pandue par des journaux malveillants ou
mal renseignés.
Je crois nécessaire d'ajouter que je me
tiens toujours à la disposition de la justice
de mon pays où je rentrerai dans deux
mois.
Veuillez agréer, monsieur le Directeur,
l'expression de mes sentiments les plus dis–
tingués.
B .
S A R A F O F F .
L E S É C O L E S É T R A N G È R E S E T L E S U L T A N .
—
L'iradé interdisant aux Musulmans
d'envoyer leurs enfants dans les écoles
étrangères a été renouvelé. Selon une re–
marque de M . Gabriel Hanotaux, Hami d
qui se croit et se dit khalife veut ramener
la Turquie et l'Islam à leurs institutions
primitives.
Il travaille à surexciter l a xénophobie
chez ses peuples et les veut soigneu–
sement garder de toute culture euro–
péenne ou même simplement turque,
arabe, albanaise ou kurde.
C'est ainsi qu'il s'efforce de maintenir
dans la plus parfaite ignorance Albanais
et Kurdes. Que s'il consent volontiers à
faire massacrer Slaves et Arméniens par
leurs farouches voisins, i l interdit sévè–
rement en Albanie la propagation de
l'alphabet national et des livres élémen–
taires imprimés en langue albanaise.
Quant aux Kurdes, 'dans une curieuse
enquête sur l'Islam, publiée par M . E . Fazy
dans les
Questions
diplomatiques
et colo–
niales,
le professeur M . Hartmann de
Be r l i n , qui a quelque qualité pour parler
des choses de l'Orient, s'exprime ainsi à
leur endroit et rejette en grande partie
sur le gouvernement central « les actes de
sauvagerie sans exemple auxquels, à
l'instigation de misérables meneurs,
certains individus se sont laissé en–
traîner » .
Si l'on énumère les hommes les plus
illustres de l'histoire turque on rencontre un
grand nombre de Kurdes, malheureusement
de Kurdes
turquifiés.
C'est que le gouver–
nement central de Stamboul s'efforce préci–
sément de prendre à son service les meilleures
individualités de cette race si capable et de
marquer autant que possible les autres de
l'empreinte turque, c'est-à-dire en l'espèce de
communiquer le triste esprit des effendis de
Stamboul aux dirigeants de la dangereuse
nation; on espère par là rendre inoffensif le
peuple tout entier. Voilà pourquoi on a orga–
nisé la cavalerie hamidié, voilà pourquoi on
traîne les fils des grandes familles kurdes
jusque dans la fameuse école des tribus
nomades,
VAchat r
Mektebi.
Ce qu'il y
a eneux de meilleur, leur originalité na–
tionale, ils doivent y renoncer; ils doivent
désapprendre les mœurs de leur pays et
jusqu'à la langue pour se laisser engloutir
dans l'uniforme bureaucratie des Osmanlis.
On publie un journal en langue kurde :
l'entrée du Kurdistan lui est interdite ; qui–
conque en est là-bas trouvé délenteur est
puni. Les livres kurdes sont défendus sous
des peines sévères; on n'a pas le droit de
répandre les traductions du Koran en kurde;
enfin le gouvernement entrave systéma–
tiquement l'enseignement scolaire.
L E S
É M I G R É S .
—
Les journaux turcs
publient presque quotidiennement des
notes sur les émigrés musulmans qui
viennent s'installer en Turquie sur les
sollicitations des émissaires hamidiens.
Le plus souvent, on leur alloue comme
vacantes des terres appartenant aux A r –
méniens ou concédées àdes étrangers,
comme i l en fut à Ada-Bazar. Mais, en
dehors du pillage, les émigrés n'ont au–
cune ressource et ils ne tardent pas à s'a–
percevoir qu'ils ont été dupés, en croyant
aux magnifiques promesses de Hami d .
Beaucoup de ceux qui avaient quitté l a
Crète ne demandent qu'à y rentrer et i l
en est de même des émigrés bosniaques,
qui avaient quitté en masse leurs villages
pour passer en Asie. Ils avaient été éta–
blis surtout dans les vilayets de Brousse
et d'Angora ; mais si soupçonneuse, si
tracassière, s i tyrannique que soit en
Bosnie-Herzégovine l'administration aus–
tro-hongroise, les malheureux se sont
aperçus qu'ils étaient tombés d'un maldans
un pire et que le système hamidien l'em–
portait encore en iniquité et en oppres–
sion ; i ls sont laissés entièrement à la
merci des propriétaires fonciers bosnia–
ques qui ont émigré avec eux et subissent
en sus toutes les exactions du fisc impé–
rial, si bien qu'ils retourneraient volon–
tiers dans leur pays d'origine.
L A
P O L I C E T U R Q U E .
—
L a police turque
est un peu désorganisée en France, au
moins provisoirement, et l'expulsion de
Nicolaïdès, suivant celle de Sinapian ef–
fendi et de Féridoun bey apporte quelque
désarroi au service des renseignements.
Mais elle sévit toujours avec autant de
cruauté et de sottise à Constantinople et
dans toute la Turquie. On a vu que les
mouchards de Hami d prétendaient faire
mourir de faim, dans sa maison investie,
l a famille d'Ismaïl Kema l bey. A u com–
mencement du mois, une disgrâce inatten–
due a frappé le gouverneur des Iles des
Princes,unTcherkesse. Celui-ci avaitréuni
à déjeuner, pour un anniversaire de fa–
mille, une quinzaine de personnes, dont
Zia pacha, ministre des travaux publics.
Pendant le repas, des policiers se présen–
tèrent et donnèrent l'ordre aux convives de
se retirer chez eux. Le lendemain, Z i a pa–
cha et les autres invités furent soumis à un
interrogatoire sévère devant l a commis–
sion qui siège en permanence à Y l d i z .
Ils furent ensuite laissés libres. Quant au
gouverneur des îles, i l a été exilé à Kh a r -
pout parce qu'il avait réuni chez l u i plu–
sieurs personnes sans prévenir l a police.
Quand un tyran affolé maltraite ainsi ses
propres ministres et des personnages i n –
fluents, on imagine quels drames obscurs
se jouent dans les maisons des pauvres
diables, et si ceux-là s'avisent de se réu–
nir, pas n'est besoin de l a commission
spéciale d'Yldiz ; ils sont abandonnés au
caprice et aux vengeances de l a racaille
subalterne et ils disparaissent sans autre
forme de procès.
C O N D A M N A T I O N S .
—
D'après un rapport
de la cour criminelle de Constantinople,
un délai de dix jours est accordé au
nommé Yah i a et à son frère Yousouf qui,
exilés à Adana pour menées séditieuses,
se sont enfuis en Grèce. Passé ce délai, ils
seront jugés par défaut et privés de leurs
droits civils et leurs biens seront confis–
qués. Les autorités de police doivent les
arrêter partout où elles les trouveront.
P. Q.
Gazette hebdomadaire
P A R
G. CLEMENCEAU
B u r e a u x e t A d m i n i s t r a t i o n : 2 4 , r u e
C h a u c h a t , P a r i s
A B O N N E M E N T : F r a n c e et Colonies . . . . 20 f r .
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E t r a n g e r
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