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du sang versé dans les rues de la capitale tombe en premier lieu
sur le major Servet Bey, aide de camp du ministre de la police.
Cet officier, à la tête d'une nombreuse gendarmerie, barre le
chemin à la procession, en criant : «
Yassah!
»
Un étudiant
arménien l u i demande de quel droit i l empêche le peuple de
remettre au ministère une pétition, Servet Bey le traite de giaour,
Tinsulte grossièrement et le frappe de son épée ; l'Arménien l u i
brûle la cervelle d'un coup de revolver. Là-dessus, les zaptiés et
les soldats attaquent avec furie les Arméniens, dont la plupart étaient
sans armes et font un affreux carnage. Une vingtaine de personnes
sont tuées de part et d^utre et une centaine blessées.
L'Agence Reuter rapporte que les gendarmes terrassaient les
Arméniens arrêtés, les désarmaient, les battaient et les garrot–
taient. Ces bandits en uniforme ont [tué à coups de gourdin cinq
Arméniens qu'ils avaient arrêtés. Huit Arméniens out été assas–
sinés dans la cour du Ministère de la police. Les softas, réunis
à At-Meïdan et armés de gourdins, ont lâchement massacré de
paisibles Arméniens qui n'avaient pris aucune part à la manifesta–
tion. Ces forcenés ont parcouru la nuit tous les quartiers de Stam–
boul et s'y sont livrés à une véritable chasse aux chrétiens, avec
l'encouragement tacite des autorités turques.
Réfugiés dans la cathédrale de Coum-Capou, deux cent soixante-
dix Arméniens reçoivent la communion pour se préparer à mourir,
comme à la veille de la bataille d'Avarair. Nazim Pacha, ministre
de la police, prie le patriarche de les renvoyer chez eux.
Mg r l I zmi r l i an envoie son secrétaire, M . Diran Kélékian, qui
exhorte^ les réfugiés à rentrer chez eux, en les informant que
le grand vézir leur donnait l'assurance qu'ils ne seraient pas
molestés. Les Arméniens s'écrient qu'ils ne croient pas aux p r o –
messes des massacreurs de Sassoun et passent la nuit dans la
cathédrale.
Le lendemain, 1
e r
octobre, la populace musulmane et des agents
de la police secrète, déguisés en softas, continuent le massacre.
Plus de cinquante Arméniens sont assommés à coups de gourdin.
Plusieurs portefaix sont affreusement mutilés. A Kassim-Pacha, des
bandes de voyous musulmans et de marins de l'escadre égorgent
Fonds A.R.A.M