teau
Maria,
de la Compagnie Hadji-
Daout. Une foule d'un millier de per–
sonnes les suivit jusqu'au port, clans la
lourde chaleur de mi d i . Malgré les coups,
ils chantaient des chants révolutionnaires
et répondaient par des hourrahs au c r i de
leur compagnon, le professeur Christo
Matoff : « V i v e l a Révolution ».
Parmi les déportés se trouvent : le
docteur Tatarchelf, inspecteur des écoles
bulgares ; P . Tacheil; le libraire Nicoloff;
Royadjieff; Stetanolf; Kostantinolf; les
prêtres Zidoroff, Stamate, Aleksieif; les
écoliers Kotcho Azoll'et Mi l a u Rizoff.
Ils ont été débarqués à Podoni, à une
assez grande distance deSmyrne, et seront
de là, selon la nature de leur peine, en–
fermés dans des bagnes ou internés dans
des enceintes fortifiées. E t i l ne manquera
pas de geôliers intelligents pour mettre à
pleine exécution l a pensée du ma î t r e et
les rayer du l i v r e des vivants.
Ap r è s quoi les personnes prudentes et
sages s'étonneront que les délégués au
congrès macédonien aient donn é un r é –
sultat nettement favorable aux partisans
de l'action énergique qui renommeront
Roris Saratoffprésident i n t é r ima i r e après
son acquittement certain. A u reste, le
P
r
Stoyan Mikaïlovsky, que l'on tient
pour « modéré », dans un éloquent article
des
Reformi
déclare qu'il n'est contre la
force de recours que la force et que la Ré–
volution est le « nouveau devoir ». I l ne
se fait pas grande illusion sur le sentiment
des puissances.
Il ne faut rien attendre de la bonne volonté
des gouvernements et de la philanthropie
avilissante, de la bonté hypocrite de ceux
qui se disent les pasteurs des peuples. Et
pour conclure, i l ajoute qu'il ne suffit pas de
conspuer le régime des massacreurs, mais
bien qu'il faut se débarrasser des massa–
creurs.
On se demande quel langage pourrait
bien tenir M . Stoyan Mikaïlovsky s'il n'é–
tait pas mod é r é .
E N
V I E I L L E S E R B I E .
Le consul russe
d'Uskùb, près Masbkoff, ap r è s enquête
faite sur les événements de Novi-Razar,
Kolaschin et Métrowitza a remis un rap–
port qui confirme toutes les vexations et
atrocités que nous avons dénoncées i c i
même et que Hami d et ses s ubo r donné s
continuent à nier effrontément : perqui–
sitions et arrestations arbitraires, meur–
tres, pillages et violences exercées même
sur des enfants. Là-dessus l'ambassade
russe a remis au Palais un mémo r a n d um
demandant : i°cessation des perquisitions;
2
°
mise en liberté des Serbes arrêtés;
3
° rappel des instigateurs des désordres;
4
° envoi d'un personnage muni d'une au–
torité suffisante et capable d'inspirer assez
de confiance pour rétablir l'ordre. Le Pa–
lais a promis tout ce qu'on voulait, mais
avec l'intention de n'en rien faire : Hami d
ne peut se désavouer lui-même et l'am–
bassadeur russe, moins que personne, ne
doit ignorer que c'est précisément sur les
instigations venues d'Yldiz même que les
autorités de Prishtina ont excité les A l b a –
nais contre leurs voisins. Maintenant que
les Arnautes sont déchaînés, i l sera ma–
laisé de leur faire entendre raison; ils
n'admettent pas qu'on leur manque de
parole et le meurtre de Nouri-bey, aide
de camp de la Rête, les montre peu res–
pectueux de l'Ombre de Dieu et de ses re–
présentants.
Faute de mieux, les réclamations et les
notes se succèdent à propos de l'incident
de Zibeftché et de l a saisie de la valise
portée par le courrier serbe Milovano-
viteb. Les Serbes par mesure de repré–
sailles ont d'abord cessé de donner pas–
sage à la poste turque; puis ils ont pris à
partir du
19
juillet une mesure plus radi–
cale en interrompant toute correspon–
dance avec les trains turcs à Zibeftchi.
Les voyageurs venus de Salonique durent
rebrousser chemin après quelques jours
d'attente et i l faut, pour gagner l'étranger
prendre, jusqu'à nouvel ordre, le bateau
d'Odessa ou de Trieste. Le procédé sans
doute n'est pas des plus galants envers les
personnes qui ont des affaires à traiter en
Europe; mais elles doivent s'en prendre
du dommage qui leur est causé bien plu–
tôt à Hami d qu'au gouvernement serbe
usant de représailles légitimes.
