P R E M I È R E A N N É E .
—
N °
24.
Le numéro : France, 4 0 cent. — Etranger : SOcent.
10
N O V E M B R E
1901
Pro Armen i a
Rédacteur en chef :
P i e r r e
Q U I L L A R D
Adresser
tout ce i u i concerne la direction
à M. Pierre Quillard
Î O ,
r u e N o l l e t ,
P a r i s
A B O N N E M E N T S :
France
8 »
Étranger
10 »
paraissant le 10 et le 25 de chaque mois
C O M I T É D E R É D A C T I O N :
G . Cl emenceau, Anatole France , Jean Jaurès
Franc i s de Pressensé, E . de Rober ty
Secrétaire de rédaction
J e a n
L O N G U E T
Vendredi
de 11 n, à midi, 17, rue Cujas
OOOCCOOOOOOOCOOOOO
ADMINISTRATION :
Société nouvelle de Librairie
et d'Édition
(
LibrairieG.
BELLAIS)
17,
r u e C u j a s , P A R I S
TÉLÉPHONE : 801-04
Pro Armenia
est en vente chez les libraires et dans les principaux kiosques de Paris.
S O M M A I R E
La Quinzaine
Pierre Quillard.
U n appel à l'Europe et à
la France
!
s ma il K ema l bey
Correspondance pendant
les années 1899, 1900, et
1901
U n vicaire du pa –
triarcat.
Lettres de Mo u s h et de
Gama k h
Nouvelles d'Orient : E n M a –
cédoine et en Vieille-Ser–
bie. — E n A l b a n i e . —
Trésor v i d e . — C o n d am –
nation
P . Q.
Documents : L a séance d u
4
novembre à l a Ch amb r e
Nous appelons l'attention de nos lec-
leurs sur les dernières lettres que nous ve–
nons de recevoir de Moush. Elles indiquent
très clairement à quel acte de désespoir
la population se trouve acculée.
LA QUINZAINE
Donc , le ma r d i 5 novemb r e , à onze
heures d u ma t i n , l a d i v i s i o n c o mma n –
dée par le c on t r e - ami r a l Ga i l l a r d est
entrée en rade de Mételin; et sans
doute les Hellènes de celte île à peine
turque ont salué de bruyants
Zîlo!
les
marins français. Cependant, jusqu'à
plus amp l e informé, les Hellènes ou
n'importe quels autres sujets de H a m i d
auraient grand tort de s'exagérer l a
portée de cette démonstration navale
et tenir pour des libérateurs les soldats
qui sont pr ov i s o i r ement , selon l ' heu –
reuse
expression de F r a n c i s de
Pressensé, de simples recors i n s t r u –
mentant au mo y e n de canons.
Il est vrai qu ' une note en quatre
points a été remi se pa r M . Bapst à
Tewf i k pacha et contient quatre c o n –
ditions d ' un caractère po l i t i que :
i° L a reconnaissance officielle de toutes
les écoles appartenant aux communautés
religieuses et placées sous la protection
de l a France ;
2
°
l a reconnaissance des
hospices et autres dépendances ; 3° le
droit de reconstruire les écoles et autres
établissements détruits pendant les trou–
bles d'Arménie en
1895-1896
; 4
°
l a recon–
naissance du patriarche chaldéen.
Ce n'est pas i c i l a place de discuter
la question des écoles d ' Or i ent , n i de
se demande r quel intérêt capital i l y
y a à faire reconnaître par H a m i d le
patriarche chaldéen qu i gouverne u n
troupeau de quelques mi l l i e r s de fidèles
recrutés à g r and p r i x d'argent.
Ma i s l a forme même donnée aux
réclamations concernant les événe–
ments de 1895-1896 est fâcheuse.
D ' a b o r d , i l n'est po i nt parlé, dans
l'article 3, des indemnités dues aux
sujets français énumérés dans l a d é –
pêche du 28 j anv i e r 1897, en r a i s on
«
de l ' i na c t i on de l a po l i ce et de l a
troupe en face d n massacre et du
pillage organisés systématiquement et
favorisés par l'autorité » . C'eût été là,
cependant, une réclamation po l i t i que
au p r emi e r chef et l a créance était
mo i ns anc i enne que celle des héritiers
L o r a n d o et de M . T u b i n i . En s u i t e , i l
est très regrettable, alors que les d i –
plomates professionnels affectent d'at–
t r i bue r aux mots une valeur presque
surnaturelle, que le même article 3
soit écrit précisément en langue h am i -
d i enne , avec les euphémismes de
style, et que, pour ménager les suscep–
tibilités de l a Bête, o n ait écrit
troubles
où i l fallait écrire
massacres
en termes
propres .
A u temps où i l réglait l'affaire Cre–
toise avec une énergie dont i l se fait
justement honneu r et dont i l a été loué
par tous, M . Delcassé ne se serait pas
embarrassé de périphrases et aurait
appelé par leurs noms les c r imes et le
c r i m i n e l . L a manière d ' u l t ima t um q u i
a précédé l a ma i nmi s e de l ' am i r a l
Ga i l l a r d sur Mételin n'est donc pas de
nature à donne r satisfaction aux espé–
rances légitimes qu'avait inspirées aux
Arméniens et à leurs amis l'attitude du
gouve rnement français.
L e cont enu et l a f orme de l a note de
M . Bapst semblent plutôt atténuer les
déclarations faites le 4 novemb r e pa r
M . le Mi n i s t r e des Affaires étrangères.
Ce jour-là, b i en que - de fâcheuses
considérations parlementaires aient
ensuite o b s c u r c i le débat, M M . Ma r c e l
Sembat et Deny s Co c h i n avaient mi s
en lumière, avec une éloquence nette
et généreuse, l a vraie question. Ce
qui était réellement en j e u , ce qu i do –
mi na i t tous les calculs sur l e taux
légal de l'intérêt à 12 ou à 9 0/0, c'était
l'agonie d ' un peup l e , le tragique c o n –
traste entre le silence un i ve r s e l et l a
complicité de l ' Eu r o p e avec l'Assassin
lors des grandes tueries et l'inter–
ven t i on de l a Hotte pour une question
Fonds A.R.A.M