qui glace tous les cœurs d'épouvante:
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khiâvours, nous en
vou–
lons non plus
à
vos biens, mais à votre vie.
A ces mots on traîne une à une à ses pieds les victimes à immoler
et on les martyrise par mille tortures sans nom. La modestie des
lecteurs me fera grâce des horreurs indescriptibles réservées sur–
tout au sexe féminin
Les jeunes mères avant d'être égorgées
sont contraintes à écraser sous leurs pieds leurs petits enfants !
Ceux qui avaient cru trouver un réduit sûr dans la crypte de
l'église y ont été tous (au nombre de 500 environ) asphyxiés par le
charbon.
Cette affreuse boucherie, qui se poursuit en même temps dans les
autres parties de la ville dure trois jours !
Pendant tout ce temps, le gouverneur, pour ne pas gêner les
massacreurs par sa présence, avait eu le soin de s'absenter ; i l
était allé, sous prétexte d'affaires, au village de Seroudj.
Le troisième jour enfin arrive, vers midi, l'ordre supérieur de
cesser les massacres : mais le carnage continue jusqu'au soir.
Ce second massacre d'Orfa fut le plus sanglant de tous ceux qui
ont désolé l'Anatolie. Le nombre des victimes dépasse 9.000.
L'inhumation de tant de cadavres ayant offert des difficultés, les
autorités municipales avaient décidé de les faire incinérer à quel–
que distance de la ville, et ce sont les juifs de l'endroit qui furent
réquisitionnés pour traîner ignominieusement vers le bûcber les
corps horriblement mutilés des pauvres chrétiens.
Je rapporterai, en terminant ce récit, un triste épisode qui s'y
rattache, et que voici : L'évêque arménien grégorien d'Edesse, Mgr
Khoren Mekhitarian, témoin de l'extermination de ses ouailles,
envoie supplier les autorités de faire cesser les massacres en offrant
sa propre vie comme victime expiatoire; n'ayant pas réussi à flé–
chir la rage de ces forcenés, et fou de .douleur, i l s'ouvre lui-même
l'artère brachiale, puis i l envoie porter de nouveau ses supplications
à ces mêmes autorités en leur faisant dire que déjà son sang cou–
lait, qu'il se mourait, et qu'il les suppliait une dernière fois d'avoir
pitié de ce pauvre peuple arménien. Ces monstres toujours inflexi–
bles, au lieu de faire cesser le carnage, se contentent simplement
d'envoyer chez l'évêque le médecin delà municipalité, lequel s'em-
Fonds A.R.A.M