LA TURQUIE NOUVELLE ET L'ANCIEN REGIME
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A n n e x e A .
Paroles de M. Joseph Denais à la manifestation des
Jeunes-Turcs, Arméniens et autres Ottomans — auxquels
s
,
étaient joints des Français et des Persans — pour rendre
hommage à la mémoire de Damad Mahmoud Pacha, au
cimetière musulman du Père-Lachaise, à Paris, le 23
août 1908, avant l'exhumation des restes du Grand Patriote.
•
M E S D A M E S ,
M E S S I E U B S ,
La confiance et l'amitié dont je fus honoré par Son Altesse Damad
Mahmoud pacha, pendant ses dernières années, celles de son exil
volontaire, de son apostolat et de son martyre, me font un devoir
d'apporter un dernier hommage à sa dépouille mortelle, confiée pour
quelques heures encore à ce petit coin de la terre de France.
Qui mérita mieux que lui le respect, l'admiration ? Bien rarement
l'histoire aura présenté cet exemple d'un grand de l'Empire, tenu par
sa situation personnelle à l'abri des calamités du pays et se montrant
assez généreux pour se décider à tout quitter, après avoir tout tenté,
afin de travailler au salut de ses compatriotes, trouvant jusqu'à la fin,
jusqu'à la mort, assez de forces, au milieu des tortures d'une maladie
implacable, pour repousser les tentations, pour chasser les tentateurs.
—
J'ai haï l'injustice, nous dit-il, en ses derniers temps, j'ai aimé
la liberté, j'ai servi la Patrie : voilà pourquoi je meurs en exil ! . . .
Cette grande bonté, cet amour des humbles, qui, avec la véracité
la plus sincère et l'intégrité la plus scrupuleuse, faisaient de sa per–
sonnalité une figure si sympathique, si supérieure, s'étaient plus d'une
fois manifestés dans sa carrière publique. Pendant son trop court
passage au Ministère de la Justice, ne Pavait-on pas vu refuser son
traitement, pour que les petits fonctionnaires pussent toucher leurs
subsides. Et, ce faisant, comme i l était loin des abus, que sa plume
satirique et sa parole vengeresse dénonçaient au mépris public.
Fonds A.R.A.M