suites de la frayeur causée par la première attaque des Kurdes. I l
demande un prêtre. Vainement un autre notable, Ghahbazian Gara–
bed Effendi, excellent catholique, qui avait pourvu à la nourriture
du curé pendant tout le temps de l'emprisonnement de celui-ci, va
supplier le
kaïmakam
de permettre au P. Tilkian d'aller assister
le mourant, accompagné de deux gendarmes qui seraient chargés
de le reconduire à la prison. Impossible de fléchir ce barbare sans
cœur et le moribond succombe en criant jusqu'à son dernier souffle :
«
un prêtre ! pour l'amour de Dieu » . Dans cet intervalle, la horde
barbare saccage l'église arménienne catholique, met en pièces les
saints tableaux, profane les vases sacrés et salit les autels en pro–
férant des ignominies contre le culte chrétien.
Les lecteurs des
Missions catholiques,
qui ont déjà appris les
désastres d'Arabghir, liront avec consolation l'épisode suivant :
Plus de six cents Arméniens catholiques et grégoriens s'étaient
réfugiés dans l'église arménienne catholique, où M. l'abbé Etienne
Israélian, ancien élève du collège de la Propagande, les avait
accueillis avec le plus charitable empressement. Le curé ferme les
portes, allume tous les cierges, expose le Très Saint Sacrement
devant lequel i l se prosterne avec son peuple... La piété des gré–
goriens n'était pas moins ardente que celle de leurs frères catho–
liques. Le prêtre exhorte ces chrétiens à faire de fervents actes de
contrition et prononce solennellement sur eux les paroles de l'abso–
lution. Les supplications continuent, entrecoupées par des sanglots,
tandis qu'au dehors crépitent les flammes des incendies, que les
détonations des fusils et les vociférations des foules sanguinaires
répandent la terreur par toute la ville. Peu à peu bps bruits sinistres
se rapprochent de l'église et finissent bientôt par devenir un va –
carme infernal. Déjà les portes sont sur le point de céder aux
efforts enragés des assaillants... Tout à coup, le missionnaire con–
çoit une idée singulière : donnant aux pénitents une dernière abso–
lution, i l s'élance vers la porte principale de l'église, l'ouvre toute
grande et se présente vaillamment à ces hordes ! Chose incroyable!...
à la vue des chrétiens agenouillés et priant à haute voix au pied de
l'autel resplendissant de lumière, une étrange panique s'empare
subitement de ces sauvages et, au lieu de se précipiter dans l'en-
Fonds A.R.A.M