que les autorités ont réussi à obtenir certaines dépositions con–
formes à leurs vues.
La sécurité et la tranquillité ne seront pas rétablies ici tant que
certains fonctionnaires civils et militaires, qui ont été instigateurs
des massacres, continueront à être maintenus dans leurs fonctions-
Un de ces fonctionnaires, le commandant de gendarmerie de notre
ville, s'était rendu, avant le 14 octobre, au village de Kessanta et
avait obtenu des Arméniennes de ce village des pièces d'or et des
bijoux d'une valeur totale de 500 L . T . , pour ne pas faire massa–
crer les Arméniens du village; pourtant, sous prétexte de pr o –
tection, i l a réuni plus tard dans un champ les femmes et les enfants,
et a fait massacrer les hommes. Ce monstre a été l'auteur principal
des massacres des villages de Baïbourt.
La situation écononomique du pays est déplorable au plus haut
degré, le commerce a cessé, pour ne plus reprendre. La famine
règne ; si des secours immédiats n'arrivent pas, les survivants des
massacres périront par la faim.
Les Arméniennes de Baïbourt ont présenté au commissaire enquê–
teur la requête suivante :
«
Les Arméniens de cette ville ont prouvé depuis cinq siècles
leur fidélité envers le Gouvernement impérial par une conduite
exemplaire; ils ont toujours vécu en bonne intelligence avec leurs
compatriotes musulmans.
<c Quelques perturbateurs musulmans, dont nous sommes obligées
de taire pour le moment les noms, à cause des menaces proférées
et de l'insécurité qui règne, ont attenté à la tranquillité du pays, en
excitant certains sentiments religieux, et ont fait surgir de l'animo-
sité entre les deux éléments.
«
Depuis le 1
e r
octobre, nos compatriotes musulmans de Baïbourt
et des environs ont attaqué les villages et massacré avec des pro–
cédés barbares des milliers de vieillards, d'hommes adultes, de
femmes et d'enfants qui ne possédaient aucune arme. Ils ont pro–
fané les églises et souillé les objets du culte, tout en les pillant. Une
partie de ces églises a été convertie en mosquées. Les ' musulmans
ont, en outre, enlevé de nombreuses femmes et jeunes files et
attenté à leur honneur.
Fonds A.R.A.M