seulement, ceux- ci ne pouvant s'entendre sur le partage du butin
et leurs querelles à ce sujet se compliquant même de coups de feu et
de couteau. C'est ce qui explique, du reste, la mort d'un certain
nombre d'entre eux.
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On a vu dans les rues ensanglantées de Diarbékir, de jeunes
chrétiennes traînées et tiraillées de côté et d'autre par leurs bar–
bares ravisseurs qui voulaient s'en disputer la possession.
L'église Saint-Serge des grégoriens a été saccagée et souillée,
les tableaux ont été déchirés, les crucifix brisés, les vases sacrés
enlevés et le prêtre desservant écorché; après quoi, le
muezzin
y
chanta solennellement le symbole du mahométisme.
Le lendemain lundi, Enis Pacha rassemble les notables mu –
sulmans et chrétiens et prononce devant eux un discours dans
lequel il rend les chrétiens responsables des désordres de la ville.
Ce n'est pas tout, i l extorque de ces malheureux une déclaration
écrite à l'adresse du Sultan et dans laquelle ils avouent leur cul–
pabilité.
Le
vàli
pousse plus loin encore son cynisme effronté : il déclare
l'état de siège exclusivement pour les chrétiens, qu'il force à dépo–
ser leurs armes s'ils en ont, pendant qu'il permet à leurs assassins
de porter librement leurs yatagans encore rouges du sang de leurs
victimes, et de terroriser ce qui est resté des habitants chrétiens
de cette ville.
N'oublions pas de signaler la généreuse hospitalité qu'ont reçue
trois mille chrétiens dans l'église latine et mille autres au Consulat
de France.
Si le chef-lieu du vilayet a pu être le théâtre de tant d'horreurs,
i l est facile de deviner le sort des bourgs et des villages chrétiens
de la province. On y voit plus que des ruines, et si quelques v i l –
lages, par ci par là, semblent encore intacts, c'est qu'ils ne sont
plus chrétiens, et que leurs églises sont déjà transformées en
mosquées.
Nous ne possédons pas encore de détails précis sur la véritable
étendue des ravages que le fanatisme musulman a accumulés dans
cette malheureuse province; mais nous savons cependant que le
nom chrétien y a été voué à une suppression radicale. En effet,
Fonds A.R.A.M