une cinquantaine d'Arméniens et la police ne fait rien pour arrê–
ter le carnage. Les massacreurs sont armés de gourdins d'un
même modèle, ce qui indique la préméditation. A Tchoukour
Tcheschrné, cinquante ouvriers de Palou sont tués par surprise et
leurs cadavres sont jetés dans les puits et à la mer pour faire
disparaître les traces du crime. A Kara-Gueumruk, les Turcs
tuent le cordonnier Sinem, sa femme et ses quatre enfants ; ils
éventrent sa fille Aghavni qui était enceinte.
Le 2 octobre, les Arméniens continuent à se réfugier dans les
églises de Goum-Gapou, de Péra, de Galata, de Kassim-Pacha, de
Haskeuy et de Scutari ; le Sultan dépêche ses aides de camp pour
prier Mg r Izmirlian de calmer ses ouailles ; ils ne sont pas reçus
par le patriarche, qui, malade d'émotion, est soigné par le
D
r
Nazareth Dagavarian. Le
kavass
du patriarcat est assommé
par les Turcs. A Perchembé-Bazar, deux portefaix arméniens de
Sivas, qui passaient courbés sous le poids de leur fardeau, sont
lâchement assassinés par une douzaine de turcs.
Le lendemain, le grand vézir Saïd Pacha est remplacé par
Kiamil Pacha. L'Agence Havas croit savoir que la chute de Saïd
Pacha serait due à son refus de se dessaisir de l'original d'une pièce
établissant que la responsabilité des derniers événements incombe
au Palais, où aurait été prise une grave décision contre l'avis de
la Porte. Les boucheries continuent dans les rues de la capitale.
Les Turcs tuent sept Arméniens dans un café d'Asma-Alti. A E t -
Meïdan, ils assassinent Hampartzoum, originaire de Mousch et un
des prisonniers politiques amnistiés par le Sultan. A Aïazma-
Gapou, ils assomment le changeur Simon et s'emparent de son
argent. A Tchatladi-Capou, ils coupent en petits morceaux un
charpentier arménien. A l'usine à gaz de Dolma-Baghtché, ils
massacrent vingt et un ouvriers arméno-catholiques. La police
envoie à l'hôpital de Yédi-Goulé les cadavres de cent six Armé–
niens, affreusement mutilés. Quelques-uns étaient couverts d'une
quarantaine de blessures.
Le 4 octobre, Mgr Izmirlian reçoit de Haskeuy un rapport
officiel l'informant que les Turcs y avaient tué trente-cinq Armé–
niens, sans compter vingt-cinq autres qui avaient disparu. Sa
Béati-
Fonds A.R.A.M