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reuse, afin qu'il puisse librement adorer son Dieu et jouir des
bienfaits que la Providence a prodigués sur cette terre. »
Trois jours après avoir écrit cette admirable lettre, sorte de tes–
tament où i l invoque la justice divine et la compassion humaine, le
Gatholicos mourait, désespéré de voir la misère et la dévastation
de son troupeau.
Le peuple et le clergé arméniens ont été lamentablement décimés.
Nombreux furent les suicides de femmes préférant la mort à la
pollution musulmane. Et, parmi les prêtres ou les laïques, com–
bien ont égalé les martyrs de la primitive Église ! Témoin cet
archimandrite, à qui l'on coupait, tour à tour, les articulations du
poignet et du coude, sans qu'il cessât de prier et de confesser sa
foi : « Je crois en Dieu le Père, en Jésus-Christ le Fils, et au
Saint-Esprit... »
Voilà ce que l'Europe sait, ce que ses consuls ont vu et lui ont
appris. Et l'Europe n'a pas bronché. Elle a envoyé quelque sta-
tionnaire devant la Corne-d'or et adressé au sultan des représen–
tations, accueillies avec insouciance, méprisées et bafouées. L ' Ar –
ménie est à sac, la Crète en feu, la Macédoine en armes. Le
désordre là -bas est devenu un scandale, en même temps qu'une
menace pour l'Europe civilisée.
C. D.
Fonds A.R.A.M