nent leurs rames sur l a tête de ces malheureux jusqu'à ce qu'ils
soient complètement noyés.
V e r s le soir, la trompette sonne encore une fois. L e va l i a r r i v e
s u r la scène du carnage et fait un signe de l a main . Les gendarmes
s'écrient : « Ne touchez pas à ceux qui se rendent ! » L e pillage s u c –
cède alors au massacre . L e s brigands de Surmené et de Rizé
emportent les marchandises des Arméniens. Des portefaix mu s u l –
mans s'approprient des mi l l iers de l ivres turques. L a colonie
arménienne, r i che et prospère, est réduite, en quelques heures,
à la mendicité. L a nuit, des cr i eurs publics invitent les musulmans
à rent rer dans l'ordre. I l s sont obéis, car les massacreurs et les
pillards ne sont que les émissaires des autorités turques, prêts à
mar che r ou à se re t i rer sur un ordre émané de Y i l d i z .
U n zaptié m' a assuré que le nombre des Arméniens massacrés à
Trébizonde s'élève à 920. Nous ignorons le nombre de ceux qui
ont été tués dans les villages environnants ; ces villages présentent
aujourd ' hui des monceaux de cendres. U n grand nombre de v o y a –
geurs arméniens ont di sparu. Plus i eur s Arméniens ont perdu l a
raison. L e s Grecs n'ont pas fait, pour la plupart, bon accueil aux
réfugiés, mais les jésuites, les consuls et le missionnaire américain
les ont accueillis et protégés.
L e va l i a convoqué une Cour martiale pour torturer et châtier
les Arméniens qui ont survécu au massacre. I l cherche toujours les
deux fugitifs. Au x r igueurs des autorités turques viennent s'ajouter
les rigueurs de l ' h i ver . L e s Arméniens sont réduits à la dernière
misère. Qui l eur enver ra un morceau de pain ?
X .
Fonds A.R.A.M