On nous écrivait d'Alexandrette, le 5 janvier 1896 :
Un troisième massacre a eu lieu à Marasch. Les écoles tenues
par les missionnaires américains ont été incendiées ; le nombre des
victimes est évalué à 2500. Les relations sont entièrement inter–
rompues entre Aïntab, Marasch, Zeitoun, Kilis,Antioche, Hadjin,
Sis et Payas.
Le Gouvernement a eu tort de confier la mission de rétablir l'or–
dre aux soldats de la réserve, dont l'organisation ne diffère pas
beaucoup de celle des bachibozouks. Une partie de ces soldats
envoyés de Bélen à Marasch, a rapporté à son retour une grande
quantité de marchandises et d'objets de toute nature, provenant
du pillage. Les villages arméniens de Payas et de Goguisson ont
également été pillés par les bachibozouks, à qui s'étaient joints
les Rédifs.
La terreur règne toujours à Payas et à Tchorkmerzimen. Plus
de 10.000 bachibozouks, originaires d'Erzin, de Kara-Kilissé,
d'Enzerli et de Tchay, se préparent à attaquer nuitamment les
Arméniens. Les autorités ayant complètement désarmé la popula–
tion arménienne, celle-ci ne pourra pas se défendre. Une des égli -
ses de Tchorkmerzimen, qui avait échappé à l'incendie, a été con–
vertie en caserne pour loger 600 Rédifs; le service divin a com–
plètement cessé dans le village.
La population arménienne de Zeitoun, de Fernouz et d'Alabasch
ne pouvant plus supporter les vexations des Turcs et ayant d'ail–
leurs appris le massacre de milliers d'Arméniens dans les différents
vilayets de l'Empire, s'est décidée à prendre les mesures néces–
saires de défense, avant que les mêmes faits, qui avaient ensan-*
glanté les autres provinces, se renouvelassent à Zeitoun.
Fonds A.R.A.M