nitif aux chrétiens préalablement désarmés. C'est le 27 décembre
qui fut choisi.
Les mahométans voulaient commencer l'attaque générale dès le
matin de ce jour, mais le commandant militaire, pour sauver les
apparences, fait semblant de s'opposer à l'émeute et de veiller à la
tranquillité de la ville. Cependant, sur un signal convenu, plusieurs
détonations se font entendre ; les musulmans, chargés d'avance de
l'exécution de cette formalité, avaient tiré
à blanc
sur le comman–
dant: celui-ci furieux s'élance et donne à ses soldats l'ordre de
marcher sur les chrétiens.
En un clin d'œil les pauvres Arméniens sont assaillis de tous
côtés par les musulmans de la ville, les soldats de la garnison et
les tribus nomades conviées à ce régal. Les tueries se poursuivent
avec une rage infernale jusqu'à la tombée du jour, et voyant qu'elles
se ralentissaient sensiblement, la nuit venue, environ 500 chrétiens
courent se réfugier, à la faveur des ténèbres, dans l'enceinte de
l'église grégorienne. Les autorités turques voient là une occasion
propice de faire tomber ces pauvres chétiens dans un horrible guet-
apens, afin de les massacrer, non plus en détail, mais d'un seul
coup ! Elles lancent donc des crieurs publics dans les rues du quar–
tier chrétien pour inviter les Arméniens à se réfugier en hâte dans
cette même église afin d'y être en sûreté, car leurs maisons sont
menacées d'une attaque nocturne. Aussitôt hommes et femmes, j eu –
nes gens et vieillards se pressent vers l'enceinte sacrée qui devient
trop étroite pour contenir cette foule ; un grand nombre vont se
blottir jusque dans la crypte et le sous-sol de l'édifice.
Hélas! l'odieux et perfide complot des autorités ne tarde pas à
être connu, mais c'était déjà trop tard !
Vers trois heures du matin l'emblème de l'Islam en tête, la sinistre
procession des massacreurs fanatisés se dirige vers l'église, où le
mollah
procède à une cérémonie analogue à celle qui se fait chaque
année à la Mecque, lorsque le chef religieux des musulmans y offre
le sacrifice des holocaustes sur le mont Arafet!
Vêtu d'une longue tunique, i l prononce devant l'autel les paroles
symboliques de l'Ezan ; puis, mettant un genou par terre et bran–
dissant le glaive de sa main droite, i l s'écrie d'une voix farouche
Fonds A.R.A.M