ceinte sacrée, ils prennent tous la fuite, comme s'ils étaient pour–
suivis par un ennemi invisible ! Et voilà comment ces chrétiens
privilégiés échappent par un incontestable miracle à une extermi–
nation certaine.
Je citerai aussi un incident touchant que je trouve dans un docu–
ment relatant les massacres de Césarée. Une jeune mère, frappée
par le couteau des assassins, était étendue morte sur le plancher
de sa chambre. Figurez-vous l'émotion des voisins qui, pénétrant
le lendemain dans cette triste pièce, voient un petit ange, le bébé
de la pauvre femme, en train de teter avec des caresses enfantines
le sein de sa mère sans vie !...
Les
Missions catholiques
, 26
mars 1896.
X I I I
Le t t r e de Diarbékir.
On nous écrit de Diarbékir, 22 janvier 1896:
Ayant été grièvement blessé dans les boucheries qui ont ensan–
glanté notre ville au commencement de novembre, j e n'ai pas eu
la force de vous rapporter plus tôt ce'dont j ' a i été témoin oculaire.
Voici les faits :
Le 29 octobre, les rédifs de notre ville endossèrent leur uniforme
conformément à un ordre supérieur, et, le lendemain, les autorités
turques distribuèrent à la jeunesse musulmane des fusils perfec–
tionnés et dés cartouches.
Le 1
e r
novembre, les chrétiens remarquèrent une certaine agita–
tion parmi les musulmans. Ils fermèrent leurs boutiques et rentré--
rentchez eux. L'archimandrite Ezékiel, vicaire patriarcal arménien,
se rendit chez notre gouverneur, Enis Pacha, pour le prier de veiller
Fonds A.R.A.M