Ma s s a c r e s de K i l i s .
En rapportant dernièrement les attaques que les Religieux Trap–
pistes d'Akbès ont essuyées de la part des Kurdes, nous consta–
tions que les désordres de l'Anatolie n'avaient pas encore pris fin.
La correspondance que nous venons de recevoir confirme malheu–
reusement nos appréhensions.
Lettre d'un missionnaire d'Alep
y
le 2 avril 1896.
Partout la terreur persiste, et de nouvelles complications mena–
cent d'aggraver la situation. I l ne saurait d'ailleurs en être autre–
ment, tant que durera cet incroyable et mystérieux régime qui as -
sure l'impunité aux assassins et aux pillards.
Les localités qui, jusqu'à présent, avaient échappé aux horreurs
du carnage et des déprédations, semblent donc condamnées à subir
à leur tour le sort de celles que le feu et le fer ont déjà désolées.
Ainsi, le 20 mars, un vendredi, les Turcs de Kilis (district d'A-
lep), qui cherchaient depuis longtemps un prétexte pour tomber
sur les chrétiens, ont suscité des troubles, qu'ils ne manquent pas
d'imputer aux Arméniens. L'attaque, combinée d'avance avec les
Kurdes dont les bandes assiégeaient la ville et qui attendaient le
signal convenu, s'est poursuivie avec une rage inouïe. En moins
d'une heure, maisons et boutiques chrétiennes étaient la proie du
pillage. Cent vingt-cinq Arméniens tombèrent sous le couteau des
assassins. On compte cinq à six Arméniens catholiques parmi les
victimes. Le R. P. Jean Stépanian, vicaire du curé arménien catho–
lique de la mission, est de ce nombre ; on atrouvé son corps découpé
à coups de hache, en morceaux diformes et méconnaissables !
D'après les détails que nous fournit une lettre sur cette sanglante
catastrophe, les Arméniens catholiques de Kilis auraient été tous
Fonds A.R.A.M