niens qui s'étaient cachés à sortir sans crainte, déclarant que tout
était fini. C'était encore un odieux guet-apens ; les tueries furent
aussitôt reprises et poursuivies avec acharnement. Des ruisseaux
de sang humain ont coulé dans les rues d'Erzeroum.
Mais c'est assez sur cette ville. I l faudrait faire un gros volume
s i l'on voulait rapporter tous les détails de l'affreuse journée du
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octobre. Je vous ai déjà signalé le dévouement du consul de
France; les Arméniens d'Erzeroum le bénissent comme un sauveur.
Accompagné de Sœur Eulalie, supérieure des religieuses armé–
niennes catholiques de ITmmaculée-Conception, i l allait chercher
lui-même les blessés qu'il faisait transporter dans les bâtiments dé
leur école transformés en hôpital.
Je dois mentionner aussi la belle conduite du consul de Perse,
lequel hébergea et nourrit, pendant plusieurs jours, des centaines
de familles arméniennes.
Passons maintenant aux massacres du vilayet de Sivas.
Durant une semaine, les Arméniens assistèrent avec terreur aux
sinistres préparatifs des Turcs. Ils voulaient fermer leurs boutiques
et se barricader dans leurs maisons, mais les autorités essayaient
de les rassurer.
Le j ou r même du massacre, 12 novembre, le gouverneur avait
•
chargé Mg r Hadjian, archevêque arménien catholique, d'aller enga–
ger son collègue grégorien à fair.e ouvrir les comptoirs et magasins
•
des Arméniens. Mg r Hadjian, à peine entré à l'Evêché des grégo–
riens, voit les portes de l'église s'ouvrir avec fracas et des centaines
de blessés, couverts de sang, s'y précipiter en poussant des gémis^
sements. Epouvantés, les deux prélats se réfugient chez le consul
de France, qui demeurait dans le voisinage, et qui s'empressa de les
prendre sous sa protection. Là, quoique en sûreté, ils sont terrifiés
en entendant les hurlements féroces des assassins qui , armés de
fusils Henri Martini, de yatagans, de massues, tombaient sur les
Arméniens sans défense etleségorgaientau c r i sauvage et fanatique
de
Laillah inn Allah, chiavourlari kessin
(
au nom de Dieu,
massacrez les infidèles). Une particularité à signaler, c'est que, en
moins d'une heure, tous les musulmans se montrèrent coiffés de
tur–
bans blancs,
tandis qu'en temps ordinaire, la proportion des
Fonds A.R.A.M