la haine qu'avait soulevée contre l u i ce
protégé et cet émule de Hamid, elle note
que contrairement à l'usage des Albanais
qui ne mutilent jamais les cadavres, Djé-
lal, tué à coups de revolver, a été mis en
pièces à coups de yatagan.
L E
G O U V E R N E M E N T
S U I S S E E T L E S
R É –
F U G I É S
O T T O M A N S .
—
Le gouvernement
suisse s'est déshonoré à son tour en
expulsant, sur la demande de Mu n i r bey,
l'éditeur de
VIntékam,
l'ancien officier de
marine A l i Fa h r i . Aussi a-t-il mérité ces
éloges infamants de l a presse turque :
Le gouvernement suisse et les perturbateurs
Les mesures prises par le gouvernement
suisse ont conlirmé que les perturbateurs
qui sont en fuite en Europe troublent aussi
la paix du pays où ils résident. Le gouver–
nement suisse, en prenant en considération
leur conduite perturbatrice, a rigoureusement
averti que s'ils commettent le moindre fait
troublant la paix et la tranquillité, ils seront
expulsés sous escorte ; ordre est donné à la
police de surveiller leurs actes et leur con–
duite. 11 est naturel que des perturbateurs
de ce genre ne soient reçus nulle part; l'aver–
tissement du gouvernement suisse fait aux
susdits malfaiteurs a produit une grande
satisfaction aux amis de la paix.
L A
V E S T E A C O N S T A N T I N O P L E .
—
A u
mois de janvier dernier, ainsi que nous
l'avons annonc é , un batelier du Rosphore
qui était en même temps un mouchard,
mourut de la peste. Malgré le diagnostic
établi ap r è s examen bactériologique par
le docteur Nicolle, Hami d fit déclarer que
le batelier était mort de typhoïde.
Le docteur Nicolle, directeur de l'insti–
tut impérial de bactériologie, envoyé à
Constantinople par l'Institut Pasteur sur
la demande même du sultan, voilà bien–
tôt sept ans, a rendu les plus grands ser–
vices à l a population ottomane, notam–
ment en la pourvoyant abondamment de
sérum an t i d i ph t é r i que , dès la découverte
de Rehring. C'est un savant de haute et
large intelligence, de connaissances ency–
clopédiques et aussi un homme de la plus
rigoureuse intégrité, vertu mal prisée en
terre hamidienne.
E n janvier on ne tint aucun compte de
ses conseils et on l u i en voulut d'avoir dit
la vérité. Depuis, l'événement a démontré
qu'il avait raison et le conseil sanitaire
s'est rendu à l'évidence et a accepté son
diagnostic, à l'exception du r ep r é s en t an t
russe, qui sans doute ne voudrait pas gê–
ner le commerce de la Me r Noire. Mais les
rats se chargeront de compléter la démons–
tration; ils meurent en masse et ils meu–
rent de l a peste, non sans l'avoir trans–
mise aux hommes.
Seul bientôt, Hami d refusera de recon–
naître le fléau; en attendant i l fait répan–
dre dans la presse des insinuations men–
songères et calomnieuses contre le docteur
Nicolle. Nous nous plaisons à croire que
n i l'Institut Pasteur, n i même le Ministre
des Affaires étrangères ne laisseront dif–
famer sans protester un savant français
coupable d'avoir dit la vérité et d'avoir
averti l'Europe du danger imminent.
L E S É M I G R É S M U S U L M A N S .
—
I l est i n –
téressant de noter dans les journaux turcs
le mouvement d'émigration des musulmans
dans l'Empire ottoman; on y lit fréquem–
ment des notes comme celles-ci :
Sont arrivés à Constantinople, quatre-
vingts émigrés islams de Varna et quarante
quatre de Kenstendjé.
Deux cent neuf islams de Daghistan et de
Bosna furent envoyés à Ismidt pour s'y éta–
blir.
Trente-huit émigrés du Caucase sont arri–
vés hier à Constantinople.
Dix-neuf familles de cent six membres d'é–
migrés islams de Salonique et quatre famil–
les de trente-deux membres sont arrivées à
Constantinople.
Sont arrivés à Constantinople trente-un
émigrés islams de Varna et cent trente-six
de Kenstendjé.
Soixante-quinze émigrés, islams de Daghis–
tan furent envoyés à Damas pour s'y établir
et cent quatorze émigrés islams de Roumélie
à brousse.
