les événements tragiques de la Turquie d'Asie offrent en Mésopo–
tamie ce caractère particulièrement odieux, à savoir qu'ils y tendent
à
la destruction des chrétiens en général, tandis que, dans l ' An a -
tolie proprement dite, le plan d'extermination visait principalement
l'élément arménien.
J'apprends avec plaisir que S . B . Mgr Azarian, grâce à ses
démarches auprès de qui de droit, vient de délivrer des griffes du
féroceEnis Pa c h a le notable Arménien catholique, Kazézian Joseph
Effendi, dont les pertes s'élèvent à quarante mille livres turques.
L e malheureux que le
vali
avait condamné à périr dans un cachot,
est déjà en route pour Constantinople, accompagné de son fils et
de son neveu.
J'ai déjà mentionné dans ma première correspondance la des–
truction totale de l'importante mission arménienne catholique de
T e l F - E r m e n (diocèse de Mardine). De récents détails nous infor–
ment que les habitants de ce bourg auraient tous péri dans les
flammes ou par le fer sans une ingénieuse médiation de leur curé
auprès des chefs kurdes.
Ces chrétiens avaient d'abord compté sur la protection de Rechid
B e y , un des chefs influents des régiments
Hamidiè
(
Kurdes) qui
Venouvelait encore, le
6
novembre, sa promesse moyennant finance.
Mais le lendemain, au lieu de les défendre contre l'incursion des
Kurdes montagnards, il viole lâchement sa promesse et prend part
avec ces derniers au pillage et à l'incendie. Le s assiégeants for–
maient tous ensemble un corps de dix mille cinq cents hommes.
L e s pauvres chrétiens se réfugient dans l'église où ils soutiennent
pendant dix-huit heures une terrible fusillade. Le s plus courageux
font des efforts surhumains.
Les jeunes braves tombent morts ; cinq autres, ainsi que deux
femmes, sont blessés. L a situation s'aggravait et devenait extrême–
ment critique ; les femmes prennent la résolution de monter sur la
terrasse de l'église pour se précipiter de là avec leurs filles dans
la cour de l'édifice sacré, afin de ne pas tomber entre les mains de
ces hordes impures. L e s hommes se décident de leur côté à tenter
une sortie désespérée. Ils étaient, d'ailleurs, réconfortés par les
secours de la religion. L e prêtre, P . André Bédrossian, dans le
Fonds A.R.A.M