obéir aux ordres. Aucune compassion n'a été témoignée, par les
soldats réguliers, pour l'âge n i le sexe, même lorsque leurs v i c t i –
mes tombaient à leurs pieds en les suppliant. Six à sept mille person–
nes ont trouvé un sort qu'à peine ont connu les âges les plus noirs
de l'Afrique barbare, car là, les femmes et les tendres enfants pou–
vaient au moins avoir la chance d'une vie d'esclavage, alors qu'ici,
la condition de la femme et l'innocence n'ont été qu'une cruelle
ironie jusqu'à ce que l'impitoyable luxure ait fini sa débauche en
frappant à mort par la baïonnette ; et de jeunes enfants ont été
empalés avec la même arme sur la poitrine de leurs mères mortes.
Dans une autre localité, 200 femmes, en pleurant et en se lamen–
tant, ont imploré merci, à genoux devant le commandant, mais ce
misérable buveur de sang a ordonné à ses soldats de les exterminer,
après les avoir violées. Ailleurs, 60 jeunes mariées et jeunes
filles s'étaient réfugiées dans une église et y ont été violées et égor–
gées, de sorte qu'on a vu du sang humain couler à flots par la porte
de l'église. Dans un autre endroit, un grand nombre de personnes,
guidées par leur prêtre, se sont jetées à leurs pieds pour crier
grâce en affirmant qu'elles n'avaient rien à faire avec les coupables,
mais tout cela a été inutile : elles ont été toutes tuées. Dans une
autre place, on a proposé à plusieurs parmi les plus jolies femmes
de changer de religion, pour échapper à la mort. Elles répondirent :
«
Pourquoi renier le Christ? Nous ne sommes pas meilleures que
ceux-ci (montrant du doigt les corps mutilés de leurs maris et de
leurs frères) ; tuez-nous aussi » , et on les a tuées. On s'est efforcé
de sauver la plus belle, mais elle a été disputée par trois ou quatre
et s'est affaissée comme ses sœurs. Pourquoi continuer cette t e r –
rible histoire ? I l doit y avoir au ciel un Dieu qui fera justice dans
toutes ces matières; sinon, quelques-uns parmi nous perdront leur
foi. On a envoyé sur les lieux un ou deux consuls pour ouvrir une
enquête. Le cas serait différent si, au lieu de Turcs, des chrétiens
avaient rapporté ces nouvelles dans la ville de Bitlis et la région
que j ' a i parcourue. Le magnat fait circuler à présent des pétitions et
tâche de forcer les chrétiens à les signer, pour exprimer leur satis–
faction de ce que justice a été faite aux rebelles et pour remercier
le roi et le magnat lui-même." I c i , à Bitlis, les chrétiens ne les signent
Fonds A.R.A.M