22.
Athnaghank, des trente maisons, i l en
reste trois ;
23.
Aménachad, quarante maisons en rui–
nes ;
24.
Marmed, des cent vingt maisons, i l en
reste'huit ;
25.
Tchérachen, vingt maisons, toutes en
raines ;
26.
Eghmoul, trente maisons, toutes en rui–
nes ;
27.
Lisske, cent trente maisons, toutes en
ruines ;
28.
Aviraghi, des trois cents maisons, il en
reste vingt ;
29.
Mighgnir, vingt maisons en ruines ;
30.
Ghiltcha, des quarante maisons, i l en
reste trois ;
31.
Kussnentz, des cent quarante maisons,
i l en reste soixante ;
32.
Pioghan, des cent maisons, i l en reste
quatre ;
33.
Keuchgh, quatre-vingts maisons, au–
jourd'hui appartenant aux Kurdes ;
34-
Tchermagh, trente maisons, aujour–
d'hui appartenant aux Kurdes ;
35.
Hachpichad, des vingt maisons, i l en
reste dix-huit ;
36.
Aïentz, seize maisons, toutes en rui–
nes.
Les campagnes sus-mentionnées qui com–
posent le district de Thimar furent pillées
par Zafar bey qui massacra (pas comme
Emin pacha et pas autant que lui) nombre
de gens; beaucoup émigrèrent, et aujour–
d'hui toute la province est entre les mains de
Zafar bey ; les Kurdes dans beaucoup d'en–
droits, remplacèrent les Arméniens dans leurs
maisons ; Zafar bey les a fait venir de Perse
et de beaucoup d'endroits ; voilà comment le
pâtre kurde d'hier, nourri et entretenu avec
le pain de l'Arménien, grâce à la tuerie et au
pillage, est devenu maître absolu des mai–
sons et du mobilier ; i l s'est enrichi et est de–
venu agha, bey, etc. ; pas de mesure à l'in–
justice.
Fait au mois de mars
1901.
L E T T R E D E M O U C H
Mouch, io
/23
mars
1901.
La situation de notre pays devient intolé–
rable de plus en plus, car les percepteurs
d'impôt, depuis l'automne, avaient vendu
tous les animaux qui donnent la vie au pau–
vre peuple; il restait les bêtes d'attelage sur
lesquelles comptait le laboureur arménien;
i l voulait ensemencer, grâce à elles, au'prin-
temps, et sauver ainsi ses enfants de la fa–
mine; pour comble de son malheur, au prin–
temps de l'année courante, alors que le la–
boureur arménien est entre la vie et la mort,
on les lui a enlevées aussi. Les percepteurs
s'en vont dans les campagnes avec les bou–
chers; les paysans sont amenés et renfermés
dans les étables, et on les soumet à tant de
tourments qu'ils sont obligés, en versant des
torrents de larmes, à vendre leurs attelages,
seul salut de leurs enfants.
Si une campagne avait une dette s'élevant
à cent livres, on a perçu cette somme au
double, et sans l'enregistrer dans le registre
des dettes, on revient réclamer de l'argent
aux paysans et ils perçoivent en les maltrai–
tant. Le pauvre peuple demande en sup–
pliant qu'on fasse au moins des rapports du
payement de ses dettes, mais i l n'est pas
écouté. Ces jours derniers, tous les tributai–
res de Tchighour se réunirent à Mouch, ils ap–
pelèrent aussi les tributaires de la plaine, pour
envoyer un télégramme à la Sublime Porte,
concernant leurs souffrances. Les tributaires
des campagnes de Tchirik, Kartzor, Arterth
et Aghtchan de la plaine seulement s'accor–
dèrent avec les habitants de Tchighour, et
envoyèrent un télégramme avec vingt-quatre
signatures, à condition que, si dans les trois
jours la Sublime Porte ne répondait pas au
télégramme, ils enverraient un télégramme
au Patriarcat, conçu en ces termes : « La
campagne, auparavant, renfermait cent ha–
bitants, trente sur cent sont déjà partis dans
d'autres campagnes et dans d'autres pays, les
cinquante autres sur soixante-dix qui restent
ne peuvent pas gagner leur pain quotidien;
i l y a à peine vingt personnes capables de
payer la contribution personnelle et de nour–
rir leurs enfants; aujourd'hui, les impôts de
tous pèsent sur ces vingt personnes; nous ne
pcuvonspas souffrir cela. » Et ils implorentla
cfémence du sultan; mais que peut on espérer
puisque le gouvernement local par diverses
machinations, veut obtenir un ordre de la
Sublime Porte pour détruire la plaine et la
rcontagne.....
L'autre jour on a fait courir le bruit que les
Arméniens se seraient introduits dans l'arse–
nal de Guindje et auraient emporté les armes
et les munitions de guerre, alors que le gar–
dien de l'arsenal, d'accord avec les beys du
lieu, avait volé dix-sept fusils avec neuf cents
cartouches; mais le gouvernement voulait
rendre les Arméniens responsables, pour
avoir un motif sérieux de massacrer les Ar–
méniens.
