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chéries du .Sassoun. Nous verrons s'ils réussiront à empêcher l ' ex –
termination de l'héroïque population de Zeitoun.
X. X .
V I I I
L e t t r e 'de Baïbourt.
Les terribles événements qui ont eu lieu le 14 octobre dernier
vous sont déjà connus. Ces faits se sont répétés dans les villages
des environs, où la plupart des Arméniens ont dû, de force, chan–
ger de religion et où les églises ont été converties en mosquées.
Les églises arméniennes de Baïbourt, qui ont été saccagées et pr o –
fanées, sont fermées depuis le 14 octobre.
Les commissaires enquêteurs envoyés par la Porte dans le but de
faire disparaître, autant que possible, les traces des méfaits des
Turcs et des Kurdes, ont fait procéder, aux frais de la municipalité
et sans demander l'autorisation de la communauté, à la restauration
de la cathédrale et de l'école contiguë, ainsi qu'à celle des magasins
pillés et détruits du bazar. Ils forcent les Arméniens à rouvrir leurs
boutiques qui, pourtant, ne contiennent plus la moindre marchandise.
Tous les instituteurs, à l'exception d'un seul, ayant été massa–
crés, les écoles restent toujours fermées, et les enfants errent dans
les rues. Les musulmans continuent d'insulter la religion chré–
tienne.
Les autorités ont remis en liberté une minime partie des prison–
niers arméniens ; les notables de Baïbourt et autres innocents n'ont
pas quitté leurs cachots. Avant l'arrivée des commissaires enquê–
teurs, on infligeait à ces prisonniers de terribles tortures : on leur
donnait la bastonnade, on versait sur leur tête de l'eau glacée en
quantité, on leur trouait le corps avec des clous et on les laissait
sans nourriture des journées entières. C'est avec de tels procédés
Fonds A.R.A.M