
le sacrifice du sang français et par l'inter–
vention désintéressée et énergique de la
politique française.
Nous, musulmans et chrétiens, nous sa–
vons que la dynastie ottomane , l'Empire
de Turquie et ses peuples puisent leurs
droits et forces dans les stipulations i n –
ternationales dont un des facteurs fut tou–
jours l a France. Par ces stipulations, la
Turquie entra et marcha graduellement
dans la voie de la civilisation et finit par
jouir des bénéfices du droit international
sous la charge explicite d'en reconnaître
les devoirs et de se soumettre aux lois
d'un Etat civilisé. Le traité de Paris, en
garantissant l'intégrité et l'indépendance
de l'Empire, l u i imposa l'égalité ctle droit
c i v i l pour tous ses sujets ; le traité de
Fonds A.R.A.M