tude est également informée que plusieurs domestiques arméniens
au service des ex-grands vézirs Djévad Pacha et Saïd Pacha ont
été blessés ou tués parleurs camarades musulmans. Les Turcs ont
tué à Kassim-Pacha le cafetier Mardiros, sa femme et ses trois en–
fants et, à Et-Meïdan, Melkon de Diarbékir et sa femme Ar a x i . Le
lendemain, les ambassadeurs envoient au patriarcat leurs d r o -
gmans qui visitent également les réfugiés. Ceux-ci s'obstinent à
rester dans les églises. Le Sultan envoie A r t i n Pacha Dadian pour
les en dissuader, tout en leur promettant qu'ils ne seraient pas
molestés par la police. Us lui répondent : « Nous te croyons, mais
nous ne croyons pas ton maître. I l ne fait que tromper les Armé–
niens depuis les jours du patriarche Nersès. Ton sultan n'est
qu'un menteur. »
Le 6 octobre, la police et les troupes mettent le siège devant les
églises, afin de forcer les réfugiés à rentrer chez eux pour ne pas
succomber à la faim. A Sirkédji, les Turcs tuen t une cinquantaine
d'Arméniens et jettent leurs cadavres dans le courant de la pointe
du Sérail. Les ambassadeurs des six puissances signataires du traité
de Berlin adressent au Sultan et au grand vézir des notes collec–
tives protestant contre ces tueries et exigeant la relaxation des
Arméniens incarcérés sans motifs plausibles, la cessation des
arrestations et des perquisitions domiciliaires, des garanties que
les Arméniens réfugiés dans les églises pourront sortir en toute
.
sécurité; l'assurance qu'aucune poursuite ne sera intentée à qui que
ce soit en dehors des voies et formes légales, et la communication
des mesures que le gouvernement turc compte prendre pour
assurer la sécurité des Européens et des chrétiens indigènes. I l s
offrent au Sultan leurs bons offices pour faire évacuer les églises
et le Sultan accepte avec reconnaissance pour sortir enfin d'une
situation perplexe.
Le 10 octobre, les drogmans des ambassades invitent les Armé–
niens réfugiés dans les églises à rentrer chez eux. Les réfugiés, au
nombre de trois niille, demandent des garanties. Les drogmans
leur distribuent des cartes de l'ambassadeur de Russie, endossées
d'une inscription assurant que la police n'arrêterait pas la personne
qui en serait munie. Les Arméniens, qui avaient constamment
Fonds A.R.A.M