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Depuis dix-huit siècles, la sainte Église apostolique et orthodoxe
arménienne, résistant à toutes les persécutions et baignée dans le sang
de ses enfants martyrs, a glorifié en Asie l'Evangile et la sainte
croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; et pourtant, aux dernières
fêtes de Pâques, pendant que toutes les nations chrétiennes célé–
braient la glorieuse résurrection du Fils de Dieu, pour la première
fois dans le cours des siècles, les cérémonies et les cantiques de
louanges de l'Eglise chrétienne avaient cessé en Arménie et le suaire
d'une double mort, celle de l'âme, comme celle du corps, envelop–
pait les fidèles.
«
Les églises et les monastères dévastés et démolis ; la sainte croix
et le saint Evangile foulés aux pieds ; des chrétiens massacrés en
nombre effrayant avec leurs chefs religieux ; leurs femmes et leurs
enfants emmenés en esclavage par les bourreaux ; des milliers d'ha–
bitants convertis de force à l'islamisme et gardés sous une étroite
surveillance; parmi les survivants, les personnes notables ainsi que
les membres du clergé jetés en prison et soumis aux tortures ; tout
le pays terrorisé par la crainte de nouveaux massacres, décimé par
des épidémies et une misère qui défient toute description et sous le
coup d'une famine qui est imminente : telle est la situation de ce
peuple arménien que les grandes puissances européennes s'étaient
engagées à protéger contre l'oppression et les persécutions par un
acte international !
«
En les comparant avec les renseignements reçus ultérieurement,
les faits dévoilés dans la statistique, dressée par les soins des
ambassades et dans la liste des profanations et autres crimes de
même nature, que vous avez publiés dans la brochure susmentionnée,
restent encore^bien au-dessous de la sombre réalité... Cette liste ne
mentionne pas d'ailleurs, comme vous le faites remarquer, les souf–
frances endurées par nos nationaux du culte catholique, mais c'est
par l'unique raison que les informations y relatives ne nous avaient
pas été communiquées, tandis que nos nationaux protestants nous
mettaient régulièrement au courant de leur situation. »
B . H .
Fonds A.R.A.M