Que si par une longanimité excessive
celui-ci avait quelque velléité de se désis–
ter de ses réclamations, la besogne l u i se–
rait rendue fort malaisée par les événe–
ments mêmes : l'émigration continue;
i,o5o Serbes sujets ottomans ont passé la
frontière pour échapper à la servitude ha–
midienne et à Rascka seulement
946
de
ces malheureux attendent du secours et à
la fin de juillet encore, les bandes d'Isza,
Roljctinaz et de Fcrad Reg A l i ont envahi
le village de Pridorivza. G'est-là ce que
l'assassin appelle pacifier et i l faudrait
être un homme de peu de foi pour douter
de sa parole quand i l invite son bon cou–
sin le r o i Alexandre de Serbie à le venir
voir à Constantinople afin de s'assurer en
personne de sa réelle et fervente amitié.
D A N S
L ' Y É M E N .
L e
sultan est fort irrité
contre les Anglais. Ceux-ci ont conclu
depuis longtemps des traités commerciaux
avec certains chefs arabes i nd é p e nd a n t s
de l'hinterland d'Aden. Récemment le
cheikh de Makbul s'avisa de construire
un fort sur ces territoires neutres et i l plut
à Sa Majesté Impériale de l u i donner
l'appui de troupes turques. D' où conflit :
urne expédition anglaise a battu les forces
alliées du cheik de Makbul et d'Abd-ul-
Hami d et s'est retirée après avoir détruit
le fort et chassé les intrus.
L E
S U L T A N E T L A P E S T E .
A i n s i qu'il
était à prévoir, les accusations calomnieu–
ses répandues par les soins du sultan dans
la presse e u r opé e nn e contre le docteur
Nicolle ont été aussitôt relevées par la
direction de l'Institut Pasteur. L a
Gazette
de Lausanne
,
ordinairement bien infor–
mée des choses turques et peu favorable
à la Rête, qui avait relaté les bruits men–
songers, s'est empressée d'insérer la lettre
suivante du docteur Roux.
Paris,
7
juillet
1901.
Le numéro de la
Gazette de Lauzanne
du
24
juillet
1901,
contient une correspondance
de Turquie dans laquelle i l est question de
M . le D
r
Nicolle, directeur de l'Institut bacté–
riologique de Constantinople. Votre corres–
pondant explique qu'en outre de son traite–
ment i l était attribué au D
r
Nicolle une cer–
taine somme pour chaque cas de peste qu'il
parvenait à découvrir. Or, pour augmenter
ses appointements, M. Nicolle, toujours d'a–
près votre correspondant, aurait déclaré pes–
tiférées des personnes qui ne l'étaient pas.
M. le D' Nicolle est un ancien préparateur
de l'Institut Pasteur; i l a été envoyé en Tur–
quie i l y a sept ans déjà, par Pasteur, sur
la demande de S. M . le sultan. Il y a fondé
l'Institut bactériologique et s'y est distingué
par des travaux scientifiques et son ensei–
gnement. If représente à Constantinopie t'Ins-
titut Pasteur de Paris et c'est pour cela que
je ne puis laisser passer, sans les relever,
ces allégations calomnieuses.
D'abord, i l est faux que le D
r
Nicolle ait été
relevé de ses fonctions de directeur de l'Ins–
titut bactériologique; i l est également faux
qu'une prime lui lut allouée pour chaque cas
de peste découvert.
Ce qui est vrai, c'est que le D
r
Nicolle, dès
le commencement de cette année, a averti
les autorités ottomanes qu'il y avait des cas
de peste à Constantinople. Cet avertissement
a déplu au gouvernement, qui n'aime pas à
entendre parler de la peste, et aussi à tous
ceux qui croyaient leurs intérêts compromis
par les mesures sanitaires proposées. L'évé–
nement a montré combien le D
r
Nicolle avait
raison. Si on l'avait écouté, l'état sanitaire
de Constantinople ne serait pas aujourd'hui
un danger pour l'Europe.
D
r
Roux,
membre de l'Institut de France,
sous-directeur de l'Institut
Pasteur.
Les rats contaminés se chargeront de
compléter la démon s t r a t i on . Point n'était
besoin de faire venir de Londres un spé–
cialiste pour l a peste à qui on a astucieu–
sement présenté des cas de syphilis et qui
avec une subtile prudence a demandé de
faire des observations plus étendues avant
de donner son avis.
L A
P O L I C E
T U R Q U E
A
C O N S T A N T I N O P L E
E T E N F R A N C E .
Le récent incendie
d'Yldiz a augmenté encore l'affolement
Fonds A.R.A.M