Que des Musulmans, pour une raison
ou pour une autre, viennent s'établir en
Turquie, i l n'y aurait aucune objection à
cette émigration et ce n'est pas i c i qu'on
répétera les odieuses paroles d'un député
français contre les Arabes et les excuses
alléguées par l u i en faveur de Hami d qu i
aurait égorgé trois cent mille Armén i en s
pour satisfaire le fanatisme musulman.
Mais i l est certain que le sultan en fait
très habilement ses complices : une note
de
Ylkdam
un peu plus explicite que de
coutume indiquera comment :
On télégraphie de Ségherte qu'on a trouvé
soixante-sept mille arpents de terrain vacant,
où peuvent s'établir six mille huit cents fa–
milles d'émigrés.
Il est très aisé de trouver ainsi des ter–
ritoires « vacants », c'est-à-dire apparte–
nant à des Armén i en s ; et les lettres que
nous avons publiées i c i ne laissent aucun
doute sur les procédés brutaux d'éviction
et au besoin de suppression employés par
les nouveaux venus.
I ^ O N C T I O N N A I R E S
E N
F U I T E ,
C O N D A M N A –
T I O N S E T M A N O A T S
n '
A R R Ê T .
—
C i le mou–
vement administratif et le bilan de l a jus–
tice hamidienne pendant les dernières
semaines :
D'après un rapport officiei de la Cour cri.
minclle, dans lequel i l est dit que A l i Fakhri
et Nadine Gargour, fonctionnaire à la douane
de Smyrne, Khalil, troisième secrétaire à
l'ambassade ottomane de Rome, Edhem
Rouhi, étudiant en médecine, et Kiamil, ex–
consul ottoman à Genève, se sont enfuis en
Europe, où ifs ont commencé à faire des pu–
blications subversives. Aussi, par un juge–
ment par défaut, ils sont condamnés à l'in–
terdiction perpétuelle dans une enceinte
fortifiée, à la perte de tous leurs droits civils
et à la confiscation de tous leurs biens.
D'après le rapport de la Cour criminelle de
Beyrouth, les nommés A l i Saïbe, inspecteur
sanitaire, et Buchan bey, commissaire des
quais, s'étant enfuis; et ayant fait des cor–
respondances subversives , sont accusés
comme criminels. Un délai de dix jours leur
est accordé pour se présenter au tribunal du
lieu; dans le cas contraire, ils seront jugés
par défaut, leurs biens seront confisqués, et
ils seront privés de leurs droits civils.
D'après le rapport de la Cour criminelle de
Constantinople, A l i Nouri, ex-consul général
ottoman à Rotterdam, qui était accusé
comme criminel pour avoir quit é son poste
dans le but de faire des publications d'un ca–
ractère subversif en Hollande, est jugé par
défaut devant le tribunal criminel et condamné
à l'interdiction perpétuelle dans une enceinte
fortifiée, à la perte de ses droits civils et à la
confiscation de ses biens.
D'après le même rapport, un délai de dix
jours est accordé au nommé Bahriéli Riza,
qui, s'étant sauvé en Egypte, fait des publi–
cations séditieuses contre le Gouvernement
turc. Passé ce délai, i l sera jugé par défaut,
ses biens seront conlisqués, et if perdra ses
droits civiques.
D'après le rapport officiel de la Cour cri–
minelle de Constantinople, le nommé Faïk,
qui, s'étant sauvé en Europe, y avait fait des
publications hostiles au Gouvernement impé–
rial, et était accusé comme criminel, vient
d'être jugé par défaut devant fa Cour crimi-
nefte et condamné à la mort, à la perte de ses
droits civiques et à la confiscation de ses
biens.
De même les nommés VizéliRizaetTevfik,
de Chypre, sont accusés comme crimineis
pour avoir fait des publications séditieuses
contre le Gouvernement impérial dans le
journal
Miréti Zéman,
paraissant à Levko-
chia, en Chypre.
De même, le nommé Auméghian, secrétaire
au bureau de la Presse étrangère, est accusé
comme criminel pour s'être sauvé en Europe
et avoir publié un journal,
Daoul,
plein d'ex–
travagances et d'un caractère subversif, dans
d'autres journaux, contre le Gouvernement
impérial. Un délai de dix jours est accordé
aux susdits trois individus pour se présenter
devant le tribunal. Passé ce délai, ils seront
jugés par défaut, perdront leurs droits civi–
ques et leurs biens seront confisqués.
P. Q.
Gazette LLoljctorïiacifiii-e
PAR
G . C L E M E N C E A U
A d m i n i s t r a t i o n : 8 7 ,
r u e
C a r d i n e t ,
P a r i s
ABONNEMENT
:
France et Colonies . . . 25 fr.
—
Etranger
20—
Fonds A.R.A.M