P R E M I È R E A N N É E .
17.
Le numé r o : France,
40
cent. — Etranger :
50
cent.
25
J U I L L E T
1901
Pro Armeni a
R é d a c t e u r en chef :
P i e r r e
Q U I L L A R D
Adresser
tout ce nui concerne la direction
à M. Pierre Quillard
IO, rue Nollet, Pa r i s
A B O N N E M E N T S :
France
8 »
É t r a n g e r
10 »
paraissant le 10 et le 25 de chaque mois
S e c r é t a i r e de r é d a c t i o n :
J e a n
L O N G U E T
Vendredi
de i l n. à midi, 17, rue Cujas
COMITÉ D E RÉDACT I ON :
Q. Clemenceau, Anatole France, Jean Jaurès
ooocoooooooooo«>co
^^^^>^^^^^ Francis de Pressensé, E. de Roberty
Pro Armenia
est en vente chez les libraires et dans les principaux kiosques de Paris.
ADMINISTRATION :
Société nouvelle de Librairie
et d'Édition
(
Librairie G. BELLAIS)
17,
rue Cujas, P A R I S
TÉLÉPHONE : 801-04
SOMMAIRE:
Lettre au s o u s - s e c r é t a i r e
d'Etat des postes et des t é –
l é g r a p h e s
L a Quinzaine
Pierre Quillard.
Tartufferies haniidiennes. . G .
Dorys.
En Vieille Serbie
R.
Lettres de T r é b i z o n d e et de
D i a r b é k i r
Nouvelles d'Orient : E n
Ma c é d o i n e . — E n A l b a –
nie. — L e gouvernement
suisse et les réfugiés otto–
mans. — L a peste à Cons–
tantinople. — Les émi–
grés musulmans.—Fonc–
tionnaires en fuite, con–
damnations et mandats
d ' a r r ê t
P. Q.
Documents :
L ' A r m é n i e
a v a n t l e s m a s s a c r e s
(
suite)
E.-J. Dillon.
L E T T R E
AU S O U S - S E C R É T A I R E
D ' É T A T
DES POSTES ET DES
T É L É G R A P H E S
L a lettre suivante, déposée le 23 j u i l –
let, à deux heures quarante-cinq du soir
à la boîte du bureau, 68 ,boulevard Ro-
chechouart, a dû, selon les indications
administratives, être remise à M . Mou –
geot, sous-secrétaire d'État aux postes
et télégraphes, le même jour entre
cinq heures et demie et sept heures.
Nous croyons donc ne commettre au–
cune indiscrétion discourtoise en la
publiant après que le destinataire en a
pu prendre connaissance.
Monsieur le Sous-Secrétaire d'Etat,
U n de nos abonné s de Constantinople,
qui a l'heur de n'être pas sujet ottoman,
se plaint que le
Pro Armenia
ne l u i ait
pas été distribué depuis le mois de fé–
vrier. Je prends la liberté de vous trans–
mettre sa réclamation fort juste, bien que
les termes en soient peut-être un peu
vifs :
Non seulement on s'abonne à cotre
journal pour ne pas le recevoir; mais
encore on risque d'avoir les plus grands
désagréments
grâce à la perfide et inté–
ressée complaisance de Constans.
Depuis le mois de février votrejournal
ne m'est pas parvenu : lu raison en est
qu'en bloc les exemplaires sont remis au
Palais pourfaire plaisir au Sultan et lui
faire connaître les noms de ceux qui vous
lisent. Pour moije m'enf...; mais que de
pauvres malheureux ont dû payer cher
cet ignoble procédé de votre gouverne–
ment et de son représentant,
qui a en–
hardi Abd-ul-Hamid à croire qu'il pour–
raitfermer les postes étrangères.
Vous ne sauriez, Monsieur, avoir donné
réellement aux agents de la Poste fran–
çaise l'ordre de se faire les auxiliaires de
la police hamidienne.
A l'automne dernier, M . Maurice
Mougeot, votre fils et M . Blay, secrétaire
de votre cabinet, se rendirent à Constan–
tinople. Nous croyions qu'ils vous avaient
fait connaître combien i l serait fâcheux
pour le bon renom de votre pays de favo–
riser la besogne du Sultan. Ils ont pu
vous dire que livrer au fou sanglant
d'Yldiz un nom et une adresse, c'était l u i
désigner une victime.
Que s'ils ont négligé de vous faire pro–
fiter de leur expérience, M . Mi l l e r and ,
chef de votre département, vous confir–
mera volontiers l'exactitude de mon affir–
mation : i l a eu l'honneur d'être l'un des
conseils de M . Ahmed Riza, lors du pro
ces du
Mechveret,
et en un discours très
énergique i l a appi'écié comme i l conve–
nait, à la Chambre des députés, les mé–
rites d'Abd-ul-Hamid et de ses complices
français. N i l u i n i vous ne désirez sans
doute vous joindre à leur liste, n i devenir
dans la mesure de vos pouvoirs les sem–
blables de M . Gabriel Hanotaux.
J'ose donc espérer que, désormais, la
Poste française de Constantinople distri–
buera le
Pro Armenia
aux abonné s et
non au Palais.
Malgré ce dissentiment qu'il ne tient
qu'à vous de faire cesser, veuillez être
assuré, Monsieur le Sous-Secrétaire d'Etat,
de ma parfaite considération.
PIERRE Q U I L L A R D .
LA QUINZAINE
M . Hugo Grothe, voyageur alle–
mand, qui parcourut l'an dernier les
hauts plateaux d'Arménie, raconte
qu'un jour de j u i n , près des ruines de
Warsichan, entre Trébizonde et Erze–
roum, i l traversa un pays désolé dont
les hautes montagnes du Lazistan bar–
raient l'horizon triste, un pays désert
et taciturne enclos de toutes parts de
hautes murailles grises. Deux hommes
s'approchèrent de lui et l'un d'eux, qui
portait le costume des prêtres a rmé –
niens, l'invita à accepter l'hospitalité
dans leur village.
Le voyageur cherchait des yeux le
village ; aucune trace d'habitation :
dans le col, le prêtre lui indiqua des
cubes de terre, hauts d'un mètre à
peu près, semblables à de grandes tau–
pinières. Là vivaient enfouis sous terre
pour se défendre du froid et de la
Fonds A.R.A.M