Ces jours derniers, trois Arméniens de
la campagne d'Arssik dans la petite pro–
vince de Khian s'en vont à Nipirgerd pour
acheter du pain. A leur retour, ils furent
malheureusement tués par les Kurdes de
Badik; les meurtres commis en ville et dans
la plaine restent inaperçus, que peut-on pen–
ser alors des assassinats commis dans les
montagnes. Que Dieu accorde sa miséricorde
et porte un remède à la situation irrémédia–
ble de l'Arménien!
L E T T R E D E S E G H E R D
9
mars
1901.
Je viens vous apprendre par la présente
que Istépan, Krikor et Taloudé Madine
(
paysan d'Aïntame), à leur retour à la cam–
pagne d'Andouane à Békinte, furent impi–
toyablement tués sur le chemin par les Kurdes,
dans le lieu appelé Maïdana-Matzine ; les
Kurdes du voisinage nous oppriment beau–
coup. Aujourd'hui i l reste à Békinte Ové,
Simon et Ghazar. Des cent cinquante mai–
sons i l reste à peine ces trois familles à
Békinte ; les uns sont massacrés, d'autres,
pour leur sécurité, se sont réfugiés dans d'au–
tres endroits abandonnant tous leurs biens
immeubles.
Moi aussi, comme j'avais précédemment
écrit, je me suis sauvé de la campagne de
Békinte et je me trouve dans la campagne
d'Aïntame sous la protection d'Alo Agha,
mais à quoi bon? je ne puis en sortir ; je ne
puis même pas aller d'Aïntame à Békinte,
qui, pourtant, ne sont pas loin l'une de l'autre
plus d'une heure de chemin, comme vous le
savez ; beaucoup sont à ma poursuite dans
la méchante intention de me tuer, comme
l'année dernière on a cruellement tué mon
frère R... d'heureuse mémoire, dont la fa–
mille reste sans appui.
Cette année, mes terrains resteront incultes,
car je ne puis m'éloigner d'un pas, chercher
une occupation, faire un gain pour faire vivre
ma famille et celle de mon frère. Je me trouve
dans une étroite situation financière. Pour
i'amour de Dieu, donnez-moi un avis, un
moyen; que faire? où aller? je suis tout à
fait embarrassé.
L E T T R E D E C I L I C I E
12/2
,5
avril
1901.
L'arrêt de condamnation des vingt prison–
niers à Hadjine est prononcé ; le plus âgé
parmi eux a vingt ans, les autres, treize,
quatorze, quinze ans. Intza Dardaghounian
fut condamné à sept ans de travaux forcés ;
Dévirian et Ahoszvorian, chacun à six ans
d'emprisonnement ; Archak Guétchidjian à
cinq ans d'emprisonnement ; et les neuf au–
tres, chacun à un an d'emprisonnement.
Ainsi la défense personnelle contre les enfants
turcs a coûté si cher aux pauvres enfants
arméniens; en Turquie, la défense person–
nelle est interdite à l'Arménien ; i l faut sup–
porter toute attaque comme un agneau,
silencieux et sans plainte. Qu'un giaour se
montre libre contre l'attaque turque, quel
grand crime? Un Arménien expierait un tel
crime par un emprisonnement de longues
années, mais le châtiment ne prend pas fin
avec cela ; des bastonnades administrées
journellement d'une façon régulière et infail–
lible font envier aux pauvres Arméniens la
vie des prisonniers turcs ; le simple empri–
sonnement devient un idéal de bonheur pour
ceux qui portent le nom d'Arménien comme
un grand crime ; on ne peut, même en sacri–
fiant la vie, enlever cette tache. Il n'y a pas
d'espoir, que ces jeunes malheureux garçons
restent vivants après les intolérables sup–
plices quotidiens d'un long emprisonnement,
car la bastonnade et d'autres punitions inouïes
ne peuvent pas tenir lieu de pain et de nour–
riture qui manque toujours.
H A L E P
Les cinq ou six personnes emprisonnées à
Zeïtoun sont transportées à Halep ; nous
vous communiquerons prochainement les
détails de l'emprisonnement.
L E T T R E D E
M A R A C H
Marach,
1"
mars
1901.
Il y a à Marach environ soixante mille habi–
tants , dont à peu près vingt-cinq mille sont des
Arméniens (grégoriens, protestants et catho–
liques). En
1895,
sept à huit cents personnes
y furent massacrées ; depuis lors la situation
des Arméniens est devenue détestable, sur–
tout ces dernières années, à cause des impôts,
on cause des oppressions terribles à la com–
munauté arménienne du lieu* ceux qui ne
Fonds A.R.A.M